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La place Wilson "Le Lafayette" - Georges Castex 1860-1943 |
AUTEURS
Claude Nougaro
Franc Bardòu
Saïd Benjelloun
Claudine Candat
Chat GPT
Michel Cosem
Lise Durand
Andrea Genovese
Didier Metenier I
Francis Pornon
Philippe Sahuc
Christian Saint-Paul
Svante Svahnström
Didier Metenier II
CLAUDE NOUGARO
Qu'il est loin mon pays, qu'il est loin
Parfois au fond de moi se raniment
L'eau verte du canal du Midi
Et la brique rouge des Minimes
O mon païs, ô Toulouse, ô Toulouse
Je reprends l'avenue vers l'école
Mon cartable est bourré de coups de poing
Ici, si tu cognes, tu gagnes
Ici, même les mémés aiment la castagne
O mon païs, ô Toulouse
Un torrent de cailloux roule dans ton accent
Ta violence bouillone jusque dans tes violettes
On se traite de con à peine qu'on se traite
Il y a de l'orage dans l'air et pourtant
L'église St-Sernin illumine le soir
D'une fleur de corail que le soleil arrose
Une fleur de corail que le soleil arrose
C'est peut-être pour ça malgré ton rouge et noir
C'est peut-être pour ça qu'on te dit Ville Rose
Je revois ton pavé, ô ma cité gasconne
Ton trottoir éventré sur les tuyaux du gaz
Est-ce l'Espagne en toi qui pousse un peu sa corne
Ou serait-ce dans tes tripes une bulle de jazz ?
Voici le Capitole, j'y arrête mes pas
Les tenors enrhumés tremblaient sous leurs ventouses
J'entends encore l'écho de la voix de papa
C'était en ce temps-là mon seul chanteur de blues
Aujourd'hui, tes buildings grimpent haut
A Blagnac, tes avions sont plus beaux
Si l'un me ramène sur cette ville
Pourrai-je encore y revoir ma pincée de tuiles
O mon païs, ô Toulouse, ô Toulouse
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FRANC BARDÒU
« Et puis voici un petit aperçu du recueil « toulousain » (à paraître pour la fin 2025 chez TròbaVox) qui s’intitulera sans doute « Los set astres de son tornar / Les sept astres de son retour »), un poème évoquant mon quartier d’enfance toulousaine «
« Dissoudre, c’est désagréger le sens des mots : la dissolution est synonyme de confusion. Lorsque tous les repères ont été détruits, lorsque plus rien ne fait sens et que le brouillard est total, il devient impossible de comprendre et de résister. Le faux n’est plus un moment du vrai, c’est un mode de gouvernement, une stratégie de domination. » Pierre Douillard-Lefèvre
À l’heure des loups - nocturnes clairvoyances — 15 Quelqu’un tape à la porte où tu n’as plus d’adresse, |
« Dissòlver, aquò es desagregar lo sens dels mots : la dissolucion es
sinonime de confusion. Quand tot repaire es estat abausat, quand res mai
non fa sens e qu’es totala la nebla, ven impossible de compréner e de resistir. Çò fals non es mai un moment de çò verai, es un mòde de governament, une estrategia de dominacion. »
A l’ora dels lops - nocturnalas clarvesenças — 15 |
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CLAUDINE CANDAT
TOULOUSE
Quel train m’a ramenée dans ma ville lointaine ?
Quelle chanson de rose au-dessus des collines
Déchire la brume du Nord ?
Je sais que sa musique a la couleur du soir
Quand le soleil s’effrite dans les mains des nuages
Comme un fruit à la pulpe de sang,
Je sais que sa musique a la couleur des cris
Des oiseaux qu’un rayon transperce de lumière,
Que ses toits mendient l’haleine de l’Autan
Quand la chaleur se couche sur leurs plages de tuiles,
L’Autan chargé d’épices, d’embrun et de folie.
Quelle clameur sauvage au-dessus de ma ville
Couvre la tristesse du Nord ?
C’est le sang des Cathares qui éclabousse tes murs,
Toulouse, que tu sois basilique, Capitole ou masure !
La colère a trouvé son miroir dans sa brique
Et jusque dans ton fleuve son écume de rage.
Quelle clameur de rage au-dessus de ma ville !
Est-ce toi qu’on étrangle, Toulouse,
D’avions en mal de nuages enlacés à ton ciel
Ou d’immeubles blafards crachant sur ta virginité
De déesse où le rose et le rouge complètent
Cette blessure d’or qui saigne entre tes murs ?
La solitude amère est une fleur ardente
Que tu piques en riant au cœur des mal aimés.
Et pourtant tes tours et tes clochers s’étreignent
Et dansent sous l’éclat sauvage de ton ciel
Mille sarabandes d’amour et de violence.
La solitude ardente est la fleur des révoltes,
Il est temps qu’un pavé en fasse la récolte,
Cette fleur rouge aura aux tempes des douleurs
La douceur éclatante du canal du Midi
Au noir glacé des gares et au sang des maisons.
Toulouse, forêt vierge de tours, de clochers et de rires,
Laisse-moi ton soleil pour incendier mes jours
De la magie brûlante de ton destin tragique,
Laisse-moi reposer sur tes coussins de tuiles
Et m’égarer longtemps dans le lit de tes rues
Pour dire l’avenir fouetté de vent d’Autan
A tes îles promises aux morsures du sang.
……………..
LE BUS DE L’UNIVERSITÉ
Il est des bus au front blafard et gris
Où s’égrènent des noms qui ont l’accent du Midi,
La douceur de l’Anjou, la rocaille des mers.
Il en est pourtant un qui sillonne Toulouse
Affichant à son front une terne rosace
Dans ce temple où défilent les ombres du matin
Lourdes d’une journée au rivage certain.
Dans le bus de l’université,
Un étudiant dormait sur le cuir d’un voyage
Trop connu, méconnu pour qu’il ouvre les yeux.
Le soleil a un cœur qui bat la chamade
Il arrose Toulouse cet arrosoir de feu.
Le bus est un taureau dans l’arène brûlante
Et ses cornes déchirent le ventre du soleil.
L’autan le persécute de sa cape sauvage
Mais il est le plus fort. Les ambulances clament
La victoire du sang contre l’instinct qui mène
Les fronts suants à l’ombre des ruelles.
Dans le bus de l’université
Un étudiant brûlait du désir d’apaiser
L’incendie des maisons, d’éteindre les bûchers,
Mais l’eau de la Garonne a du feu dans ses veines.
Elle fouette les navires qui n’ont jamais vogué
Sur sa peau de tigresse, Afrique incandescente
Où les vieilles légendes sont toujours racontées.
Le bus, poisson poussif, halète sur le pont
Et fait de mornes signes à l’hôpital malade.
Dans le bus de l’université
Un étudiant rêvait de pays où les fleuves
Sont des serpents sinueux qui crachent sur les fauves.
Le soleil bat toujours la chamade
Mais il fait de l’œil au béton.
Le bus s’ennuie sur les avenues fades
Qui ont l’odeur de nulle part
Même l’air y perd son miel et sa rocaille.
Dans le bus de l’université
Un étudiant pleurait.
La rocade, la poste, où la grisaille essuie
Des larmes de soleil, défilaient en cadence,
Nonobstant les sourires pendus aux portières du car.
in Mon opium est dans mon cœur, éditions Il est Midi 2024
……
Au voyageur du VAL
Dis, comment seras-tu, Toulouse,
Quand je ne serai plus
Que huit chiffres alignés à l’ombre d’une croix,
Que les taupes d’acier auront fini de fouir
Ta terre nourricière,
Creusant des galeries pour transporter sous toi
Le voyageur du VAL ?
Je t’ai connu si rose et je deviens morose
Quand je vois tes façades envahies de nécroses
Dans ces nouveaux quartiers où des champignons rances
Piétinent sans pitié les maisons maraîchères
Et que les toulousaines, cachant leurs mascarons,
Débarrassent un plancher sans arbres et sans pelouse
Qu’asphyxie le goudron.
Ton patois fout le camp sous des accents de rap.
À chaque époque son langage il faut certes l’entendre.
On ne se traite plus de mots doux putain-con-macarel
On aboie des injures dans un sabir bâtard
Dégainer les surins donne le dernier mort.
On ne se baigne plus dans les eaux d’une Hers vive
Ses berges aux herbes tendres sont coulées de béton.
Roseraie, Jolimont, plus loin Balma-Gramont,
Vos fermes ont replié leurs champs leurs pâturages
L’ère n’est plus aux accents bucoliques
Mais au bruit de fond d’extensibles rocades.
Les aimables villas entourées de jardins
Usurpent leur espace, il faut vivre en hauteur,
S’empiler, pour loger jusqu’au dernier pékin.
Privé de chèvrefeuilles et de rosiers en fleurs,
Humons la campagne sur de maigres balcons,
Tomates miniatures, plantes en pot, jardinières.
Puissent me survivre tes atlantes haussmanniens,
Tes ferrures Art Déco. Puisse encore émerger
Le dôme de la Grave du brouillard de Garonne,
Tout de cuivre verdi.
Puissent perdurer tes plus vieilles bâtisses
Soutenues par des siècles de colombage
Se touchant front à front dans le filet des rues
Tripière, Malcousinat, Coq d’Inde
Merlane, Perchepinte.
Dans l’eau de tes fontaines puisse surnager l’œuvre
De tes artistes urbains tout autant qu’urbanistes.
Faudrait-il, au prétexte de sauver la planète,
Étouffer son âme d’esthète ?
Le voyageur du VAL a hélas renoncé
À l’espoir de descendre dans un sauvage lieu.
La carte Pastel ne tient pas ses promesses :
Borderouge déteint sur les anciens faubourgs
La souillure s’étale, gangrène les banlieues.
La laideur loge à toutes les adresses.
Quand tu seras ce que tu seras devenue,
Toulouse, quand je ne serai plus
Que des lettres dorées sur un sombre granit
Dans un coin retiré de Terre-Cabade,
Restera-t-il encore une humble violette
Pour agiter au vent sa frêle collerette ?
Restera-t-il une fleur de cimetière,
Qu’elle soit nature ou céramique,
Pour se souvenir de ce que je fus
Quand nous étions ensemble,
Moi de chair toi de brique ?
in Tiroirs amers
1) Alfred de Vigny (1792-1863), Les Destinées, ouvrage posthume
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CHAT GPT
Svante Svahnström, en réunion 13 juin 2024: Écris-moi un sonnet sur Toulouse !
Réponse instantanée de CHAT GPT :
Sous le ciel d'azur, douce Toulouse s'étend,
La Garonne murmure un secret éternel,
Ses flots bercent la ville d’un rêve charnel,
Entre briques et pierres, l'histoire nous attend.
Les quais se parent d’or, le soir incandescent,
Les roses de briques chantent au vent fraternel,
Les ruelles pavées, où l’ombre est solennelle,
Gardent les échos d’un passé séduisant.
Ô ville du Midi, ton charme est éclatant,
Ton Capitole brille en l'âme des passants,
Les violettes embaument tes jardins fiers.
Les airs toulousains vibrent de chants latins,
Tant de cultures mêlées en un destin,
En ton sein, Toulouse, fleurit l'univers.
..................................................
MICHEL COSEM (1939-2023)
Poème sur Toulouse choisi pour être gravé sur une pierre par les Jeux Floraux.
Poème extrait du 288e Encres Vives « Le cygne sauvage est le seul à rêver » (août 2002)
La nuit tombe sur des soleils intérieurs
dans la simple danse du soir
la sourdine des murs éteints par les étangs de la nuit
La ville enfin recouvre ses entrailles
les chemins sont ouverts sur les fontaines et les puits
les antiques fondations
Seul le fleuve emporte dans sa fourrure
la belle lumière d’automne
Il va dans une paix millénaire
à la recherche des racines de la migration
(Café du père Léon, Toulouse)
………………………..
LISE DURAND
J'ai rien à dire
Sur Toulouse
J'y vis depuis
Si longtemps
Que la ville
M'est familière
Comme
Un vieil amour
Que l'on aime
Depuis
Plus de vingt ans.
Quand je marche
Au bord du canal
Je pars
Sur ce parallèle
Qui m'amène
Où je suis née
Dans un monde
Que j'ai oublié.
Je rêve pas
De toi Toulouse
Car le bonheur
Est amoureux.
Je rêve pas
De toi Toulouse
Car le bonheur
Est dans mes yeux.
Toulouse le 20 mai 2024
………
La dame de Monaco
N'habite pas Toulouse
Celle de Saint-Bauzile
Non plus.
Elles ne sont pas
Des intellectuelles
Ni des bourgeoises
Ni des jeunettes
Dans le vent et
Je les aime vraiment.
Alors souvent
Je pense à elles
Quand dans Toulouse
Je me promène
Comme j'avais Encore vingt ans.
Toulouse le 22 mai 2024
……………..
ANDREA GENOVESE
Cupidon sur Garonne
Dans un ciel de briques volantes
l’attente du soir stralune la lymphe
de la nymphe Garonne
Une pensée rocheuse danse légère
mélancolie automnale qui émerge
de la berge songeuse
Si labyrinthe tu es
ne verra jamais de matin
le félin qui te saisit dans ses crocs
Clair-obscur de rose violette
n’ouvre pas de brèche
la flèche dans le château d’eau
La silhouette qui traverse le pont
soit-elle fable ou saynète
du poète est le rêve
…………
Paysage avec philosophe
Lorsque le tonnerre gronda
sur l’ardoise humide des toits
chauffées par le rayon de braise
d’une montagne lointaine
peut-être le Pic de la Mirandole
sur la lame d’un horizon pyrénéen
à l’heure où le Midi vampirisait
le clocher de Saint Sernin
et le portail de l’église déboulonné
s’ouvrait à la légende lumineuse
de son parchemin moisi
un coquillage se détacha
de la brique d’une façade
pour éclore de toute sa nonchalante
gourmandise charnelle
La zébrure arc-en-ciel pivotant
dans un parcours extravagant
syllogisme aphrodisiaque
d’une amourette belliqueuse et enfantine
chevauchait notre désir de pastel
appelant à l’orgie des instincts
à la diaspora des martinets
pris en chasse par des goélands pèlerins
revenus des berges d’un temps fossile
régner sur notre espace coincé
et notre odyssée minime
dans l’enceinte crénelée d’une langue
se refusant à tout décodage autre
que la musique des couchants enflammés
Après de longues escarmouches
sous les murailles qu’on avait assiégées
s’ouvrit un passage au modelé
archaïque de la déesse d’airain
lépidoptère insouciant
embaumé des épices originelles
dispersées par les présocratiques
au vent d’un logos barricadier
réfractaire à toute contradiction dialectique
Dans l’ivresse nous avions
goûté à la cyprine dégoulinant
telle une averse d’arômes exotiques
jusqu’à ce que le Capitoul courroucé
ne vienne troubler notre élémentaire
lecture des choses et notre naïveté
La ville ruisselait au loin
rose épine et mirage
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DIDIER METENIER I
À chaque toulousain con
finé
à travers tous les con
tinents
son petit coup de blues
et à toulouse
plus qu'ailleurs
pour tout poète con
finé
pour un noir
oh !!! to lose...
pour un blanc
ôôô... toulouse !!!
c'est bien ici
que nous con
finissons tous
et c'est ainsi que...
je con
fine
tu con
fines
qu'il (ou elle) con
fine
que nous con
finons
que vous con
finez
qu'ils (ou elles) con
finent...
et que nous con
finirons
tous... con !!!
En anglais :
to lose – perdre
Nota bene :
« ô Toulouse » est une chanson de Claude Nougaro.
Le blues est une formule musicale élaborée par les Noirs des Etats-Unis d'Amérique.
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FRANCIS PORNON
Traduccion amistosa a l’occitan de Franc Bardòu
MIDI
2 Après-midi Axe équidistant entre les lourdes nuits |
2 Après-miègjorn Ais eqüidistant entre las nuèits pesugas |
Extrait de Midi, in Par-delà le grand fleuve, Encres vives, 2011
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PHILIPPE SAHUC (Pantoum)
Harmonie à cent paroles
Je tiens de cent lengas (1) un air de troubadour.
Ce n’est pas pour le speech (2), c’est tout pour la musique
Qui dit kaŋ (3) qui dit pour et fort, qui dit dès que
Le risque est ressenti qu’el idioma (4) soit lourd.
Ce n’est pas pour le speech (5), c’est tout pour la musique
Quand ma langue et ma gorge et mon corps font des tours.
Le risque est ressenti qu’el idioma (6) soit lourd,
Alors la bouche mute, pétille et fait iazik (7).
Quand ma langue et ma gorge et mon corps font des tours,
La Sprache (8) se fait rare et en donne le déclic :
Alors la bouche mute, pétille et fait iazik (9),
Hizkuntza (10) en chavire et laisse en couler ur (11)…
La Sprache (12) se fait rare et en donne le déclic
Pour que d’âme on palpite et se sente d’atours.
Hizkuntza (13) en chavire et laisse en couler ur (14) :
Et brille revontulet (15) de la linguistique !
1 langues, en occitan lengas
2 discours, en anglais sech
3 langue, en mandinka kan
4 langue, en castillan, autrement dit espagnol idioma
5 discours, en anglais speech
6 langue, en castillan idioma
7 langue, en russe (язык)
8 langue, en allemand
9 langue, en russe (язык)
10 langue, en euskara, autrement dit basque
11 eau, en euskara, autrement dit basque
12 langue, en allemand
13 langue, en euskara, autrement dit basque
14 eau, en euskara, autrement dit basque
15 aurore boréale, en finnois (littéralement : renard de feu)
………………………………………….
CHRISTIAN SAINT-PAUL
TOLOSA MELHORAMENT (extraits)
Dans le ventre de la ville
appuyée aux souches des générations
mortes
la mélodie de la tradition
désaccorde le vent et les immeubles
froids des promoteurs.
Les mots de la révolte
Toulouse est bien placée pour les dire
dans la jeunesse erratique
de la Garonne qui déplie
ses faubourgs coulissants
sur fond de soleil vieux
qu'entretient l'autan
nimbé d'occasions violentes.
Dans le ventre de la ville
l'amour bonasse veille ses morts
qui relient les illusions du monde.
……
Et les brumes du temps
dispersent le brouillard
des fantômes adolescents
dans le ventre de la ville
qui digère les vins fiévreux de la poésie.
Ici la parole se risque et se perd.
Ici les poètes reprennent leur souffle
avant leur marche inachevable
de l'impossible traversée du lieu.
De pierres ornées et bâties,
au sommet,
les signes attestent
d'une présence sans pesanteur,
poussière sur les lèvres
du temps reculé
de l'ambiguë détresse.
La déflagration de l'Histoire
amenuit les ombres sévères
de la cathédrale Saint-Étienne.
…..
pour avoir bu
la pulpe de la lumière de la ville
nous y lisons notre imprégnation
qui alourdit la nuit charmée du Capitole
tandis que le clapotis des fontaines féminines
tiennent en alerte les femmes aux prises
avec la majesté mesurée des façades,
têtes penchées vers les enfants
qui exécuteront les sentences du nouveau siècle.
Encagoulés dans leur nuit de honte
les images des suppliciés
souillent les places des mises à mort,
Vanini assassiné de philosophie et Calas
d'aveuglement
Les racines à nu de l'horreur
dévoilent les carnages de la vie commune
des hommes.
Mais la vie occitane s'affranchit
du trop de sang versé
dans l'incendie du Pont Neuf à la fin du jour
et des haines débordantes
dans les dégueloirs énormes de ses arches.
Tout est rendu à la Garonne
la confiance et l'ivresse des amours nouvelles.
Mais derrière le linge ordonné des convenances,
Toulouse enjambe le vide des visages déchus brûlés
comme les fougères oubliées au soleil.
Elle expose ses errances,
mémoires d'abandon
dans la prison à vie de la rue.
Toulouse perdue dans les flaques d'urine
des bivouacs de la nuit
que je traverse sur la cime
d'une solitude de marcheur. b
Et ce siècle tient du Moyen-âge
avec ses mêmes monstres
et nos frontières ineffaçables.
Mais au réveil les éclats de saphir
du jour vibrant enluminent
le Kaléidoscope des murs de briques ;
il s'agit de reprendre pied
dans les bras de la cité,
de s'ouvrir à son mirage marchand
de choyer l'insolence des riches échoppes
d'imputer la chute du vaisseau
aux oscillations de l'époque
d'abroger le mouvement de recul
des labyrinthes de la nuit
pour que les silhouettes qui ont raté
les marches plus basses que le sol
glissent sur le dallage des places,
avec les jeunes filles en rollers qui
parfument de la grâce de leurs jambes fuselées
les violents désirs de pulpe
mûrie dans le secret du fruit vert.
………………………………………………………………………….
SVANTE SVAHNSTRÖM
Nord 43°32’ – Est 1°25’
Sous l’assaut du soleil ma peau demeure d’un rose invariable
Jusqu’à ne plus commissures
le Canal du Midi fend d’un sourire mon visage
L’automne mes sourcils se claire-sèment
sur mes yeux aux Plantes et à Compans Caffarelli
et sur mes rétines s’incruste plaisamment la fraîcheur d’un ciel enfin visible
Ma poitrine est un paysage raidissant de tourelles capitulaires
mamelons calcaires en constellation
Chaque matin je la recouvre d’un collier de légumes
que j’appelle boulevard de Strasbourg
Grâce aux jarretelles en solide maçonnerie sur les cuisses
aux noms Saint-Pierre et Catalans
mes abattoirs ne tombent pas en chiffon sur ma patte d’oie
Entre mes jambes glisse le python humide la Garonne
Repu d’anciens fruits interdits du jardin du Ramier
il ondule sur mes mollets les caresse vers les eaux libres
Suspendue à mon cou, bien sûr,
ma croix préférée Saint-Sernin
Heureuse dans mon corps de cocagne je bénis les champs
où je peux étirer chaque carrièra, baloard et avenguda
de mon ossature occitane
et tous les jours j’attends de vous la tendresse des talons sur mes trottoirs voluptueux
…………………………………………
DIDIER METENIER II
PRÉAMBULE
"Quand nous pensons à notre ville de Toulouse, et c'est sans doute un peu le cas pour chacun d'entre nous, comment ne pas entrer en conversation avec Claude Nougaro, ne serait-ce que par coup de cœur interposé..."
Le poème numéro 1 "moi mon Oc" n'est autre qu'une citation empruntée à
un manuscrit de Claude Nougaro avec, comme unique irrévérence, une
acrobatie typographique à l'occasion du premier alinéa.
Le poème numéro 3 "moi mon Oc / éan c'est une Garonne"
Pour ce qui est des poèmes suivants (le poème numéro 4 :
ainsi que le poème numéro 5:
Que
dire du poème numéro 6 "Ô Toulouse... / terre d'accueil" sinon que
c'est un poème de circonstance, composé par temps de pandémie et
de confinement.
Quant au poème numéro 7 "Dans un café glauque", me paraît tout autant être en phase avec le thème du mois (Toulouse). |
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