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Lancelot quittant Guenièvre pour la Quête du Graal |
AUTEURS
Nanou Auriol
Franc Bardòu
Chandidâs ***
e.e.cummings *
Lise Durand
Elias d’Ussel *
Gui d’Ussel **
Didier Metenier
Francis Pornon
Jaufre Rudel **
Sergueï Wolkonsky
Svante Svahnström
Présenté par :
Didier Metenier *
Jean Sibille **
Svante Svahnström ***
NANOU AURIOL
………………………………..
FRANC BARDÒU
OCTINA
« Mon cor e mi e mas bonas chanssos I |
« Mon cœur et moi-même, et mes bonnes chansons, et tout ce que je sais
dire ou faire d’avenant, je reconnais que c’est de vous, noble dame, que
je l’ai reçu en tenure… » |
……………………………………….
CHANDIDÂS 1408- ? Inde écrit en bengali
LA CONSÉCRATION
Ô ma vie, mon amour !
Je te donne ce corps et cette âme !
Qu’ils gisent à tes pieds !
Je suis tombée. On dit que je ne suis point chaste.
Qu’importe ?
Je me réjouis de ne pas avoir perdu ton amour.
À ton amour, j’ai donné mon corps et mon âme.
Qu’ils disent à tes pieds !
Tu es ma vie ; tu es ma fin ;
Tu connais si je suis chaste ou non,
Moi, je ne connais que ton amour et tes deux pieds.
Tu es ma vertu, et tu es mon péché,
tu es mon honneur, tu es mon nom.
À toi je donne mon corps et mon âme.
Qu’ils gisent à tes pieds !
…………………………….
e.e.cummings traduction Didier Metenier/Svante Svahnström
now that, more nearest even than your fate |
maintenant que, encore plus près de ton destin et du mien quoique et tous les mystères que toi et moi sont incroyablement livrés à nos sens. |
………….....................
LISE DURAND
L'amour, l'amour
C'est comme les nuages
Parfois ils meurent
Un jour de pluie.
L'amour, l'amour
C'est comme le soleil
Parfois il brûle
On n'y peut rien.
L'amour, l'amour
Tous on en rêve
Comme de la lune
Qui tendrement luit.
L'amour, l'amour...
Toulouse le 12 octobre 2024
………….
L'amour courtois
Cela n'existe pas
C'était
Une invention
D'autrefois.
Aujourd'hui
La tendresse
A disparu
On tue, on viole
Je n'y peux rien.
Oh que le monde
Soit bon enfin.
L'amour courtois...
Toulouse le 13 octobre 2024
……….
Vous
Qui lisez mes poèmes
Vous savez
Qu'il y a trois thèmes
L'amour, la mort
Le vin blanc doux.
Le vin doux est
Cette douce crème
L'amour
Ce royal bijou.
Mais la mort
Viendra quand même
Et comme vous
Me mettra à genoux.
En attendant
L'amour m'amène
Au monde si bleu
De tes beaux yeux
Il est aussi
Un de mes thèmes.
Mais je vieillis
Et j'oublie un peu
Il y a probablement
D'autres rhèmes
Que vous verrez
Avec vos yeux...
Toulouse le 24 octobre 2024
…………………..
ELIAS D’USSEL 1200- ?
ELIAS D’USSEL (1200- ?) ET AIMERIC DE PÉGULHAN (1195-1250)
ÉPREUVE D’AMOUR
(ici la seule version française)
(Tenson)
Sire Elias, je vous demande conseil
Au sujet de celle que j’aime plus qu’autrui et que moi-même.
Elle m’a dit qu’elle me ferait coucher avec elle, une nuit,
Pourvu que je lui jure et lui promette
De ne pas lui faire violence contre son gré,
Et de me contenter de l’étreindre et de lui donner des baisers ;
Donnez-moi votre opinion à propos du « Fait »,
Et dites-moi s’uil vaut mieux patienter et jeûner
Ou me parjurer en enfreignant sa volonté ?
Aimeric, je vous conseille,
Si elle vous fait coucher avec elle, de bien le lui faire ;
Car celui qui tient sa dame entre ses bras
Est fou, s’il la cherche ailleurs. –
…………………………..
Si j’étais au lit, étendu près de ma dame,
Même si j’avais fait serment de la respecter,
Je le lui ferais, je vous le garantis,
Dût qui que soit me tenir, de ce fait, pour parjure.
Elias, vous me donnez maintenant et toujours
Des conseils de fripon.
Mal en prend à celui qui suit votre conseil.
Oh ! je sais bien que les faux amants vous croiront.
Les gens qui n’ « aiment » pas du tout,
En vérité, celui qui trahis serments envers celle qu’il aime
Perd à la fois Dieu et sa dame.
Aussi persisté-je dans ma résolution : je m’en tiendrai
À l’enlacement et aux baisers. J’aurai à cœur d’éviter le « Fait » et à cause de lui je ne me parjurerai point.
Aimeric, vous dites et défendez
Une monstrueuse indignité.
Moi, si je suis au lit avec celle que j’aime mieux que moi-même,
Je me gardera bien de lui demander quoi que ce soit de plus.
Mais doucement, en riant et en jouant,
Je le lui ferai, puis j’en pleurerai
Jusqu’à ce qu’elle me pardonne d’avoir manqué à ma parole.
Après quoi j’irai en pèlerinage jusqu’au-delà de Tyr
Et demanderai à Dieu pardon de mon parjure.
………………………..
GUI D’USSEL env. 1170- avant 1225
(ici la seule version française)
Tenson
I. — Gui d’Ussel, j’ai bien de la peine à votre sujet, parce que vous avez cessé de chanter ; et, comme je voudrais vous y ramener, puisque vous êtes très savant en de tels sujets, je veux que vous me disiez si la dame doit agir envers l’amant, quand il le demande avec douceur, de la même façon que lui envers elle, en tout ce qui touche à l’amour, selon les lois qu’observent les amoureux.
II. — Dame Marie, je croyais abandonner tensons et tout le reste ; mais je ne peux maintenant manquer de répondre à votre invitation ; et je vous réponds brièvement, en ce qui concerne la dame, que, pour son amant, elle doit faire autant que lui pour elle, sans tenir compte du rang : car, entre deux amis, il ne doit pas y avoir de supérieur.
III. — Gui, l’amant doit demander avec des prières tout ce qu’il désire, et la dame peut l’accorder, et doit aussi prier parfois ; et l’amant doit faire ses prières et donner ses ordres comme s’il s’adressait à une amie et à une dame également ; et la dame doit faire honneur à son amant comme à un ami et non pas comme à un maître.
IV. — Dame, on dit ici, parmi nous, que, du moment que dame veut aimer, elle doit faire à son amant autant d’honneur [qu’il lui en fait], puisqu’ils sont également amoureux ; et s’il arrive qu’elle l’aime davantage, elle doit le montrer en ses actes et en ses paroles, et si son cœur est faux et trompeur, elle doit, sous une belle mine, dissimuler sa folie.
V. — Gui d’Ussel, les amants ne sont pas du tout ainsi au commencement; mais au contraire chacun dit, quand il veut courtiser, mains jointes et à genoux : « Dame, accordez-moi de vous servir sans réserve comme votre homme-lige. » Et elle le prend à ce titre ; pour moi je le considère à bon droit comme un traître s’il se fait l’égal de sa dame après s’être donné à elle comme serviteur.
VI. — Dame, c’est une opinion qu’il est honteux pour une dame de défendre, que de ne point considérer comme son égal celui avec lequel, de deux cœurs, elle en a fait un seul ; ou bien vous direz, et cela ne vous fera point honneur, que l’amant doit l’aimer plus sincèrement, ou bien vous direz qu’ils sont égaux ; car l’amant ne doit rien à la dame, si ce n’est par amour.
…………………….
DIDIER METENIER
par
i
sur
l'A
mour
cour
TOI
s
En anglais:
i - je
………………………….
depuis toujours
sens
i
ble
aux parfums de ta voix
à fleur(s)
et
mouchetée
qui
dès la fin de l’en
voix
touche
j’aime tes yeux
j’aime tes doigts
j’aime ta voix
……………………
FRANCIS PORNON
EXTRAIT DE "LA FILLE D’OCCITANIE" :
Pour la circonstance on invita le curé au castel. Ma mère voulut l’accompagner avec ses enfants. C’est ainsi que j’assistai au récital d’une chanson d’Azalaïs. La joglaresa voulut bien chanter en s’accompagnant d’un instrument en forme de poire, appelée citole. Il s’agissait d’un arc tendu de cordes qu’elle pinçait pour jouer la mélodie à l’unisson de sa voix.
« Domna met molt mal s’amor… »
(Dame son amour met mal)
Qui s’accorde avec un riche
Au-dessus d’un grand vassal
Si ell’ le fait c’est folie…
Allusion, sans doute à quelque domna qui se donnait à certain puissant en omettant d’observer les lois et surtout le sens de la fin’amor. Or, si j’étais bercée par la musique, le sens de tout ceci passait au-dessus de ma tête. J’apprendrais par la suite que rien ne peut être au-dessus de l’amour et qu’il y a de quoi déplorer ou blâmer tout dépassement. J’étais encore très jeune et surtout pas dans le projet de convoiter un seigneur. Il m’apparut cependant évident que cette poétesse avait bien raison de brocarder une femme plaçant la quête de richesse avant celle de l’amour. Peut-être est-ce à cette occasion que commença à s’insinuer en moi le culte de l’amour plus haut que tout ?
Ce qui est sûr, c’est que par la suite je n’aurais désir que de liberté et de bien-être, d’amour surtout, et non ambition de puissance. J’étais fascinée à la fois par la poésie, l’art de la femme qui l’exprimait avec sa musique, ses mots, sa voix. En furent assises en moi ces convictions : sans poésie pour chanter la joie et la tristesse, la vie ne vaut rien. Et pas de poésie sans amour !
Je lui demandai alors de m’en dire plus sur l’amour. D’une voix douce afin de me ménager, elle me dit alors la fin’amor. L’amour, le véritable amour, n’est ni un acte animal ni rien que d’esprit. C’est quelque chose de magique où âme et corps se fondent en une ascension extraordinaire. Cela commence par le regard et s’ensuit le baiser. Cela se poursuit par le jazer…
• Le jazer ?
• Oui, l’assai ! Gésir nus en la même couche sans se pénétrer !
• Ah ? Et… c’est tout ?
• Mais non, cabourdette ! cela s’achèvera par l’acte.
Je ne réclamai d’explication. Là, je devinai.
……………………………..
JAUFRÉ RUDEL vers 1148 – vers 1170
L’amor de lonh |
Lorsque les jours sont longs en mai, |
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SERGUEÎ WOLKONSKY
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SVANTE SVAHNSTRÖM
Tu m’es précieuse
comme ma cravate préférée
Quand tu es loin
sa soie est toi sur ma poitrine
La boucle volontaire de toi
qui ceint mon cou
est une étreinte moelleuse
qui se prolonge
Traversant le pied la triplure et le plat
de mon col en toute direction
ton nœud réverbère soleils et oasis
jusqu’à la toundra solitaire
de ma nuque en attente
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