mercredi 30 octobre 2024

Vinosités

 Bacchus buvant (détail), Guido Reni, vers 1623  

 

AUTEURS

Anonyme 13e siècle (Carmina Burana) (a)
Nanou Auriol
Théodore de Bainville (b)
Charles Baudelaire  (c)  (d)
Karen Blixen  (e)
Vincent Calvet
Claudine Candat
Charles Dugros  (f)
Lise Durand
Omar Khayyam  (f)  (g)
Lanza del Vasto  (h)
Agnès Laplaze
Didier Metenier
Jean Molinet (e)
Catherine de Monpezat
Pham Dinh Dung  (i)
Platon  (j)
Philippe Sahuc
Paul-Jean Toulet  (k)
Lanza deL Vasto  (l)
Svante Svahnström

Présenté par
(a)    Svante Svahnström
(b)    Agnès Laplaze
(c)    Catherine de Monpezat
(d)    Francis Pornon
(e)    Hélène Svahnström
(f)    Didier Metenier
(g)    Isabelle Panier
(h)    Joël Boudarou
(i)    sœur Anh
(j)    Colette Gomez
(k)    Nicole Sibille


ANONYME XIIIe siècle  - CARMINA BURANA

 "In taberna quando sumus" – extraits, traductions mixtes

In taberna quando sumus
non curamus quid sit humus,
sed ad ludum properamus,
cui semper insudamus.
Quid agatur in taberna
ubi nummus est pincerna,
hoc est opus ut queratur,
si quid loquar, audiatur.
…….
Primo pro nummata vini,
ex hac bibunt libertini ;
semel bibunt pro captivis,
post hec bibunt ter pro vivis,
quater pro Christianis cunctis,
quinquies pro fidelibus defunctis
sexies pro sororibus vanis,
septies pro militibus silvanis.

Bibit hera, bibit herus,
bibit miles, bibit clerus,
bibit ille, bibit illa,
bibit servus cum ancilla,
bibit velox, bibit piger,
bibit albus, bibit niger,
bibit constans, bibit vagus,
bibit rudis, bibit magus.
………
Parum sexcente nummate
durant, cum immoderate
bibunt omnes sine meta.
Quamvis bibant mente leta,
sic nos rodunt omnes gentes
et sic erimus egentes.
Qui nos rodunt confundantur
et cum iustis non scribantur

Quand nous sommes à la taverne
nous n’avons cure de la tombe
nous jetons sur le jeu,
pour lequel toujours nous transpirons.
Ce qui se passe dans la taverne
où l’argent est un échanson,
il est utile de le demander,
et d'écouter ce que je dis.
…….
La première santé à qui paye le vin
de là on boit aux libertins
on boit une fois aux prisonniers,
trois fois aux vivants,
quatre fois à toute la Chrétienté
cinq fois aux fidèles défunts
six fois aux vierges folles
sept fois aux brigands des bois
……
Elle boit la patronne, il boit le patron,
il boit le soldat, il boit le clerc,
il boit, elle boit,
il boit le serviteur, elle boit la servante,
il boit le rapide, il boit le paresseux,
il boit le blanc, il boit le noir,
il boit le sédentaire il boit le vagabond
il boit le rustre, il boit le sage.
…………
Six cent écus ne suffisent pas
pour étancher une soif sans fond
et tous boivent sans limites.
Bien que buvant joyeusement
c’est de nous que tout le monde médit
nous plongeant dans la misère
Qu’ils soient confondus ceux qui nous diffament
Et leurs noms rayés  du livre des justes

Traduction :
- DECCA 1991 – Nina Lesieur
-https://www.paroles-musique.com/traduction-Carmina_Burana-In_Taberna_Quando_Sumus-lyrics,t171606
- https://www.arretetonchar.fr/wp-content/uploads/2013/IMG/pdf/carmina_buran1.pdf
-Svante SVAHNSTRÖM


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NANOU AURIOL

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THÉODORE DE BAINVILLE

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CHARLES BAUDELAIRE

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KAREN BLIXEN

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CLAUDINE CANDAT

LE GOÛT DES FRAISES

Est-ce le goût des fraises ou la saveur du vent
Qui rend ma lèvre braise et si tendres mes dents ?
Mes souliers ont des ailes qui balaient le chemin
Et qui balaient les nuages aux cimes des forêts.
Que je coure ou je vole je suis déjà si loin !
Le printemps a des ailes au flanc de ses collines
Quand tremble l’horizon comme un rivage heureux
Où déferle la mer ivre des paysages.
Et j’abolis l’instant, je brouille les distances
Sur cette ligne bleue où bascule la terre
Dans le filet sans fond de toutes mes démences.
Qui sait où cette course entraînera mes pas ?
La folie a des ailes au flanc de mes errances
Qui déchirent le temps et entrouvrent la porte
Où se faufile morte la mémoire des mots.
Et d’hier à demain elle refait le chemin,
Elle me rend saltimbanque, elle me fait bohémienne,
Me laisse les nuages pour chevaux de fortune,
Le vent pour compagnon, les granges pour maison.
Qui connaîtra le but de ces vagabondages,
Moi qui n’ai jamais su la douceur des rivages ?
Est-ce pour le printemps ou pour le goût du sang
Qui rend fièvre ma lèvre comme à la fin des temps ?

in Mon opium est dans mon cœur, éditions Il est Midi, 2024

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TIROIRS AMERS

Il n’est d’horizon que d’ivresse
De déraison que de sagesse
Quand je perds pied je m’arraisonne
À la tige mouvante d’une rose des vents.

Il n’est d’ivresse qu’horizon
Il n’est d’horizon que largesse
De paysages à foison
Quand je me perds me désoriente
Je me retrouve dans les plis
D’une cape tissée de pluie
Un nouveau costume m’invente.

Il n’est de sagesse que folle
D’aliènement que de bassesse
À courber le cou et l’échine
Sous le couperet du réel,
Ce décorum de carton-pâte.

Il n’est d’attache que furtive
N’est d’esquive qui ne s’arrache
À l’illusoire vérité.
Quand je perds le rire et l’envie
Je m’abandonne aux chausse-trappes
De fumées défiant mes humeurs noires,
Volutes qui se jouent des murs
Et projettent l’ombre tragique
De flèches torturant l’azur.

Il n’est d’espoir que le poison
De désespoir que l’illusion
Que le bonheur est dans la fiole.
L’ivresse n’est pas l’allégresse
La poésie lui fait école
Qui confond le verre et le vers
Le sommeil et la pâmoison.  

Inédit


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RENÉ CHAR

"Le raisin a pour patrie
les doigts de la vendangeuse"

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CHARLES DUGROS

Le vin

N'oublions pas qu'à l'origine
Le vin fut une médecine.
C'est avec trois gouttes de vin
Que l'on redevenait devin,
Alors quand un verre se dessine
Goûtons le fruit de nos racines.
Buvons pur et restons corps sain
Pour avoir droit à ce sein.
Que la terre nous anime
Pour chasser nos mauvaises mines
Ah là maintenant on devine
Que c'est une boisson divine
Réservée aux Etres Humains
Pour retrouver quelque chemin
Auquel au fond de soi on tient
Moi le mien et toi le tien
Pour reprendre quelque refrain
Qui nous enlève tous les freins
De la vie qui se débine
Si on garde nos déprimes.
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Trouvons un vallon
Du pays gascon
Plantons une vigne
Le vin sera digne
Captant le soleil
Prenant ton vermeil
Cultivé d'amour
Aux peurs il est sourd
De grappes en tonneaux
En nectar bientôt
Cultivant en bouteille
Quelque temps sommeille
Puis remplit un verre
Qu'alors la main serre
Pour porter aux lèvres
La fin d'une fièvre .

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LISE DURAND

Dans mon enfance
Il y avait
Du vin rouge
Et du vin rosé
Mais mon enfance
Est bien loin
Et dans le temps
Et dans mon cœur
Alors maintenant
Il n'y a plus rien
Que le vin blanc
Que j'aime tant
Bien plus doux
Que le vent.
                                                          
Toulouse le 5 août 2024
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J'ai payé mes dettes
Un jour de grand vent
Mes deux mains sont nettes
Comme l'océan
J'ai fait tous mes comptes
Rangé mes papiers
Le tonnerre gronde
La pluie est tombée
Ma paix est immense
Dans ce monde fou
La mort peut attendre
Je suis bien debout
Dans ma tête danse
Le goût du vin doux.
Tu as payé tes dettes ?

Toulouse le 7 août 2024
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Je suis une vieille dame
Mais dans ma tête
J'ai vingt ans
Et j'épluche
Les fleurs du temps.
Je suis une vieille dame
Mais j'aime toujours
Les beaux jours
Le vin blanc doux
Et l'amour.
Je suis une vieille dame
Parfois je bégaie
Et je perds mes mots
Mais je suis heureuse
Plus qu'il n'en faut.
Je suis une vieille dame...

Toulouse le 12 août 2024

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Tu peux bien
Te souler la gueule
Tu n'oublieras pas
Ton passé.
Le vent d'Ouest
A fait ses preuves
Que le vent d'Est
 A effacé.
Le vin c'est
Comme la misère
Il te reste plus
Qu'à pleurer.
 

Toulouse le 4 septembre 2024
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Je vais mon chemin      
C’est le plus beau cadeau
Que m’ait fait le destin.
Je vais mon chemin      
Un verre de vin blanc
Bien frais dans ma main.
Je vais mon chemin      
Ce que tu dis et penses
M’est sans importance.
Je vais mon chemin      
Tu dis ce que tu veux
Pour moi le ciel est bleu.
Je vais mon chemin      
Si tu trouves pas le tien
Je n’y suis pour rien.
Je vais mon chemin
Il mène à demain…    

Toulouse le 17 septembre 2024

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Pourquoi dire nous
Quand on n'aime pas
Le vin doux ?
Pourquoi parler
De ses ancêtres
De la brillance
De ses enfants
Quand on n'aime pas
Le vin blanc ?
Pourquoi parler
Pourquoi se taire
Lorsque le vin
Dit nos mystères ?
J'aime tant
Le vin blanc doux
Que je dis "je"
Un point c'est tout !
 

Toulouse le 19 août 2024
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OMAR KHAYYAM

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LANZA DEL VASTO

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AGNÈS LAPLAZE

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DIDIER METENIER

IVRESSE

Encore un
Xérès
Calibré de la sorte
Et...
Sans faillir, à l'envie,
Saluons les cloportes...
Imbibés jusqu'au cou
Fêtards jusqu'à la lie.

………….

À chaque toulousain con
finé
à travers tous les con
tinents
son petit coup de blues

et à toulouse
plus qu'ailleurs
pour tout poète con
finé

pour un noir
oh !!! to lose...
pour un blanc
ôôô... toulouse !!!

c'est bien ici
que nous con
finissons tous

et c'est ainsi que...
je con
fine
tu con
fines
qu'il (ou elle) con
fine
que nous con
finons
que vous con
finez
qu'ils (ou elles) con
finent...

et que nous con
finirons
tous... con !!!

En anglais :
to lose – perdre

Nota bene :
« ô Toulouse » est une chanson de Claude Nougaro.
Le blues est une formule musicale élaborée par les Noirs des Etats-Unis d'Amérique.


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CATHERINE DE MONPEZAT

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PHAM DINH DUNG

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PLATON

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PHILIPPE SAHUC

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PAUL-JEAN TOULET (1867-1920)

VOUS SOUVIENT-IL…

Vous souvient-il de l’auberge
Et combien j’y fus galant ?
Vous étiez en piqué blanc :
On eût dit la Sainte Vierge.

Un chemineau navarrais
Nous joua de la guitare.
Ah ! que j’aimais la Navarre,
Et l’amour, et le vin frais.

De l’auberge dans les Landes
Je rêve, - et voudrais revoir
L’hôtesse au sombre mouchoir,
Et la glycine en guirlandes.

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Un Jurançon…

Un Jurançon 93
Aux couleurs du maïs,
Et ma mie, et l’air du pays :
Que mon cœur était aise.

Ah, les vignes de Jurançon
Se sont-elles fanées,
Comme ont fait mes belles années,
Et mon bel échanson ?

Dessous les tonnelles fleuries
Ne reviendrez-vous point
À l’heure où Pau blanchit au loin
Par-delà les prairies ?

(Dictionnaire anthologique de la Poésie française, Pierre RIPERT)

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SVANTE SVAHNSTRÖM

Röd är stugan
blå var himlen
molnen var vita
Det är sommar
blå är pannan
gul är tinningen
käken är röd.
Det är blod
Kvar i flaskan akvavit
några droppar bara
Kvar av högtiden
krossat glas
Glädjen dröjde över dansbanan

La maisonnette est rouge
bleu était le ciel
Les nuages étaient blancs
C’est l’été
le front est bleu
jaune la tempe
et rouge la mâchoire
C’est du sang
Au fond de la bouteille de l’aquavit
quelques ultimes gouttes
De la fête demeure
du verre cassé
La joie se trainait sur la piste de danse