Sabine
Aussenac 11 juin 2020
Franc Bardou 11 juin 2020
Miloud Chabanne 11 juin 2020
Elsa Grave – présentée par Svante Svahnström 11 juin 2020
Didier Metenier 11 juin 2020
Catherine de Monpezat 11 juin 2020
Fernando
Pessoa - présenté par Maryse et Patrick Zemlianoy
11 juin 2020
Rainer
Maria Rilke – présenté par Maryse et Patrick Zemlianoy
11 juin 2020
Philippe Sahuc 11 juin 2020
Sabine Aussenac
Les platanes de la place Pinel
Il y a là des enfants et puis les hirondelles,
Au couchant trois grillons, les boulistes et l’Autan.
Les platanes résonnent en ronde et ritournelle :
De ma chambre observer canopée et mamans.
Quelques jours seulement que je vis en ce lieu,
Timide passagère des tilleuls et des roses,
Mais déjà il me semble y avoir mille aïeux ;
Arpentant les allées, je me sens toute chose.
Quand au kiosque j’esquisse un écho maladroit,
Il me semble vraiment être arrivée chez moi :
Bruissement des instants de cet été nouveau
Qui me porte en Garonne après tant d’écheveaux.
Place Pinel, me voilà : ta voisine en sourires.
Tu es comme une muse à mes rêves en délires.
**
Nos Noëls seventies
Lorsqu’aux temps d’autrefois nous allions à la messe,
Nos gros sabots aux pieds et le cœur à confesse,
Nous savions qu’en rentrant, les joues rosies de froid,
L’enfançon sourirait en sa crèche de bois.
Mais non, n’importe quoi ! Le divan explosait…
Un sous-pull à paillettes, et un sac au crochet !
Et puis l’électrophone, et un jean peau de pêche !
L’intégrale de Troyat, des vinyles de Delpech…
En pantalon pattes d’eph’, dans son costume orange,
Petit frère plongeait dans ses tas de légos.
Le sapin débordait sous de lourds cheveux d’ange,
A la télé heureuse nous admirions Clo-Clo.
Qu’ils étaient innocents, nos Noëls seventies,
Gouleyants de cadeaux en ces temps d’avant Crise.
**
Je tiens ta main comme un nuage
Tes mots si frais comme une averse
Et ton sourire qui me renverse
Tous ces parfums comme en printemps
Et cette pluie mêlée au vent
Mon ciel troué par l’improbable
Ce bleu soyeux presqu’impalpable
Et nos échanges aux tons lilas
Tes lettres en pluie sur mes combats
Il semble que ma terre inspire
Ces eaux nouvelles chargées de vie
Vois comme fleurs au vent se mirent
Toutes assoiffées gorgées d’envie
Il pleut nos mots en fines gouttes
Fouettant parterres ensommeillés
Et puis soudain le temps se voûte
En arc-en-ciel tout étonné
Comme un silence aux cent lumières
Tout enivré de nos clairières
Voilà qu’appelle le coucou
Frondeur comme un soleil tout fou
Fines senteurs perlent des roses
Et je déferle au gré des proses
T’offrant mes vers comme un avril
Ne nous égarons pas d’un fil
Marchons foulant l’herbe trop douce
Bandons les yeux à nos frimousses
Je tiens ta main comme un nuage
Je suis ta Dame aux mille pages
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Franc Bardou
Noncalença
Los vesèm, badant la lutz canda, trevant las carrièras per rire, se miralhant per las veirinas per çò que se creson voler, quand d’o aver val sola règla per anar condreit, cap al tèrme. Los vesèm, los veses, non veson que la lutz que lor tenh la cara d’òrbas miradas demembradas, noncalents, coma se tota aura bufava segon lors desirs, al grat de l’ambra d’aquel vèspre semenat d’aur e de tendresa, quand de luènh se sarra l’auratge.
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Insouciance
Nous les voyons dans la lumière, errant parmi les rues, pour rire, se miroitant dans les vitrines, à travers ce qu’ils croient vouloir, quand de l’avoir vaut seule règle pour aller bien droit jusqu’au terme. Nous les voyons qui ne voient rien que la lumière que les teint d’aveugles regards oubliés, insouciants, comme si les vents ne soufflaient que vers leurs désirs, au gré des tons chauds de ce soir parsemé d’or et de tendresse, tandis qu’au loin s’en vient l’orage.
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Miloud Chabane
L'amour
on
Je m'étale dans l'air du temps
comme courent les eaux de torrents
Pas le temps de pleurer
mon cœur est de gaieté
J'avale les jours avec appétit
Toutes les nuits le dessert est servi
J'atchoume de bonheur
depuis que j'ai croisé le cœur
d'une femme en fruit de ma passion
Comédienne joue la fille en pleurs
Alors j'accours
je bois ses pleurs
C'est la comédie du bonheur
que c'est chouette d'en être un acteur
Avec la rime avec le cœur
avec le rêve et la sueur... Miloud Chabane alias ouimiloud
……………………………………………
Svinborstnatt Svinborstnatt och kvalmig lukt i stian, suggan snarkar i sin dröm surnad mjölk och här och där
Svinborstnatt |
Nuit de soie de porc Nuit de soie de porc avec d’épais relents fétides dans l’étable la truie ronfle dans son rêve un rêve de doubles mentons et de crocs de verrat de lait caillé et ci et là une épluchure brunie de pomme de terre, au plus profond du rêve coulent des ruisseaux de lait tourné où un pan de la crème recèle encore le cadavre noir d’une mouche
Nuit de soie de porc et les longues oreilles de la truie agitent d’un frétillement la lutte patiente de l’air contre la puanteur rose et l’odeur molle et fluide Dehors la nuit se dresse bleue comme un commis d’étable dans des bleus tout neufs.
Nuit de soie de porc et cette graisseuse chaleur rouge clair saturée de gémissements de museaux ronds des museaux qui s’agitent qui cherchent qui tâtonnent souvent ils dénichent un déchet moisi au milieu du rêve de lait rance en torrent, tout au fond se trouve toujours noyée quelque friandise pourrie
Nuit de soie de porc, oh, sur le cours de lait avarié flotte peut-être quelque soie jaunâtre sera dévorée peut-être par la truie même qui l’a perdue se fiche dans sa gorge -
Nuit de soie de porc avec d’épais relents fétides dans l’étable la truie dort dans son coin rêvant des rêves délayés de lait caillé chauds come du bouillon - peut-être tout au fond se trouve quelque vieille friandise noyée ? |
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Didier Metenier
mélodies de libre cour...
sous l'ébat-jour
des hirondelles
vive l'intense gazouillis...
le roucou
rrrou...
des tourterelles
le piaillement
des étourneaux...
cacophonie de ritournelles
vivent tous ces gouzis-gouzis...
météo
rites du
printemps
soyons aussi à notre tour
des artisans du grand
free
son
soyons présents au
rendez-vous
écoutons les oiseaux
rimons au diapason
unissons-nous
pour ce bel
uni(que)
son
mélodies libre(s) cours
les free-songs des beaux jours !!!
En anglais :
free (prononcer « fri ») - libre
free-song – mélodie au libre-cours
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Catherine de Monpezat
"Amuse gueule limerick en vacances cérébrales!?
Confinement aménagé :
" A vélo je m'en vais vite à Limerick
Avec grand contentement
et petit épuisement
Sans masque et confinement
Au coin coincée suis menacée par les flics"
"Que fait l'Ingénue sans génie, courroucée
Coucou! Prends ses jambes à son cou suspendues
Virevolte à deux-roues et turlututu
Chapeau pointu, paille au c.. en Liberté:
Pied de nez à la Société macronnée "
J'ai voulu faire un Limerick
Sans queue ni tête
Et ça m'embête
mais je m'entête
avec des couac avec des hic!
Mais quoi? est ce ainsi honorer
le thème de l’Insouciance
en mon âme et en conscience
Je m'en fout je m'en balance!
et ça me plaît ! ...de vous choquer!
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Fernando Pessoa
Suis ta destinée,
Arrose les plantes,
Aime les roses.
Le reste est l’ombre
D’arbres étrangers.
La réalité
Est toujours plus ou moins
Que ce que nous voulons.
Nous seuls sommes toujours
Égaux à nous-mêmes.
Vivre seul est doux,
Vivre simplement,
Toujours, est noble et grand,
Sur les autels, en ex-voto
Pour les dieux, laisse la douleur.
Regarde la vie de loin.
Ne l’interroge jamais.
Elle ne peut rien
Te dire. La réponse
Est au-delà des dieux.
Mais sereinement
Imite l’Olympe
Au fond de ton cœur.
Les dieux sont dieux
Parce qu’ils ne se pensent pas.
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Rainer Maria Rilke
Tu ne dois pas chercher
Tu ne dois pas chercher à comprendre la vie,
elle sera dès lors pour toi comme une fête.
Laisse chaque jour te combler
comme un enfant qui passe
se voit comblé de fleurs
par chaque brise.
Il ne lui vient pas à l’esprit
de les ramasser ni de les garder.
Doucement de sa chevelure,
tendre prison, il les enlève,
et à ses chères jeunes années
il tend les mains pour avoir d’autres fleurs
………………………………………………
Philippe Sahuc
Elle s’en balance
bale, balaŋ, balontaŋ
D’un tel jeu de ballon
Elle s’en tape
tap, tap, tap…
Mais aucune pression pour menacer le bouchon !
Puispshshshshs
s’insoucie
sein sous si comme bémol à la clé !
Whatever ?
Ouate et vert ?
Coton tendre,
si vous voulez…
Et après ?
Sans baffe, bof…
Inutile de biffer…
ni de bisser…
ni de lisser...
Et laissez de grâce
consonner
en vie au long !
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Svante Svahnström
Les herbes folles ont pris racine dans la gencive des siècles
et la Creuse ne se presse pas
serre ses crocs en silence
Le rocher qui se tend est un menton violet
qui offre sa barbe oublieuse aux sommeils de bruyère
Les ruines des Lusignan sont sans défense
Des fortifications restent seules des dents creuses
La rage du front des fois a cessé de meurtrir cette mâchoire
et le calcaire n’est plus croqué dans le méandre
Indéfiniment prête à déglutir
la falaise agite avec la langue
les dernières molaires
destinées à la dissolution dans les sucs des tubes confluents
Nature gourmande
repue à Crozant
Le château de Crozant est situé au confluent de la Creuse et de la Sédelle
in Hocus Corpus, 2009
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