Les cinq enfants les plus âgés de Charles 1er Stuart (1627) | | - Anton van Dyck |
AUTEURS
Nanou Auriol
Christian Bobin ****
Théodore Calbet *
ChatGTP
Andrée Chédid ****
François Cheng**
E.E. Cummings ***
André Dupleix **
Haïkus japonais ? **
Lise Durand
Marineta Mazoyer *
Didier Metenier
Catherine de Monpezat
Jacques Prévert *****
Philippe Sahuc
Patricia Soula et Tahar Ben Jelloun ****
Svante Svahnström
Présenté par
Nicole Sibille *
Catherine de Monpezat**
Didier Cummings ***
Agnès Laplaze ****
Svante Svahnström *****
NANOU AURIOL
En attente
………………………
CHRISTIAN BOBIN
J'ai été seul pendant deux mille ans – le temps de l'enfance. De cette solitude, personne n'est responsable. Je buvais du silence, je mangeais du ciel bleu. J'attendais. Entre le monde et moi il y avait un rempart sur lequel un ange montait la garde, tenant dans sa main gauche une fleur d'hortensia – une sorte de boule de neige bleue. Peut-on imaginer cela ?
in Prisonnier au Berceau
…………………….
Théodore CALBET (1862-1949)
Ma prumièra pichona classa (1946)
Ò mannada pichona classa
ont dintrègui per gai matin,
as gardat la melhora plaça
dans la trama de mon destin.
Una trentena de visatges
levant temidament los uèlhs,
semblavan me dire : « Sem satges
malgrat nòstre aire d’estornels.
« Quitam amb’ una granda pena
sabes, nòstras bonas mamans ;
aima-nos plan, pensant a la tièuna,
que de tu se languís al mas.
« Siagues per nosaus un grand fraire
atencionat al nòstre entorn ;
tacharem de plan te complaire
per que siagues content totjorn. »
Devinhant com’una caressa
dins lors clars agachs enfantins,
me soi sentit pres de tendresa
per aquels pichons diablotins.
A ton burèu prenguèri plaça
lo còr doçament esmaugut,
puèi, cada jorn, manada classa,
per tu mon amor a crescut.
Ma première petite classe
Ô charmante petite classe
où j’entrai par gai matin,
tu as gardé la meilleure place
dans la trame de mon destin.
Une trentaine de visages
levant timidement les yeux
semblaient dire « Som sages
malgré nos airs d’étourneaux.
« Laissons à grand peine
tu sais, nos bonnes mamans ;
aime-nous, pense à la tienne
qui de toi se languit au mas.
« Sois pour nous grand frère
attentionné envers nous ;
nous tâcherons de te complaire
pour te contenter toujours. »
Devinant comme une caresse
dans leur clair regard enfantin,
je me suis pris de tendresse
pour ces petits diablotins.
À ton bureau je pris place
le cœur doucement ému,
puis, chaque jour, jolie classe,
pour toi mon amour s’est accru.
…………………..
CHAT GPT
L’ENFANCE
L'enfance est un jardin plein de promesses, Où chaque jour est un nouveau trésor,
Un monde de jeux, d'aventures et de caresses,
Où les rires résonnent comme un tambour.
Les jours sans fin, les nuits sans sommeil, Les rêves éveillés, les pieds nus dans l'herbe, Les histoires lues ou racontées sans pareil, Et les yeux émerveillés devant l'horizon superbe.
L'enfance est le temps des espoirs fous, Des imaginaires débordants, des amitiés sincères, Des premières découvertes, des passions pour tout.
Mais hélas, le temps passe et l'on grandit, On se souvient alors avec tendresse et nostalgie, De ces années bénies qui jamais ne s'enfuient.
……………………..
ANDRÉE CHEDID (1920-2011),
REGARDER L’ENFANCE
Jusqu’aux bords de ta vie
Tu porteras ton enfance
Ses fables et ses larmes
Ses grelots et ses peurs
Tout au long de tes jours
Te précède ton enfance
Entravant ta marche
Ou te frayant chemin
Singulier et magique
L’œil de ton enfance
Qui détient à sa source
L’univers des regards.
in Épreuves du vivant, Ed. Flammarion, coll. Vieux fonds, poésie, 1983.
………………………..
FRANÇOIS CHENG
En attente
………………..
EDWARD EASLIN CUMMINGS
En hommage à i ici (à e.e.c.)
Nota bene :
e.e.c. (prononcer [ i ] [ i ] [si ]) -
initiales minuscules pour
Edouard Estling Cummings, poète américain (1894-1962)
who are you little i
(five or six years old)
peering from some high
window; at the gold
of november sunset
(and feeling that if day
has to become night
this is a beautiful way)
Edward Estlin Cummings, Op.citato, Dreams in the mirror,
Richard S. Kennedy, p.480, Liveright, 1980
Interprétation en français très personnelle de Didier Métenier
qui es-tu, petit i
(de cinq ou six ans d'âge)
qui contemples ébahi
à la haute fenêtre
le céleste spectacle
sous les ors automnales
d'un coucher de soleil
(percevant mieux ainsi
à l'affût de l'étoile
quand le jour devient nuit)
En anglais :
i ( « I » ainsi que le veut l'usage) – je
(traduction de DM)
………………..
DIDIER METENIER
qui est ce i ?
ce i ci
n'est qu'un i
ce i là
quant-à lui
est un je...
un drôle de je
un je multiple qui se singularise
et se personnifie...
En anglais :
i – je
…………….
qui est ce i ?
ce je n'est qu'un champ d'i...
un chandaï chamarré
univers des possibles
et des inexplorés
« je » propice aux semailles
à tout jeu de rimailles
et aux contes de fée...
En anglais :
i (prononcer [aï]) – je
…………………..
qui es-tu petit i
au plus vrai des entrailles ?
petit i qui es-tu ?
sur quelles drailles
me conduis-tu ?
intime vérité
et gage de sagesse
mon en-quête d'i
vresse
ma ligne d'inconduite
sans jamais renier
mon en-quête d'i
vrai
En anglais :
i (prononcer [aï]) – je
En occitan :
draille - chemin
…
qui es-tu petit i ?
(encore i ici !!!)
i ce n'est pas n'importe qui
i c'est toi
i c'est moi
i ce n'est pas n'importe quoi
ce « i »-ci n'est qu'un « i »
un i en devenir
en quête d'un autre i
qu'en est-il petit i
de tous tes rêves et de ta vie ?
qui est ce i ?
mais aussi
qui est ce « i » ?
qui est ce chevalier " Jedi "?
En anglais :
i (prononcer [aï]) – je
Jedi (prononcer [djedaï]) – valeureux personnage de Star Wars
……………
ANDRÉ DUPLEIX
En attente
………………..
LISE DURAND
LES ZÈBRES
Les zèbres ont des zébrures
Noires et blanches maman,
Les zèbres ont des zébrures
Aux contours attachants,
Les zèbres ont des zébrures
Dit le petit cheval,
Les zèbres ont des zébrures
Pourquoi pas moi maman ?
Publié en 1985
Presses de l’Imprimerie Gerbert
Aurillac (Cantal)
……
La savane se desséchait
Sous un beau soleil de mai.
La girafe dit au girafeau
Viens ici boire en peu d’eau.
Non de l’eau je n’en veux pas
Je veux de la barbe à papa.
Dans la savane la girafe chercha.
Il n’y avait pas de barbe à papa.
Le girafeau tout en sanglots
Ne voulut pas boire de l’eau.
La girafe était désespérée.
Elle aussi se mit à pleurer.
La savane était alarmée.
Mais le singe eut une idée.
Il prit la barbe de son papa
Et au girafeau la donna.
C’est depuis que les petits enfants
En mangeant de la barbe à papa
Rient avec de grands éclats.
Ils pensent au petit girafeau
Qui faillit mourir sans eau
Et au malin petit singe
Qui dans la savane en émoi
Inventa la barbe à papa.
Dans « Un bout de chemin »
Publié en 2020
Editions du Non Verbal / A.M.Bx
……
Le chamelon avait deux bosses
Le poil doux et les yeux très beaux
Le chamelon avait deux bosses
Et il croyait avoir tout faux.
Maman chameau n’était pas tendre
Pourtant elle aimait son petit
Et le chamelon à deux bosses
Trop souvent trouvait le temps gris.
Il rencontra dame grenouille
Qui lui dit mon petit garçon
Tu as une bien belle bouille
Et « deux bosses » veut dire deux dons.
Le chamelon comprit la tendresse
Qui émanait de ce discours
Dans son cœur comme une promesse
Dame grenouille planta l’amour.
Depuis le chamelon délaisse
Les dromadaires mal pourvues
Car il sait que sur sa planète
Deux bosses sont très bienvenues.
Dans « Un bout de chemin »
Publié en 2020
Editions du Non Verbal / A.M.Bx
…………………….
HAÏKUS
En attente
………………….
MARINETA MAZOYER
NE T’EN FAIS PAS FILLETTE …
Ne t’en fais pas fillette,
Tu seras grande un jour !
Tu veux t’habiller comme une petite dame,
Tu as envie de te parer,
Joue encore à la poupée !
Le temps viendra, le temps viendra !
Ne t’en fais pas fillette,
Tu seras grande un jour !
Tu te sens comme une petite femme,
Tu es à penser ou à pleurer,
Amuse-toi comme une fillette !
Dame tu te feras, dame tu te feras !
Ne t’en fais pas fillette,
Il s’épanouira l’amour un jour !
Tu désires qu’il t’aime jeune fille
Celui qui te fait battre le cœur,
Tu le voleras dans tes menottes,
Tu le serreras, le lieras fort !
Ne t’en fais pas fillette,
Tu dévideras ta vie un jour !
Tu veux brûler le temps qui passe,
Pour des jours et des jours égrener,
Profite de chaque année,
Tu n’as pas besoin de te presser !
Ne t’en fais pas fillette…
Tu vieilliras trop vite toujours !
MARINETA MAZOYER
(1940/)
PARAULAS DE HEMNAS (Reclams)
TE’N FAGUES PAS DROLLETA…
Te’n fagues pas drolleta,
Saràs granda un jorn !
Te vòls vestir coma dameta,
As enveja de te parar,
Jòga encara a la peteta !
Lo temps vendrà, lo temps vendrà !
Te’n fagues pas drolleta,
Vendràs bèla un jorn !
Te sentisses coma femneta,
Siás a pensar o a plorar,
Amusa-te coma drolleta !
Dòna te faràs, dòna te faràs !
Te’n fagues pas drolleta,
S’espelirà l’amor un jorn !
Desiras que t’aimes joventa,
Lo que te fa batre lo còr,
Lo raubaràs dins tas manetas,
Lo quicharàs, lo ligaràs fòrt !
Te’n fagues pas drolleta,
Debanaràs ta vida un jorn !
Vòles brutlar lo temps que passa,
Per de jorns e de jorns desgrunar,
Aprofecha de cada annada,
As pas besonh de te preissar !
Te’n fagues pas drolleta,
Vielheràs tròp lèu totjorn !
................................
MARINETA MAZOYER
(1940/)
PARAULAS DE HEMNAS (Reclams)
………………………
CATHERINE DE MONPEZAT
En attente
………….......
JACQUES PRÉVERT
LE CANCRE
Il dit non avec la tête
mais il dit oui avec le coeur
il dit oui à ce qu’il aime
il dit non au professeur
il est debout
on le questionne
et tous les problèmes sont posés
soudain le fou rire le prend
et il efface tout
les chiffres et les mots
les dates et les noms
les phrases et les pièges
et malgré les menaces du maître
sous les huées des enfants prodiges
avec les craies de toutes les couleurs
sur le tableau noir du malheur
il dessine le visage du bonheur.
…………………………….
PHILIPPE SAHUC
On l'a tant attendue,
certains jours,
quand on était enfant,
la neige...
Comme le sable incertain
des jours d'hiver,
la plage...
Parce que parfois
on en avait assez
des cubes et des pavés,
qui se ressemblent...
Parce qu'il fallait,
pour nous émerveiller,
ce que la main fait vivre,
ce qui change...
..........................
PATRICIA SOULA et TAHAR BEN JELLOUN
ENFANCE
La tentation de s’incliner devant l’enfance
Est une erreur enrobée de miel
L’homme s’y rêve
A l’ombre d’un arbre
Où la connaissance ne scinde rien
Ni bien ni mal
Il est l’enfant
Il est bon d’aimer l’enfance
Fragile équilibre de l’amour infini
Et de l’égoïsme tranchant
Parfois totalitaire
L’homme s’enivre de pureté
Et oscille le saccage
La bascule de l’innocence
Ainsi vit le père de l’homme
Devenu rat pour l’homme
Enterrant l’enfance et ses boniments
Son garant contre la mort
A l’envie
Respiré dévoré
Une caution
Avalée crue
Les grands assassins de l’humanité
Ont tous été des enfants
Funambules angéliques
De tant de drames annoncés
L’enfant ignore
Avant de s’abîmer dans la carrière
D’être soldat martyr indifférent
Que tout cela s’oeuvrait déjà en lui
Il reste suspendu
Un enfant qui sommeille
Comme le rêve qui a pris froid
D’un amour perdu.
Pont-Audemer, 24 septembre 2011
………………………….
SVANTE SVAHNSTRÖM
EXPLORATIONS OBLITÉRÉES
L’enfant voit un jour la lumière dans l’atmosphère
Désagréablement
après la moelleuse obscurité matricielle des trimestres passés
Dans une guimauve de chair laisse les doigts creuser des cratères
Suavement cramponne les lèvres autour d’un mamelon raidi
L’exaltante marche d’escargot de lèvres de parents sur sa joue
Délicieuses évacuations sans efforts sans précautions
suivies de l’inconfort suintant de couches-culottes collées aux cuisses
Mais les projections tièdes du sein devenu biberon consolent
Et puis les choses vont vite
et quand même pas tant
Foncer à quatre pattes
debout prendre le monde de haut
avancer plus vite encore sur dix orteils
maître de ses caps
Plus tard s’étonner de l’effervescence
autour de la première parole
prononcée sans conscience ni intention
Une phrase, dit-on, s’y accrochera
peu de semaines après
dans la colère par exemple
du refus de la douche
Et voici engagée un échange raisonné
Ni la révélation que sera la montée de l’escalier
en toute ignorance de l’enjeu
ni les vivats célébrant la maîtrise du sphincter
ne sauront incruster en l’enfant le souvenir d’un bonheur
Découvrir en maternelle que dur est le monde
se fait sans poussée des ecchymoses sur la mémoire
mais des visages d’amis peuvent s’incruster pour durer
Même ce jour entre pupitre et tableau noir
où ciel et terre s’ouvrent à lui
ce jour où l’enfant sait qu’il sait lire
est pour lui anodin
comme continuer le matin à beurrer les tartines
Dans une énergique indifférence
l’enfant change de peau
et chaque enfant ainsi mué colporte son répertoire d’oublis.