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Léda - Edmond de Labrador |
AUTEURS
Paul Éluard *
Anonyme – Carmina Burana *
Franc Bardòu
Pierrick de Chermont *
Francis Coffinet *
Yannick Girouard *
Jean-François Hérouard
Martin Luther King Jr. *
Souad Labbize *
Didier Metenier
Jean-Luc Sigaux *
Erik Johan Stagnelius *
Svante Svahnström
*Présenté par Svante Svahnström
PAUL ÉLUARD
LÉDA DANS SON PREMIER SOMMEIL
Je dormais couchée sur le ventre
J’avais conscience de mon ventre
Le ciel pesant coulait en moi
Par mille graines de blé vif
Par mille oiseaux exténués
Et qui se cachent pour mourir.
*
Le bruit l’odeur le feu venait fermer leurs ailes
Dans ma gorge écrasée dans le puits de mes mains
Le feu le froid l’azur rassemblaient mes épaules
La verdure tremblait dans mon sang prisonnier
J’étouffais de soleil j’étais noyée d’air pur
L’abus du cœur et de la chair m’anéantit.
*
Bientôt je limitai le ciel je me fermai
Profonde je souffris de la boue et des pierres
Tout encombrée de mes racines infinies
Je retrouvai le dur labeur de mon passé
Ma cécité mon ignorance de l’espace
L’inavouable progrès des murs multipliés.
*
Mes beaux yeux séparés du monde
Où sont les morts suis-je vivante
Je voudrais répéter le monde
Et non plus être ombre d’une ombre
Mes beaux yeux rendez-moi visible
Je ne veux pas finir en moi
Léda, 1949
……………………………..
ANONYME - CARMINA BURANA TEMPUS EST IOCUNDUM Tempus
est iocundum , Oh, oh ,oh , Novus, novus amor Tempore
brumali
https://www.paroles-musique.com/traduction-Carmina_Burana-Tempus_Est_Iocundum-lyrics,t171778 |
Le
temps est joyeux, Un
nouvel, nouvel amour
Traduction par : cki
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FRANC BARDOU
…Mais je puis tout au moins te faire parvenir ce curieux poème, construit en dialogue à deux voix, un dialogue imaginé entre Pèire Authié, l'un des dernies cathares connus, et Guilhem Bélibaste, le tout dernier cathare occitan connu, le dernier consolé brûlé par l'église catholique.
Les cathares prétendaient que le désir était la porte de l'enfer, c'est à dire du monde dans lequel nous sommes. Mais tout paradoxalement, le tout dernier cathare a vécu l'amour humain avec une compagne qu'il a aimé fidèlement. Et comme tous les poètes, peu ou prou, j'adore les paradoxes !
Voici donc une "tençon", une forme de dialogue versifié à la médiévale occitane, pour le Gué Semoir, bien amicalement.
per Carlos
Simião*
« Lo projècte del Jèsus de l’Evangèli de Joan, es que l’òme aprenga a venir liure. E la libertat de l’òme ven de çò qu’apren aagir per amor, non per obligacion. »
Pacôme Thiellement (nascut 1975) in La victòria dels Sense Rei
Cronicas demiurgicas — 80
que çò que sèm es bufèc,
que’t pausa mans subre l’uèlh.
diga-me qué me cal
crèire.
me pòt menar sense’m pèrdre per l’abís de solitud
de poténcia o de flaquesa ;
tot çò de qu’òm s’i apodera
de lo que vòl s’apodera.
quand alèu es d’o quitar.
— Pèire, se bon es de pèrdre tot desir, d’abandonar
tot çò van, per la vertat :
servir çò que va presat.
que nos pòrta a non
tornar
qu’es la vida dins lo
mond
sonque Amor te pòt guidar !
l’infèrn e lo paradís,
se pel plaser d’abraçar,
e non pòdi mièlhs amar
Poèma extrait de Cronicas Demiurgicas, Editions Tròba Vox, n°25, 26 & 27, Monseret, 2020.
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per Carlos Simião* in memoriam
« Le projet du Jésus de l’Evangile de Jean, c’est que l’homme apprenne à devenir libre. Et la liberté de l’homme vient de ce qu’il apprend à agir par amour, nonpar obligation. »
Pacôme Thiellement (né
en 1975)
Chroniques démiurgiques — 80
que ce qu’on est
n’est que vent,
posant ses mains sur nos yeux.
dis-moi ce que je
dois croire.
me guidant, mais sans me perdre, au gouffre des
solitudes,
tu ne dois croire,
jamais,
de faiblesse ou de puissance ;
finit par t’y
posséder. l’aleu est d’y renoncer.
— Pierre, s’il est bon de perdre tout désir, d’abandonner nos bien pour ne
plus renaître dans ce monde plein de haine,
vanité pour vérité : servir ce qui vaut vraiment.
qui nous porte, sans retour à cette obscure misère
qu’est de vivre dans ce monde où nous enferme la chair diabolique de
l’erreur. Amour seul peut te guider !
l’enfer et le
paradis,
— Guillaume à qui
bien suffit,
si pour le plaisir d’aimer tu oublies tout ton salut.
et je ne peux mieux aimer que j’aime d’Amour
ma dame.
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……………………………………………………
PIERRICK DE CHERMONT
De la prière, nul chemin,
Où l’esprit ne s’embrase.
Mon appétit rien ne le comble
j’ai faim de Dieu
La pierre en nos bâtisses
oublie les fleurs l’ayant reçue
Le neuf est rongé d’ombre
l’esprit s’abreuve d’un lait de nuit mièvre
Pain et travail fondent entre nos doigts
j’ai faim et frappe au verrou
Nos âmes sous le joug des railleurs
portent plus de larmes que de plaisir
Les contenir mon cri
s’effiloche aux pieds de la clairière
Donne-moi l’entrain de la poulie
la fonction du carré la chimère
J’aboucherai ma lèvre au néant
renverserai le feu des promesses – pour toi
Pour ta parole effleurant la mienne
mon âme je la piétinerais
In Des citronniers et une abeille
……………………………………………
FRANCIS COFFINET
Le soir tu t’endors en moi
forme incluse dans la forme
falaise de la jambe contre falaise de la jambe,
aqueduc de fluides connectés.
Je parle à rebours
j’enroule la prière autour de son axe
Féerie dans le sens
je travaille la substance même du désir.
Je capture la lumière dans ton œil
je la serre dans mon poing
et je l’extrais de toi.
In Je suis allé au souffre natif
………………………………..
YANNICK GIROUARD
Le corps de notre louange
Nue debout et de dos
orante tes mains aux paumes ouvertes
tu es lys dont la turgescente tige
t’a pénétrée toi-même
et tes plis sont les marques
de secret redressement
- pour quelle étreinte
de tes courbes exquises ?
Rient tes lombaires fossettes
et la fleur éclot autour du cher visage
dans l’accord parfait.
Le cuivre de tes cuisses
les bois de tes rondeurs
les cordes de ton buste
la musicale amphore
dont tes mains sont les anses
verse ses ondes parfumées
sur les cicatrices du Ressuscité.
In Tout feu tout âme
………………………………….
JEAN-FRANÇOIS HÉROUARD
PRÉLUDES
Sous son grand front bombé
l’amande de sa paupière
enclôt la nacre
où luit la perle noire de son iris.
Le sourire de ses dents impeccables
chante le triomphe de l’amour su.
Quant à son chignon sage
il n’attend que ma main
pour laisser cascader
sa chevelure odorante.
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MARTIN LUTHER KING Jr.
I have a dream that one day this nation will rise up and live out the true meaning of its creed:
"We hold these truths to be self-evident, that all men are created equal."
I have a dream that one day on the red hills of Georgia, the sons of former slaves and the sons of former slave owners will be able to sit down together at the table of brotherhood.
I have a dream that one day even the state of Mississippi, a state sweltering with the heat of injustice, sweltering with the heat of oppression, will be transformed into an oasis of freedom and justice.
I have a dream that my four little children will one day live in a nation where they will not be judged by the color of their skin but by the content of their character.
I have a dream today!
I have a dream that one day, down in Alabama, with its vicious racists, with its governor having his lips dripping with the words of "interposition" and "nullification" -- one day right there in Alabama little black boys and black girls will be able to join hands with little white boys and white girls as sisters and brothers.
I have a dream today!
I have a dream that one day every valley shall be exalted, and every hill and mountain shall be made low, the rough places will be made plain, and the crooked places will be made straight; "and the glory of the Lord shall be revealed and all flesh shall see it together."2
This is our hope, and this is the faith that I go back to the South with.
With this faith, we will be able to hew out of the mountain of despair a stone of hope. With this faith, we will be able to transform the jangling discords of our nation into a beautiful symphony of brotherhood. With this faith, we will be able to work together, to pray together, to struggle together, to go to jail together, to stand up for freedom together, knowing that we will be free one day.
And this will be the day -- this will be the day when all of God's children will be able to sing with new meaning:
My country 'tis of thee, sweet land of liberty, of thee I sing. Land where my fathers died, land of the Pilgrim's pride, From every mountainside, let freedom ring!
And if America is to be a great nation, this must become true.
And so let freedom ring from the prodigious hilltops of New Hampshire.
Let freedom ring from the mighty mountains of New York.
Let freedom ring from the heightening Alleghenies of Pennsylvania.
Let freedom ring from the snow-capped Rockies of Colorado.
Let freedom ring from the curvaceous slopes of California.
But not only that:
Let freedom ring from Stone Mountain of Georgia.
Let freedom ring from Lookout Mountain of Tennessee.
Let freedom ring from every hill and molehill of Mississippi.
From every mountainside, let freedom ring.
And when this happens, and when we allow freedom ring, when we let it ring from every village and every hamlet, from every state and every city, we will be able to speed up that day when all of God's children, black men and white men, Jews and Gentiles, Protestants and Catholics, will be able to join hands and sing in the words of the old Negro spiritual:
Free at last! Free at last!
Thank God Almighty, we are free at last!
......................................
SOUAD LABBIZE
Te voici proche
du bouton discret
angle mort
de ma géologie intime
tu fouilles mes territoires caverneux
ma peau rempart docile
à ta bouc offerte
ta langue aqueduc
achemine l’eau rare
gouttes précieuses
stalactites
illuminent la pente
vers la plaine du repos
bientôt l’une de nous
atteindra le sommet
de la via ferrata
balisée par l’autre
me voici proche
de la délivrance
ma voix agrippée
à la rampe brîlante
de l’ultime échelon
une lueur éclaire
un sol de stalagmites
In Brouillons amoureux
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DIDIER METENIER
Titillement... POUR LE POEME
sus
citer
les mots
sus
citer
l'envie
solliciter
l'éveil...
solliciter
l'esprit
solliciter
les sens
incluso
titiller
l'olf
actif
interpeler
l'essence...
lui donner
tout son sens
En espagnol :
incluso – y compris
………………
caprices de brune
caprices de star
éclipse de lune
complice de bar
…………
de port
en port
de train
en train
de val
en val
de ville
en ville
au temps jadis
de val
en
tin
sans co
lombine
de port
en port
de train
en train
de ville
en ville
le souffle court
c’est val
en
tin
et…
ces belles mains
ce si long cou
sa bonne mine
un rien mutine
c’est val
en
tine ! ! !
………………………………….
JEAN-LUC SIGAUX (1951 - 2017)
Les digitales brûlent
Les renoncules sont déchaînées
elles partent à l’assaut des tours de verre et de fer
L’enfer miroite chez l’Andalouse
quand les bouffées de flamencos
attaquent le brasier bleu crépitant à leur droite
Mon esprit divague parmi les cuisses de la danse
Mais d’un seul coup le chêne royal se déssèche
car l’aire martelée est maudite
La plus jeune paraît brisant les giclées d’accords
qui joue d’une harpe noire
c’est un Alléluia où passent les cyprès froissés
blanchis de lune quand la piste monte à l’assaut des récifs
célestes
où désormais je demeure
in La brûlure du merle
………………………………
ERIK JOHAN STAGNELIUS 1793-1823
À LA PUTRÉFACTION
Putréfaction, hâte-toi, ô, Fiancée bien aimée,
Prépare notre couche solitaire !
Renié par les hommes et renié par Dieu,
Tu es mon seul espoir.
Vite, dressez la chambre ! Et que le noir brancard
Mène vers ta demeure un amant qi soupire.
Que notre lit nuptial soit prêt – afin que le printemps
Vienne y répandre des œillets
Presse tendrement ton sein sur mon corps si las
Étouffe d’une étreinte ma douleur !
Que ma tête et mes sens en vermine s’en aillent,
Et en cendres mon cœur ardent.
Prodigue fiancée ! La dote que tu m’apportes,
C’est la terre entière, c’est toute la verdure !
Ici je souffre, mais en bas, chez toi, je connaîtrai
Le bonheur !
Vêtus de noir seront ceux qui nous conduiront
Vers la grande Luxure à la moite douceur.
Notre chant nuptial sera un glas d’airain,
Un rideau de verdure enfin nous cachera.
Et lorsque la tempête ravagera les mers,
Que l’horreur règnera sur la terre sanglante,
Et que les forces déchaînées s’affronteront
Nous dormirons tous deux d’un sommeil d’or.
Traduction Jean-Clarence Lambert
………………………………..
SVANTE SVAHNSTRÖM
Pourquoi le sang ?
Le cœur s’abreuverait-il
de gros rouge seulement ?
Certes, l’inertie du cérumen
la dispersion des sueurs
plaident pour une solide matière mobile
Mais, guetteur sur un bolide
l’adrénaline en course éclair
se jette aussi sur le tarmac du cœur
Ainsi, où les vaisseaux confluent
les Viennes et les Aostes
oreillettes et ventricules
reçoivent l’inondation croisée
avec un zest d’oxygène
Et ça cogne
quand le désir et la peur
s’engagent en combat sous le thorax
Le sang est là
in Navigateur au sommet du vide
.................................
Ce jour sous l’hyperboloïde
règne une bonne humeur
Les tangentes filent entre rayons pileux
Un large sourire perpendiculaire
part du pubis
La salive s’épaissit
sur le palais qui concupisce
L’Euclide heuristique
décrète le tore partagé
Une sucrerie patatoïde s’ingère sans faim
Sous la pression cylindrique
le théorème s’extrait goutte à goutte
in Navigateur au sommet du vide
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