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Sculptures obèses - Mu Boyan |
AUTEURS
Elisabeth Aragon*
Thibaut Bois
e.e.cummings **
Lise Durand
Jean de la Fontaine***
John Keats****
Didier Metenier
Marina Mariotti
Benjamin Péret*****
Théo Plantefol
Caterina Ramonda******
Arthur Rimbaud******
Svante Svahnström
Présenté par :
Catherine de Monpezat*
Didier Metenier**
Thibaut Bois***
Nanou Auriol****
Théo Plantefol*****
Nicole Sibille******
ELISABETH ARAGON
……………….
THIBAUT BOIS
Le Paon et le Chêne
Grandir, pousser, tendre vers la croissance
C'est éprouver sous le soleil, l'existence.
Parfaite donc pour la vie d'un arbre,
Perdant à l'hiver pour retrouver au printemps,
La splendeur de son être n'était pas de marbre,
Et faisait ombrage à la roue du Paon.
Ce que le Chêne délaisse, l'oiseau le conserve,
Sans que son plumage,
N'atteigne l'éclat du feuillage
Du roi des forêts. Faites que l'on préserve
Le corps des tourments de l'envie,
De ce péché, de ces maux de l'esprit.
Le séduisant volatile guida ses serres
À ciseler ses parures qu'à la saison nouvelle,
Jusqu'à la dernière toutes se renouvellent.
Il ne vit plus de saison, mais un dernier hiver
Exposé à la faveurs des froids assassins,
Laissant le Chêne seul, quand le printemps revint.
Tout esprit qui, à la folie, se livre
Entraîne son corps à le suivre.
……………..
e.e.cummings
Traduction Didier Metenier/Svante Svahnström
spring ! may- ....... as lovers a the great advantage of being alive |
printemps! mai- ..................
ainsi qu'à l'un
........... le grand avantage d'être vivant pour qui créer est moins que posséder ou une fois une (est moins) que quand fois où- que nous sommes amoureux, que nous sommes amoureux ; de nous ils n'en ont rien fois rien à faire (car amoureux sommes-nous suis-je sommes es-tu) |
……………………………….
LISE DURAND
Je vais mourir bientôt
Je le sais, je le sens
Car je n'ai plus vingt ans
Et pourtant je voudrais
Vivre éternellement.
Le bonheur qui me porte
La mort l'emportera
Et je le voudrais pas
Mais personne n’échappe
A cette dure loi.
Je vais mourir bientôt
Demain ou dans dix ans
Je sais qu'elle m'attend...
Toulouse le 9 novembre 2024
…………..
Je suis un tout
Corps et esprit
Corps et âme
Ils ne font qu'un
Et quand je te dis
Mon bras ma tête
L'esprit sait
Que je suis bête
Et qu'ils ne sont
Pas à moi.
Le corps, la chair
La viande, la parole,
Les émotions
Les sentiments
Mais pas ces "nos"
Qui nient le tout
Car ce tout
Nous le sommes
Malgré tout...
Toulouse le 17 novembre 2024
…………………………..
Y a-t-il quelque chose
Que j'aurais dû faire
Et que j’ai pas fait.
Y a-t-il quelque chose
Que j'aurais dû dire
Et que j’ai pas dit.
Y a-t-il quelque chose
Que j'aurais dû écrire
Et que j'ai pas écrit.
Y a-t-il quelque chose
Qui encore crie.
Non il n'y a rien
Plus rien, plus rien
Plus rien à faire
Plus rien à dire
Plus rien à écrire
Plus rien qui crie.
La paix est
Ce quelque chose
Qui mélange
Corps et esprit.
Toulouse le 6 décembre 2024
…………………….
JEAN DE LA FONTAINE
Je devais par la Royauté
Avoir commencé mon Ouvrage.
À la voir d'un certain côté,
Messer Gaster en est l'image.
S'il a quelque besoin, tout le corps s'en ressent.
De travailler pour lui les membres se lassant,
Chacun d'eux résolut de vivre en Gentilhomme,
Sans rien faire, alléguant l'exemple de Gaster.
Il faudrait, disaient-ils, sans nous qu'il vécût d'air.
Nous suons, nous peinons, comme bêtes de somme.
Et pour qui ? Pour lui seul ; nous n'en profitons pas :
Notre soin n'aboutit qu'à fournir ses repas.
Chommons, c'est un métier qu'il veut nous faire apprendre.
Ainsi dit, ainsi fait. Les mains cessent de prendre,
Les bras d'agir, les jambes de marcher.
Tous dirent à Gaster qu'il en allât chercher.
Ce leur fut une erreur dont ils se repentirent.
Bientôt les pauvres gens tombèrent en langueur ;
Il ne se forma plus de nouveau sang au cœur :
Chaque membre en souffrit, les forces se perdirent.
Par ce moyen, les mutins virent
Que celui qu'ils croyaient oisif et paresseux,
À l'intérêt commun contribuait plus qu'eux.
Ceci peut s'appliquer à la grandeur Royale.
Elle reçoit et donne, et la chose est égale.
Tout travaille pour elle, et réciproquement
Tout tire d'elle l'aliment.
Elle fait subsister l'artisan de ses peines,
Enrichit le Marchand, gage le Magistrat,
Maintient le Laboureur, donne paie au soldat,
Distribue en cent lieux ses grâces souveraines,
Entretient seule tout l'État.
Ménénius le sut bien dire.
La Commune s'allait séparer du Sénat.
Les mécontents disaient qu'il avait tout l'Empire,
Le pouvoir, les trésors, l'honneur, la dignité ;
Au lieu que tout le mal était de leur côté,
Les tributs, les impôts, les fatigues de guerre.
Le peuple hors des murs était déjà posté,
La plupart s'en allaient chercher une autre terre,
Quand Ménénius leur fit voir
Qu'ils étaient aux membres semblables,
Et par cet apologue, insigne entre les Fables,
Les ramena dans leur devoir.
Les Membres et l'Estomac (Livre III, 2) (1668)
…………………….
JOHN KEATS
………………………
MARINA MARIOTTI
Qui es-tu ?
Qui es-tu ?
Puisque tu n’es pas celui que tu sembles être ?
Comment puis-je tour à tour t’aimer et te hair
Comme si tu étais un autre que moi même ?
Tu es l’éclat du jour au firmament
Celui qui m’a montré le chemin des délices
Par toi est venue la volupté.
J’ai appris de toi la fragilité de la beauté
Et la délicatesse de la grâce.
Les caresses frémissantes
Et le doux feu de la tendresse.
Tu m’as fait sentir la puissance incommensurable du vivant
Sauvage, intense et mystérieux.
Tu m’as chuchoté à l’oreille de chercher au delà du temps
Pour te découvrir Porteur de toutes les mémoires humaines .
J’ai connu par toi
Le bruit assourdissant de la douleur
Qui annonce le jaillissement de la vie,
Le cri de l’amour déchiré
Avant l’ étonnement du recommencement.
Tu es l’ombre annonçant les ténèbres
La trahison du temps
L’ami qui m’accompagne jusqu’aux derniers instants
Celui ,sans lequel je ne suis..... qu’absence.
2024
…….
Les mains
Longues ,courtes ,fines,épaisses ... Qu’importe ;
Elles sont cette partie de nous qui oeuvre à nous dire.
Courageuses, dans l’eau glacée des rivières
Elles rincent le linge épais des lavandières.
Patientes, elles heurtent ,cisèlent et façonnent
La dentelle de roche dure ,
Celle qui naît des gestes ancestraux du tailleur de pierre.
Aimantes,elles donnent la caresse qui ranime le sourire
De l’enfant blessé .
Virtuoses, elles sonnent et tourbillonnent sur le clavier
transportant l’âme errante des êtres perdus
Pour enfin les apaiser .
Les mains disent sans parole ce qui ne peut être entendu.
Elles portent la violence, la tendresse et l’amour.
Rouges elles sont, tachées par le sang de l’innocence et de l absurde
Blanches elles deviennent, par le poing serré hurlant à l’injustice
Roses elles dansent et virevoltent clamant la joie
En se parant de délicates pierres de lune.
Les mains nous racontent plus que notre visage
.
Les premières, Elles accouchent le corps de l’enfant qui parait.
Les dernières, Elles accouchent les âmes fermant les yeux de celui qui part
pour le mystérieux voyage.
Toujours par deux pour répondre à la complexité de la vie. 2
Multiples,elles se serrent en une ronde rapide
dire la joie de n’être pas seul au monde.
Les mains s’ouvrent accueillant la douce chaleur de l’être aimé
Elles se tendent pour demander l’aide d’un autre... incertain
Sentir une dernière fois le vent glisser entre les doigts
avant le vide de celui qui disparaît.
Les mains..
Mes mains...
Merci
2024
…………………….
DIDIER METENIER
car telle est la règle
véritable
de l'attirance et du
hors-je
plus près de Toi...
plus près du moi!!!
……………………
THEO PLANTEFOL
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BENJAMIN PÉRET
……………………
CATERINA RAMONDA
Sentir que l’autre |
Sentir que l’autre |
……………………
ARTHUR RIMBAUD
OPHELIE
Sur l’onde calme et noire où dorment les étoiles
La blanche Ophélia flotte comme un grand lys,
Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles…
On entend dans les bois lointains des hallalis.
Voici plus de mille ans que la triste Ophélie
Passe, fantôme blanc, sur le long fleuve noir ;
Voici plus de mille ans que sa douce folie
Murmure sa romance à la brise du soir.
Le vent baise ses seins et déploie en corolle
Ses grands voiles bercés mollement par les eaux ;
Les saules frissonnants pleurent sur son épaule,
Sur son grand front rêveur s’inclinent les roseaux.
Les nénuphars froissés soupirent autour d’elle ;
Elle éveille parfois, dans un aune qui dort,
Quelque nid, d’où s’échappe un petit frisson d’aile :
Un chant mystérieux tombe des astres d’or.
…………………..
SVANTE SVAHNSTRÖM
Haïkus en français et suédois
Kroppen är
världen |
Le corps est le monde |
...........
Comme si le français et le suédois étaient des langues proches :
Sous un crâne poli
Under ett polerat kranium
dans les corridors du nez
i näsans korridorer
conspirent les nécrophiles du nirvana et les rebelles du miracle
konspirerar nirvanas nekrofiler och miraklets rebeller
Un squelette fébrile imite un palmier
Ett febrilt skelett imiterar en palm
Eruption de plantes de muscles orgasmiques
Eruption av plantor ur orgasmiska muskler
Certes la dent est stable mais
Visst är tanden stabil men
quand les inquisiteurs de l’immanence torturent des nerfs mutinés
när immanensens inkvisitorer torterar nerver i myteri
observez l’exégèse exploser dans l’émail
obsevera hur exegesen exploderar i emaljen
et notez l’émulsion du dogme dans la salive
och notera dogmens emulsion i saliven
Sur des lèvres de parchemin paradent hymne et psaume
På läppar av pergament paraderar hymn och psalm
D’oreille à oreille la bataille mobilise
Från öra till öra mobiliserar bataljen
réincarnation et apocalypse
reinkarnation och apokalyps
Vers la nuque converge l’extase en subtiles nuances
Mot nacken konvergerar extasen i subtila nyanser
Magie et fatalisme
Magi och fatalism
Stigmate et flegme sont l’évangile du corps
Stigma och flegma är kroppens evangelium
Un corps est un gymnaste en confrontation avec de cosmiques intrigues
En kropp är en gymnast i konfrontation med kosmiska intriger
La prestation du poète est une intime acrobatie
Poetens prestation är intim akrobatik