Didier Metenier 11 juin 2020
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FRANCIS PORNON
Après-midi Axe équidistant entre les lourdes nuits Ou d’estuaires ultramarins
Extrait de Midi, in Par-delà le grand fleuve 2011
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Traduction : FRANC BARDOU
Après-miègjorn Ais eqüidistant entre las nuèits pesugas
Extrait de Mègjorn, in Per-enlà lo flume grand – 2011 Traduccion amistosa a l’occitan de Franc Bardòu |
DIDIER METENIER
ô Toulouse...
terre d'accueil
terre d'exil
terre du con
final !!!
ô toulousains...
où que vous soyez
présentement con
finés...
et nous le sommes tous !!!
ô toulousains...
d'où que vous soyez
d'ici ou de là-bas...
toulousains du transfert
toulousains en transit
toulousains de Paris
de New York ou d'ailleurs...
toulousains par naissance
toulousains d'attirance
toulousains d'adoption
ou toulousains de cœur...
avec ou sans
par trans-continement
l'apaisante présence
de l'amie de toujours
toi Garonne Océane
notre Etoile de Mère
toi qui nous manques tant...
fichu temps que ce temps
du grand con
finement con !!!
je nous sens à présent
(comme tout con
finé)
aussi cons
in fine
mais plus que jamais
toulousains con !
En latin :
Et Toulouse est amour...
Quand les rues où miroite un airbus en écho
Batifolent en rugby ou éclatent de joie,
Le Capitole chante, un ténor aux cent voix,
Pour ces siècles mémoire aux images joyaux.
Les briques déployées nous empourprent de vie
Et Garonne se pâme, femme belle et joyeuse,
Comme un sillon fertile vers des vallées heureuses.
Au Canal enjoué la mer nous éblouit,
Alliée au soleil des langueurs océanes,
Ses platanes en une arche déployée comme une âme.
Saint-Sernin en boussole des passés éternels
Accueille les couchants en corail de lumière,
Et Toulouse jubile et Toulouse est si fière
Et Toulouse est amour, liberté et appel.
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Soudain, les cigales
Soudain, les cigales.
La route de la mer serpentait vers les bleus.
Cézanne, ouvre-toi !
Garrigue frissonnait en femme amoureuse,
thyms et serpolets guidaient
vers les isthmes.
Mare nostrum. Phocéenne, grecque, andalouse :
ma Méditerranée
un delta du monde.
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FRANC BARDOU
Occitania
Comba entre quatre carns de flamba inamorçabla, Tant de temps dins l’escur de las albas sense anma Te cerquèri, perdut, alas sense uèlhs d’aucèl, Tant de temps escampat coma al cèl l’estelada, Cristalizat d’esglai cara a l’immensitat D’unes devenirs derisòris. Comba de solitud esclairada d’aucèls, D’uèlhs al cèl, a l’estrada, Cadun s’i sap sense cap nom ni començar, Cadun s'i sap perdon, mas a pro pena obèrts, Los pòts te vòlon dire, a pro pena se pèrd, Quatre rius de lagremas, quatre rebats d’orguèlh Per quatre enterraments, desalenats d’alada E mòrt a ta memòria.
Extrait de Nocturnal d’errança (2017, Tròba Vox)
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Occitanie
Combe entre quatre chairs de flamme inextinguible, Tant de temps dans le noir des aubes inanimées T’ai-je cherchée, perdu, ailes sans yeux d’oiseau, Tant de temps répandu comme au ciel les étoiles, Cristallisé d’effroi face à l’immensité De destinées si dérisoires. Combe de solitude que les oiseaux éclairent, Regards au ciel, cherchant les signes, Chacun s’y sait sans nom, sans mot, sans origine, Chacun s’y sait pardon, mais juste à peine ouverte La bouche veut te dire, aussitôt se perd-elle, Quatre fleuves de larmes, quatre reflets d’orgueil Pour quatre enterrements, souffle coupé de vol Et mort à ta mémoire.
Extrait de Cahier nocturne d’errance (2017-Tròba Vox |
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TOLOSENC
Quelques instants hors du rose
Cinq mois après la mue
ce plaisir de sentir à nouveau ton ventre tendu
contre mes plantes
Ah Paris !
Avant je flottais un peu
sous ta peau XL bien large pour moi
me perdais parfois entre
quelques parts de ton corps
Ta peau je l’ai troquée maintenant
pour une cape moins large
Taille quatre seulement certes
C’est à une vie un brin rétrécie qu’elle invite
mais tellement moelleuse
Je me love dans ses valeurs
leialtat fiseltat et paratge
et me sens quasiment troubadour
loyal et fidèle chevalier noble de cœur
Je m’imprègne
Comme pendant les quarante ans
sous-cutanées en toi
rien n’y manque tout y est
Du côté des saints c’est
du gothique du roman
du romain du romantique
Etienne Raymond Ursule et Sernin
Des façades se froissent en géométries ornementées
ponctuées de postures humaines minérales
Points d’exclamations muraux
Sous la terre des rails
où s’ouvre une tanière illuminée
à chaque estaciou benento
Sous le ciel des rails
échappés du Palais de Justice
des lignes de fuite
en cavale vers les pistes où décollent les ailes en métal
Les faux pas cruels de l’Histoire
se nichent encore intacts dans la mémoire
de cette terre qui n’oublie pas
la geste héroïque d’icônes de droiture
Un filet frais permanent dévale sa poitrine
comme les deux qui rincent ses omoplates
Garonne Midi Brienne
Je consomme de tout comme sous ton derme
et palpe la poésie dans sa caverne du Taur
Ah Toulouse !
Quel bonheur cette nouvelle peau sur mes épaules
Quand elle me serre les bras
je vois la ville en rose
Sous les yeux de la Belle Paule et Dame Tholose
j’adhère à la brique
Quel délice mon ancien habitacle
de te frôler quelques instants une fois encore
Mais je retiens ici la coubibencio
Dans ma nouvelle vie c’est par « Merci, au revoir »
à la descente de l’autobus
que nous prenons congé du machiniste
et après mon « Merci »
c’est « Avec plaisir »
que concluent les lèvres derrière le comptoir
avec un accent de cailloux qui roulent en torrent
Néanmoins longeant les rues du Païs d’Oc
des gens qui parlent patés
c’est surtout francimandeja
ces résonances du nord de la Loire
que j’entends au Pays d’Oc
Sous cette peau plus menue
mes efforts sont moindres pour m’en aller onduler
avec les câlins des courbes occitanes
Déployer ses bras suffirait à la ciutat
pour tremper les doigts dans deux eaux salées
Anglet pour l’annulaire
Argelès pour l’autre auriculaire
Une puce me prendrait sur ses épaules
deux sauts me suffiraient
pour dominer le Pic du Géant
qu’assaillent en escalade les sardanes
secouant sous leurs rebonds.
le torse de l’Espagne
Je mue comme je l’ai dit
En lenteur
Dans le sillage de la cité première
où les Volques prospéraient
à la numéro quatre de la République
je m’immerge en suave glissade
afin de bientôt me voir
bientôt me dire
entier Tolosenc
Novembre 2017, avec un clin d’œil respectueux aux grands Edith et Claude
Leialtat - loyauté
Fiseltat - fidélité
Paratge - noblesse de cœur
Saint Etienne – cathédrale gothique de Toulouse
Saint Raymond – musée des Antiques romaines de Toulouse
Sainte Ursule – rue pittoresque du centre historique
Saint Sernin – basilique romane
Estaciou benento – prononciation occitane d’« estacion venenta » : « Prochaine station »
3 cours d’eau :
Garonne- le fleuve qui traverse Toulouse
Midi(du) et Brienne(de) – canaux traversant Toulouse
La Cave Poésie est située rue du Taur
La Belle Paule – peinture dans la Salle des Illustres du Capitole représentant Paule de Viguierie, qui en raison de sa beauté aurait été nommée ainsi à l’âge de 15 ans par François Ier
Dame Tholose – statue au sommet de la colonne place Dupuy, représentant la renommée
Coubibencio – prononciation occitane de « convivencia » : convivialité
Patés – dénomination en occitan du parler local
Francimandeja – en occitan, parler le français du nord de la Loire, s’écrit « francimandejar »
Sardane – une danse traditionnelle catalane
Volques – les Volques Tectosages étaient les premiers habitants de Toulouse
Ciutat - cité, ville, ville forte
Tolosenc – Toulousain en occitan
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