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Naissance de Vénus - Sandro Botticelli |
AUTEURS
Guillaume Apollinaire *
Thibaut Bois
Maurice Carême **
ChatGPT **
E.E. Cummings ***
Lise Durand
Ephrem **
Gaudete **
Didier Metenier
Catherine de Monpezat
Moon Chung-hee**
Louisa Paulin ****
Roland Pecout ****
Marie Poirier *****
Puer natus est **
Philippe Sahuc
Celine Varenne **
Svante Svahnström
Présenté par
Thibaut Bois *
Svante Svahnström **
Didier Metenier ***
Jean Sibille ****
Nanou Auriol *****
GUILLAUME APOLLINAIRE
Les Sapins
Les sapins en bonnets pointus
De longues robes revêtus
Comme des astrologues
Saluent leurs frères abattus
Les bateaux qui sur le Rhin voguent
Dans les sept arts endoctrinés
Par les vieux sapins leurs aînés
Qui sont de grands poètes
Ils se savent prédestinés
À briller plus que des planètes
À briller doucement changés
En étoiles et enneigés
Aux Noëls bienheureuses
Fêtes des sapins ensongés
Aux longues branches langoureuses
Les sapins beaux musiciens
Chantent des noëls anciens
Au vent des soirs d’automne
Ou bien graves magiciens
Incantent le ciel quand il tonne
Des rangées de blancs chérubins
Remplacent l’hiver les sapins
Et balancent leurs ailes
L’été ce sont de grands rabbins
Ou bien de vieilles demoiselles
Sapins médecins divaguants
Ils vont offrant leurs bons onguents
Quand la montagne accouche
De temps en temps sous l’ouragan
Un vieux sapin geint et se couche
Rhénanes, Alcools, 1913
………………..
THIBAUT BOIS
Lauréat du 2e prix du concours de Poésie en Liberté 2023, catégorie Apprentis de France
La Baleine et le Papillon
De la surface de l’onde émergea une Baleine,
Envieuse du vol léger que Monsieur Papillon
Travaillait alors, sous la courbe de l’horizon
D’où, sans vagues apparentes, elle lui confia sa peine :
« Chanceux que vous êtes, pas gracile, allure princière,
Vous ornez buis et forêts, dansant entre les airs
Tant et si bien que Psyché se pare de vos ailes –
– Charmante que la femme d’Éros. Vous faites la part belle,
À ma finesse. Triste regard donc, que vous portâtes
Quant à votre grandeur, somme toute, inégalée.
Entendons-nous bien, du Japon jusqu’aux Carpates,
Nulle créature se peut, être à vous, comparée !
Assurément – Vaine est ma grandeur, invisible
Alors sous les mers. J’en suis l’éternelle captive.
Fuie des marins, haïe des conteurs, bien risible
Ce serait de l’encenser. N’est pas âme qui vive,
Des rivages de la Grèce aux contrées scandinaves,
Aimant croiser mon sillage. Fléau d’Andromède,
Seul se plaît-on à entendre, mon chant des plus graves,
Plainte de ma condition – Par ma vie, qu’on vous aide
À reconnaître votre éclat. Votre personne importe
Tant qu’aucun courant, par sa force, ne vous dévie.
Suffit-il que bâille Zéphyr, sans feintes, ni cohortes,
Suis-je pourfendu, balayé, jusqu’en Bolivie.
Sans rire, ô impératrice ! Vous êtes sans pareille ! »
Le cétacé ne l’entendit de cette oreille.
Apprenons chacun à reconnaître notre valeur,
Plutôt que louer celle des autres. Éloges inutiles
Sont autant de vanités, flouant le bonheur,
Tout comme la vérité. Aucun homme n’est une île.
………………..
MAURICE CARÊME (1899-1978)
Dieu choisit les yeux noirs d’un bœuf pour refléter cette nuit-là
« À la veille de temps si neufs,
Qui nous dira jamais pourquoi
Dieu choisit les yeux noirs d’un bœuf
Pour refléter, cette nuit-là,
Dans l’ombre chaude de l’étable,
Son fils plus doré qu’un retable,
La Vierge encor tout étonnée
De n’être plus abandonnée,
Saint Joseph qui n’en revient pas
De voir auprès de lui des rois
Et ces bergers, debout, naïfs,
Pareils à une rangée d’ifs
Et l’âne priant à genoux
Et répétant : « Pitié pour nous,
Les bêtes qui, hélas ! Ne sommes
Que des parias parmi les hommes. »
Ainsi soit-il.
http://site-catholique.fr/index.php?post/Poeme-de-Maurice-Careme
…………………….
CHAT GPT
Un quatrain
Dans le doux berceau du matin étoilé,
Une naissance, un miracle, un hymne chanté.
L'aube tisse un fil d'espoir étincelant,
Un nouveau voyage, un destin naissant.
…………………….
E.E. CUMMINGS
En version française, pour les trois poèmes, interprétation d’inspiration libre par Didier Metenier
blossoming are people... |
que s'épanouissent les toutunchacun...
un en mouvement sont crépuscule |
……………….
LISE DURAND
Sorti du ventre de ta mère
Tes parents furent bien déçus
Grande fut leur déconvenue
Même si tu fus désiré
Tu n'étais pas l'enfant rêvé.
Pourtant
On t'a aimé quand même
Un jour ta mère te l'a dit
Tu en restas tout interdit.
Tu n'étais pas l'enfant rêvé
Ton père un jour t'a poignardé
En te disant ces mots glacés :
Une femme avant m'a plu
Mais ta mère était cossue.
Tu n'étais pas l'enfant rêvé
Heureusement pour toi petit
Un jour tu as bien compris
Que la naissance ce n'est rien
Juste le début du chemin
Et que chaque matin on renaît
Si on a la chance de penser.
Tu n'étais pas l'enfant rêvé...
Toulouse le 12 novembre 2023
……
Stendhal, Einstein
Freud, Galilée, Newton
Et bien d'autres
Dont j'oublie le nom
Comment fut
Votre naissance
Et votre vie ?
Certains vous envient
Mais
Ce fut probablement
Pas facile
De vivre et d'exister
De mettre en cause
Les idées bien nées.
Mais est-ce facile
De naître
A Tombouctou
Ou à Paris
Puisque toujours
Il faut renaître
Lorsque l'on veut
Vivre sa vie.
Toulouse le 12 novembre 2023
…….
Les poètes
Un jour sont nés
On ne sait pas pourquoi
Tu crois savoir
Un peu comment.
La mère de Rimbaud
N’était pas très tendre
Les mères parfois
Sont trop maternantes.
Les poètes
Un jour sont nés
Pour le bonheur
Des pauvres, des tristes
Des mal aimés
Et de tous les cinglés.
Les poètes…
Toulouse le 16 novembre 2023
……………….
EPHREM LE SYRIEN (306 environ – 373)
Le Seigneur vint en elle pour se faire serviteur.
Le Verbe vint en elle
pour se taire dans son sein.
La foudre vint en elle
pour ne faire aucun bruit.
Le pasteur vint en elle
et voici l'Agneau né, qui pleure sans bruit.
Car le sein de Marie
a renversé les rôles :
Celui qui créa toutes choses
est entré en possession de celles-ci, mais pauvre.
Le Très-Haut vint en Elle (Marie),
mais il y entra humble.
La splendeur vint en elle,
mais revêtue de vêtements humbles.
Celui qui dispense toutes choses
connut la faim.
Celui qui étanche la soif de chacun
connut la soif.
Nu et dépouillé il naquit d'elle,
lui qui revêt (de beauté) toutes choses
https://www.prixm.org/articles/nativite-poeme-chant-art
……………..
GAUDETE
Gaudete, gaudete Christos est natus |
Réjouis-toi, réjouis-toi, le Christ est né
|
………………………..
DIDIER METENIER
ii
a
la
ci
me
et
en
pet
i
te
so
ci
été
plus
près de
(s) rêves
et
des é
toi
les
où ils sont
nés
……
ex
plosive croissance
prémisses d'é
closion
nous voilà propulsés
aux confins d'entre-nous...
vers l'autre vérité
un nouveau nous
qui dit
son immédiateté
affirme un à présent
ici et maintenant
en sursis d'infini...
en voie d'éternité...
à e.e.c
…..
la présente explosivité
(double épanouissement
d'une simple éclosion)
de l'entre-nous
en expansion
i
mpacte et finalise
i
ci et maintenant
une ii
(enti)té commune
par delà les frontières
de l'espace et du temps
…………………………
CATHERINE DE MONPEZAT
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MOON CHUNG-hee
Cordon ombilical
Le siège de la salle d’accouchement à l’hôpital
universitaire avait une forme de Y
Telle une bête pleine
qui ne peut s’enfuir nulle part
les deux jambes écartées je me suis couchée face au ciel
Ne dites pas que c’est un moment sacré
L’effroi aigu
qui fait chavirer le ciel
Les cris ont éclaté entre les dents
La chair crue s’est déchirée sous le fer chauffé à blanc
Enfin
je fus séparée de mon intérieur
Une vie et une autre se formèrent
Ces deux vies étaient reliées par
un long cordon ombilical
que les ciseaux terrestres ne pouvaient pas couper
Le cordon originel
et le plus ancien de la terre
Un mot qui est plus sûr et plus durable que celui-ci
on ne pourra plus en créer à l’échelle de l’homme
Quelques temps après
comme un saint retourné à la vie séculière
une mère avec son petit
est sorti titubant
de la salle d’accouchement imprégnée de l’odeur de sang
Celle qui mangeait du riz froid, Éd. Bruno Doucey
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LOUISA PAULIN (1888-1944)
Á L’AUBE ......... Berceuse pour le petit garçon |
A L’ALBA
.......
Breçairòla pel nene |
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ROLAND PECOUT (1949-2023)
Nous avons
décidé d’avoir raison. Dépouillés
de tout |
Avèm decidit
d’aver rason. Despolhats de tot puèi qu'avèm decidit
Édicions « 4 Vertats », Ardouane, Hérault (1969)
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MARIE POIRIER
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PUER NATUS EST
Puer natus est nobis, et filius datus est nobis: |
Un enfant nous est né et un fils nous a été donné : Chantez le chant nouveau au Seigneur : Un enfant nous est né et un fils nous a été donné : Le Seigneur l'a fait savoir à son salutaire : Un enfant nous est né et un fils nous a été donné : |
…………………
PHILIPPE SAHUC
Wulu1
Hou loup !
Dès qu’il se montre,
le jeu va pouvoir naître…
Lèvres tendues, le don du Babel est proche…
Wulu
peut-être même Ouh lou lou ont alors dit les grands,
les unes, blanches mouches2, continuant de gésir,
l’un se mettant à vagir
sitôt né.
Nàisser3, nàisser auraient-ils pu dire encore,
pour inviter la vie nouvelle à circuler…
Wulu,
simple à dire,
wulu,
pas simple à faire à la deuxième fois
mais qui permet de savourer
wulu, wulu,
redoublé fait danse
souple
à se glisser
dans l’en-vie d’après…
Bien sûr, après, ça peut se dire en anglais.
Mais là, jamais dans la joie brute du faire,
c’est tout de suite déjà né4.
1 Naître, en mandinka ; se prononce [wulu]
2 Traduction de l’occitan moscas blancas, façon de désigner les flocons de neige
3 Naître en occitan ; se prononce [naisɛ]
4 Allusion à l’usage actuel de la langue anglaise de traduire naître par to be born
(Philippe Sahuc Saüc, 6/12/2023)
…………………….
CÉLINE VARENNE (1924-2011)
Le coffre sans serrure
...... J’enfante
dans le calice de ma chair
le fœtus avide boit mon sang
dans mes tempes
son sang vient battre
murmure de la mer
et son vacarme
l’amnios secrète mon océan
ses tumultes
ses obscures interrogations
et suis
avec fracas
qu’importe tous les boomerangs
jusqu’à la gorge
cogne le cœur de mon enfant
que je suis la seule à entendre
pose la main sur
cette terre promise
entends le chant de ma chair
entre l’enfant et moi
neuf mois de passion brute
et d’envies carnassières
Chair de ma chair renaît
le nouveau-né
celui qui vit
celui qui est
le fruit de l’homme
se fait d’amour
semence d’une seule voix en mille
dans le ventre de la baleine
Jonas danse Dieu !
Lors j’expulse le placenta
je perds mon petit et ses langes
béance
dépossession
ombre géante
arbre de croix
pourquoi mon sexe ouvert ?......
in Le coffre sans serrure, éd. Collection Club des Poètes
…………………..
SVANTE SVAHNSTRÖM
Ma maison perchée se balance
dans la respiration pensive du paysage
et se reflète dans le repos du miroir mouillé
où se croisent les coureurs à six pieds
et les promeneurs des profondeurs en apnée
Avec contorsions précautionneuses
je m’extrais de ma demeure
Derrière moi chuchotent les parois
qui s’affaissent en un froissement fragile
J’étends mes jambes
me sèche au soleil et sens la lumière traverser
l’un après l’autre mes quatre bras diaphanes
Je lutte contre le vertige du vide
m’étire et déploie mes bras
vrombis sur ma tige et m’arrache aux roseaux du
marécage
in J’adhère à la brique