vendredi 20 octobre 2023

TEMPS

Le Temps selon Dalì - OMNES-BLOG
Le temps - Salvador Dalì

 

 

 

                                                             AUTEURS

Nanou Auriol
Baghavad Gitâ
Jean-Michel Baleynaud
Barnard Barocas
Pierre Béarn
Marie-Agnès Cerisier
E.E. Cummings
Lise Durand
Émmanuel Golfin
Antonio Machado
Didier Metenier
Catherine de Monpezat
Jacques Prévert
Arthur Rimbaud
Paul Valéry
Boris Vian
Svante Svahnström





NANOU AURIOL

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BHAGAVAD GIT  Inde  ~ 300 avant J.-C.


Quand on sait que, pour Brahmâ, un jour a la durée
de quatre cent trente-deux millions de journées,
et qu'une nuit a la durée
de quatre cent trente-deux millions de nuits,
on connaît le jour et la nuit.
/…/
Le temps exact où l'être détaché, une fois disparu,
ne reprend plus de forme,
ou en reprend une autre,
ce temps, ô Arjuna,
je vais te l'indiquer.

Le feu, la lumière, le jour, la quinzaine claire,
les six mois où le soleil va au nord,
c'est le temps où, une fois disparus,
vont à la Conscience
ceux qui connaissent la Conscience.

Fumée, nuit, quinzaine sombre,
les six mois où le soleil va au sud,
c'est le temps où l'être détaché,
qui a atteint la lune et sa lumière,
s'incarne encore dans une forme.

Ces deux voies, la claire et l'obscure,
sont les deux dimensions permanentes du monde.
L'une conduit à l'absence de forme
et l'autre, à une forme.

C'est en connaissant ces deux voies qu'un être détaché
ne connaît pas le trouble, Arjuna.
Aussi, à chaque instant, Arjuna,
demeure détaché.

Ce qui, à propos de Védas, des sacrifices, des efforts,
et des aumônes,
est désigné comme le fruit du bien,
cela, un être détaché le dépasse
car il connaît la réalité tout entière,
et gagne alors le suprême séjour,
présent dès l'origine.

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JEAN-MICHEL BALEYNAUD

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BERNARD BAROCAS

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PIERRE BÉARN

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MARIE-AGNÈS CERISIER

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E.E. CUMMINGS 

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LISE DURAND

Monsieur Einstein
Tu avais tort
Le temps existe
Et tu es mort.
Monsieur Einstein
Tu avais raison
Vive la quatrième
Dimension.
Monsieur Einstein
Et monsieur Freud
Pourquoi la guerre
Et le malheur.
Le temps, le temps
Demain je meurs…
                                      
Toulouse le 31 octobre 2023

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ÉMMANUEL GOLFIN

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ANTONIO MACHADO

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DIDIER METENIER

le tic tac n'est qu'un tic...
ou un toc
tic tac exemple :
tac...
passé de trois fois tic
drôle de perception
et drôle de tac tic
le temps des horloges
est un temps erra
tic
rien à nos yeux n'est plus énigma
tic
que le simple tic tic
que le tic toc du temps
un tic tac par seconde
oui mais au bout du compte
qu'en est-il donc des heures...
qui durent moins que des secondes ?
et des instants à tes côtés...
qui ont parfum d'éternité ???

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le temps
l'imperceptible
l'évanescent
un tic antique
et persistant
communément
suivi d'un tac
à chaque instant
grain du passé
fruit du futur
fleur du présent

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CATHERINE DE MONPEZAT

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JACQUES PRÉVERT

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ARTHUR RIMBAUD

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PAUL VALÉRY

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BORIS VIAN

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SVANTE SVAHNSTRÖM







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SVANTE SVAHNSTRÖM

Le temps tapote avec une cuillère à café
sur la table de l’infinitude
L’existence est monotone au firmament
Tous ces soleils qui gémissent puis s’éteignent
sans répit
Mille par clin d’oeil
Vies insignifiantes et victoires en microscope
dans les couronnes rafraîchies des corps fondants
Il s’agit d’errements sans intérêt
Dans les organes internes du vide
le temps est un serviteur de temple
las du grand écart permanent
 

VIN

Nature morte au verre de vin - Centre Pompidou
Nature morte au verre de vin - Émile Othon Friesz


AUTEURS

 

Abou Noues *

Apollinaire **

Nanou Auriol

Charles Baudelaire ***

Saïd Benjelloun

Joan Bodon *********

Lise Durand *****

Khalil Gibran *********

Peire Godolin *****

Ossip Mandelstam ******

Didier Metenier

Mohand ********

Catherine de Monpezat

Hentri de Monpezat *****

Émille Nelligan ****

Pablo Neruda ***

Casimir Prat

Svante Svahnström

 

Présenté par:

Saïd Benjelloun *

Didier Metenier **

Casimir Prat ***

Catherine de Monpezat ***

Agnès Laplaze ****

Nanou Auriol *****

Nicole/Jean Sibille ******

Vincent Calvet  *******

Francis Pornon ********

Svante Svahnström *********


 




 ABU NOUES

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APOLLINAIRE


                              Nuit rhénane

Mon verre est plein d'un vin tremblant comme une flamme
Ecoutez la chanson lente d'un batelier
Qui raconte avoir vu sous la lule sept femmes
Tordre leurs cheveux verts et longs jusqu'à leurs pieds.

Debout, chantez plus fort en dansant une ronde
Que je n'entende plus le chant du batelier
Et mettez près de moi toutes les filles blondes
Au regard immobile. aux nattes repliées.

Le Rhin, le Rhin est ivre où les vignes se mirent
Tout l'or des nuits tombe en tremblant s'y refléter
La voix chante toujours à en râle-mourir
Ces fées aux cheveux longs qui enchantent l'été.

Mon verre s'est brisé comme un éclat de rire.

 Alcools, 1913 

Notons bien qu'il manque le dernier vers qui a dû voler en éclats... un peu comme le verre qu'il tenait à la main de façon assez tremblotante : ce "vin tremblant comme une flamme" ... un vin dès lors perçu comme la flamme vacillante d'une bougie!! / DM

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NANOU AURIOL

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CHARLES BAUDELAIRE

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SAîD BENJELLOUN

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JOAN BODON

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VINCENT CALVET

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LISE DURAND

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KHALIL GIBRAN

LE PROPHÈTE

Alors un vieil homme, tenancier d’une auberge,

dit : “Parle-nous du Manger et du Boire”.

Et il répondit :

 

“Si seulement vous pouviez vivre

des senteurs de la terre,

et telle une plante vous

sustenter de lumière.

 

Mais comme vous devez tuer pour manger,

et ravir au nouveau-né le lait de sa mère

pour étancher votre soif,

 

faites-en donc un acte de dévotion,

Et que votre table soit un autel sur lequel le pur

et l’innocent de la forêt et de la plaine

sont sacrifiés pour ce qui est encore plus pur

et plus innocent en l’homme.

 

Lorsque vous tuez une bête,

dites-lui en votre coeur :

“Par la même puissance qui t’immole,

je serai immolé ;

et moi aussi je serai avalé.

Car la loi qui t’a livrée à moi me remettra

entre des mains plus puissantes.

 

Ton sang et mon sang

ne sont rien d’autre que la sève

qui nourrit l’arbre céleste”.

 

Et lorsque vous croquez une pomme,

apaisez ses morsures par ces murmures de votre coeur :

“Ta chair vivra dans mon corps,

et les bourgeons de tes lendemains

fleuriront dans mon coeur,

ton effluve sera mon souffle,

et ensemble nous nous réjouiront

dans la ronde des saisons”.

 

A l’automne, quand vous cueillez

le raisin de vos vignes pour le pressoir,

dites dans votre coeur :

“Moi aussi, je suis une vigne

et mon fruit sera cueilli pour le pressoir,

et pareil au vin nouveau je serai gardé

dans d’éternelles jarres.”

 

Et en hiver, lorsque vous tirez le vin,

que s’élève en votre coeur un chant pour chaque verre ;

Et que résonne dans chaque note

une pensée pour les jours des vendanges,

pour la vigne, et pour le pressoir.”

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PEIRE GODOLIN

Autra cançon de taula

Aquò’s de tot se rabir
De forrupar fòrça vin ;
Les flacs e marfondits
No’n prenen que dos dits

Qui sap s’aqueste vin doman s’acabarà
O se s’escaudurarà ?
Begam doncas tot uèi en rostolant le veire (1)
Qu’anuèit avèm troneire.

En despitant de la uèit
Jamai non pèqui lo lièit ;
Als confinhs les plus trums
Èi les uèlhs totis lums.

Le quart e les tres uchaus (2)
Me convidan al repaus ;
Tanben la sòm me pren
Dinquia que le jorn ven

De penche non me cal pas
Ni de tenir le pel ras ;
Le monard qu’es aquí
M’espiuga le bequin (3)

Damb un parrabast pel sòl
Non me chauti de lençòl,
E puèi tot alongat
N’ausi ni rat ni gat.

Pèire Godolin (1580-1649)

1 Rostolar signifie passer le rouleau sur une mesure de grain pour l’araser.

2 Deux mesures de liquide.

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Cansoneta

Tu m’as tractat uèi, Camarada ;
Grandmercés, que plaser m’as fait ;
Mès non me dones plus de lait
Sonque d’aquela que m’agrada, (4)
Damb que fan chauchòlas al grilh
E que se mols per un dosilh.

Qui me fa servir la troëta,
Le lop, la sòla, le salmon,
Satisfa pauc a mon umor
Se n’èi doas sardas de groleta (5)
Que, sense còrda ni polin, (6)
Me fan enchaiar fòrça vin. (7)

A part, lampresas e lauquetas !
Le gai sauret fa per nosaus ;
Non li tiram pas les denauts,
Si fasèm ben las agulhetas ; (8)
A peçugs ne fasèm gentet
Dinquia que vudam le quartet. (9)

Pèire Godolin (1580-1649)


4 Féminin classique pour « lait », de même que la sal, la sang, la mèl.

5 Plat maigre de carême, en comparaison des riches poissons énumérés..., mais le sel donne soif.

6 Instrument de levée pour mettre au chai les barriques venant par charriot ou gabarres sur la Garonne. Dejà Rabelais dit : « Par le poulain, on descend le vin en cave ; par le jambon, à l’estomac (Gargantua,1, V).

7 Par métonymie, le vins en chai correspond à celui que boit le maître de maison.

8 Jeu de mot avec « aiguillettes », à la fois partie décorative des hauts-de-chausses et filets de poisson.

9 Mesure de liquide, ici pris pour le vin lui-même.

 

 Autre chanson de table

Voilà mon ravissement
Siroter beaucoup de vin ;
Faibles et morfondus
N’en prennent que deux doigts.

Qui sait si notre vin demain s’achèvera
Ou bien s’il tournera ?
Buvons tout aujourd’hui, tenons le verre plein
Ce soir l’orage éclate.

En dépit de la nuit noire
Je retrouve bien mon lit ;
Dans les coins les plus sombres
Mes yeux sont des lampions.

La chopine et le cruchon
M’ont invité au repos ;
Aussi le sommeil me prend
Jusqu’au lever du soleil.

Le peigne, je n’en veux pas,
Ni couper mes cheveux ras ;
L’ivresse qui m’acompagne
Épucera mon bonnet.

Patatras ! tombé du lit,
Peu m’importe avoir des draps,
Étendu de tout mon long
Je n’entends ni rat ni chat

    Pierre Goudouli (1580-1649)

3 Image d’Épinal du singe épuçant un autre singe. Ici, le monard est le singe, symbole de la monina, l’ivresse dure.

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 Chansonette

Tu m’as régalé, Camarade ;
Grand merci, tu m’as fait plaisir ;
Mais ne me donne plus de lait
Si ce n’est celui qui me plait,
Dont on fait la soupe aux grillons
Et que l’on trait au robinet.

Qui me sert à table la truite,
Le loup, la sole, le saumon
Satisfait très peu ma passion ;
Je veux deux sardines salées
Qui, sans la corde et le traineau
Me font encaver bien du vin

Je ne veux ni lamproies ni loches !
Le hareng saur nous va très bien ;
Nous n’ôtons pas ses hauts-de-chausses,
Mais prélevons les aiguillettes ;
Par pincées nous les dégustons
Jusqu’à épuiser le cruchon.

    Pierre Goudouli (1580-1649)
 

 

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OSSIP MANDELSTAM

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DIDIER METENIER

ainsi disait grand-mère :
(in vino veritas)
« Le vin est une nourriture...
donnez-moi-z-en un doigt... »

voilà paroles sages
car qui sait vivre boit
et qui boira
verra !!!

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MOHAND

Maintenant, car c'était écrit dans mon destin
Je subis la misère, la boisson
Mais à qui me blame Dieu enverra les mêmes maux

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CATHERINE DE MONPEZAT

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HENRI DE MONPEZAT

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ÉMILE NELLIGAN

La romance du vin

Tout se mêle en un vif éclat de gaîté verte.
Ô le beau soir de mai ! Tous les oiseaux en chœur,
Ainsi que les espoirs naguères à mon cœur,
Modulent leur prélude à ma croisée ouverte.
 
Ô le beau soir de mai ! le joyeux soir de mai !
Un orgue au loin éclate en froides mélopées ;
Et les rayons, ainsi que de pourpres épées,
Percent le cœur du jour qui se meurt parfumé.
 
Je suis gai ! je suis gai ! Dans le cristal qui chante,
Verse, verse le vin ! verse encore et toujours,
Que je puisse oublier la tristesse des jours,
Dans le dédain que j’ai de la foule méchante !
 
Je suis gai ! je suis gai ! Vive le vin et l’Art !...
J’ai le rêve de faire aussi des vers célèbres,
Des vers qui gémiront les musiques funèbres
Des vents d’automne au loin passant dans le brouillard.
 
C’est le règne du rire amer et de la rage
De se savoir poète et l’objet du mépris,
De se savoir un cœur et de n’être compris
Que par le clair de lune et les grands soirs d’orage !
 
Femmes ! je bois à vous qui riez du chemin
Où l’Idéal m’appelle en ouvrant ses bras roses ;
Je bois à vous surtout, hommes aux fronts moroses
Qui dédaignez ma vie et repoussez ma main !
 
Pendant que tout l’azur s’étoile dans la gloire,
Et qu’un hymne s’entonne au renouveau doré,
Sur le jour expirant je n’ai donc pas pleuré,
Moi qui marche à tâtons dans ma jeunesse noire !
 
Je suis gai ! je suis gai ! Vive le soir de mai !
Je suis follement gai, sans être pourtant ivre !...
Serait-ce que je suis enfin heureux de vivre ;
Enfin mon cœur est-il guéri d’avoir aimé ?
 
Les cloches ont chanté ; le vent du soir odore...
Et pendant que le vin ruisselle à joyeux flots,
Je suis si gai, si gai, dans mon rire sonore,
Oh ! si gai, que j’ai peur d’éclater en sanglots !
 

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CASIMIR PRAT

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PAUL VERLAINE

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SVANTE SVAHNSTRÖM


Même quand il pleut
les mains sont partout
escaladent les collines
suivent les sillons des vallées
parcourent des pelouses privées
palpent avec doigté les pellicules
Le bec mordillant du sécateur les seconde
La terre est chair en alerte
 
Les pieds s’exercent au surplace
paradent au soleil par myriades impavides
vers l’eau qui coule entre côtes
où les terrasses se bombent en thorax
Les ampoules sont charnues et sucrées sous l’uniforme vert
Revient la saison du rite
On attend la scarification d’automne
la lame qui libère du poids des pulpes opulentes
Rien ne se perd
et les gouttes onctueuses se recueillent sous pression
La chair est terre en attente
 
La bouche est un lac fermenté
où se mirent les cirrus en voyage
Sous l’empire des tannins
les mains et l’homme sont sans retenue
et l’ivresse inonde le désir
Les coteaux palpitent
Dans les vallées s’annonce la crue
et les rivières sont blanches
les rivières sont rouges
Près de l’homme la femme est vigne
La terre est pulsion
Le vin entend la chair