AUTEURS
Nanou Auriol**
Saïd Benjelloun
Claudine Candat
Miloud Chabanne *
Lise Durand
Marina Mariotti
Didier Metenier
Philippe Gilbert (résumé-commentaire-poème des textes dits)
Catherine de Monpezat
Henri de Monpezat**
Jacques Prévert**
Svante Svahnström
Présenté par :
Didier Metenier *
Nanou Auriol **
NANOU AURIOL
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SAÏD BENJELLOUN
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CLAUDINE CANDAT
LA POÉSIE
Je suis l’orage ravalé l’éclair barré
Entre les dents de la violence,
La jument aux rênes de vent
Qui rumine la tempête.
Je suis la bavure des plages,
Neige, pèlerinage des corbeaux,
La bouteille des matelots sans navire.
Je suis la gifle des dimanches,
La blessure du quotidien
Au seuil des minutes bancales.
Je suis les lèvres modulées
A toutes les pages,
L’image aux yeux crevés qui boit le silence.
Je suis la fontaine qui lance
La soif aux mirages,
La faim crucifiée des lèvres
Aux croix des vendanges.
Je suis le poisson qui fuit, lune des rivières,
Vers l’océan, relent d’aventure.
Je suis le poulpe qu’enlacent
Les cris des noyés,
Le vin vomi des festins, la nappe souillée d’ordures.
Je suis la main brisée des offrandes,
Le sourire sans visage
Tendu aux joues des douleurs.
Je suis l’ignorance aux sandales d’or,
Pointes de soleil vers la terre sombre,
Je suis l’étoile aux branches brisées
Pendue au couchant comme au cou des hommes,
Je suis la coupure d’or aux yeux des enfants,
La fusée qui éclate sur les servitudes.
Je suis la timbale amère du soldat
Peuplée de balles et de grenades,
Le fusil déchiré aux ronces du sang.
Je suis la révolte aux raisins noirs
Foulés aux pieds de l’écriture,
Je suis la suprême insulte
Ferment des cerveaux meurtris,
La mémoire resouvenue,
Le futur à reculons.
Je suis le verbe qui trempe
Dans les puits de l’insolence,
Le seau lourd de larmes
Aux margelles de l’amour.
Je suis le murmure qui rampe
Entre les doigts des forêts,
Les yeux verts comme fenêtres
Fermés aux cils des prairies.
Je suis la lampe qu’allume
Le baiser de l’univers,
La brûlure du langage
Dans la poitrine des mers.
Je suis et ne suis que pour être
Dans les bouches, déchirée,
La source où la nuit s’empoisonne,
Où la lumière déteint
Et je ne meurs que pour être
Sur mes banquises, exilée,
L’ULTIME CHANCE DE VOYAGE.
Claudine Candat, Mon opium est dans mon cœur, Éditions Il est Midi, 2024
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MILOUD CHABANNE
Sans papier les mots se perdent
Pas de page pour les accueillir...
Que les mots sans papier apparaissent
Ce n'est pas le papier qui fait l'homme
C'est l'homme qui fait le sans papier
Ce n'est pas le papier qui fait le sans papier
C'est l'homme qui fait de l'homme un sans papier.
"Papyrus" (extrait), 31 Poèmes, Miloud Chabanne
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LISE DURAND
Les mots, la poésie Je m'en fous. Le pouvoir, l'argent Les diplômes, le QI Les publications Les brevets Tout ce que j'ai fait Et écrit Je m'en fous. La position sociale La mienne Celle Des ascendants Celle Des descendants Je m'en fous. La couleur De la peau Les origines Les religions Les sciences Les croyances Je m'en fous. Mon dieu Si vous existez Donnez-nous Un bon QE Et un peu De bonté. Le reste Je m'en fous !
QI signifie quotient intellectuel et QE quotient émotionnel Toulouse le 8 juin 2025 ………………………….
Tic-tac, tic-tac, tic-tac Dit le vieux réveil. Tic-tac, tic-tac, tic-tac Le temps nous est Compté. Tic-tac, tic-tac, tic-tac Tout va bien Inutile de s'agiter. Tic-tac, tic-tac, tic-tac Les mots surgissent. Tic-tac, tic-tac, tic-tac Il n'y a plus qu'à écrire. Tic-tac, tic-tac, tic-tac. Toulouse le 31 mai 2025
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Je n'ai rien A dire à personne J'ai liquidé Tout mon passé Et celui Qui m'a fait rire Et celui Qui m'a fait pleurer. Pour le temps Qu'il me reste à vivre Les mots ne sont Que des soleils Des étoiles Des arcs-en-ciel Je vis. Toulouse le 23 mai 2025 ……………….
Je regarde Le mur d'en face Eclairé par le soleil La lumière Mes yeux rejoint. La paix est Plus grande que L'espace Quand les mots Ne servent plus A rien Quand doucement Ils s'effacent Comme des fleurs Sans lendemain. Hélas Tu regardes Le mur d'en face Et dans les cœurs Tu ne vois rien. Toulouse le 23 mai 2025
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Les mots, la poésie
Je m'en fous.
Le pouvoir, l'argent
Les diplômes, le QI
Les publications
Les brevets
Tout ce que j'ai fait
Et écrit
Je m'en fous.
La position sociale
La mienne
Celle
Des ascendants
Celle
Des descendants
Je m'en fous.
La couleur
De la peau
Les origines
Les religions
Les sciences
Les croyances
Je m'en fous.
Mon dieu
Si vous existez
Donnez-nous
Un bon QE
Et un peu
De bonté.
Le reste
Je m'en fous !
QI signifie quotient intellectuel et QE quotient émotionnel
Toulouse le 8 juin 2025
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Tic-tac, tic-tac, tic-tac
Dit le vieux réveil.
Tic-tac, tic-tac, tic-tac
Le temps nous est
Compté.
Tic-tac, tic-tac, tic-tac
Tout va bien
Inutile de s'agiter.
Tic-tac, tic-tac, tic-tac
Les mots surgissent.
Tic-tac, tic-tac, tic-tac
Il n'y a plus qu'à écrire.
Tic-tac, tic-tac, tic-tac.
Toulouse le 31 mai 2025
Je n'ai rien A dire à personne
J'ai liquidé
Tout mon passé
Et celui
Qui m'a fait rire
Et celui
Qui m'a fait pleurer.
Pour le temps
Qu'il me reste à vivre
Les mots ne sont
Que des soleils
Des étoiles
Des arcs-en-ciel
Je vis.
Toulouse le 23 mai 2025
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Je regarde
Le mur d'en face
Eclairé par le soleil
La lumière
Mes yeux rejoint.
La paix est
Plus grande que
L'espace
Quand les mots
Ne servent plus
A rien
Quand doucement
Ils s'effacent
Comme des fleurs
Sans lendemain.
Hélas
Tu regardes
Le mur d'en face
Et dans les cœurs
Tu ne vois rien.
Toulouse le 23 mai 2025
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MARINA MARIOTTI
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DIDIER METENIER
noone
un mot, qu'est-ce qu'un mot?
noone
un mot, un seul
un deux en un
ce sont deux mots
en un seul mot
noone
pourquoi autant chérir ce mot?
et puis ce mot
ce petit mot
qui est-il?
d'où vient-il?
ce petit mot cher à Cummings
et qu'en est-il au juste de ce noone
qui se présente ainsi à nous?
de fait c'est un rien
et c'est un tout
a priori
c'est négligeable
c'est trois fois rien
et trois fois rien
c'est rien du tout
et après tout
certains diront
ce n'est personne
un "point" c'est tout
oui mais voilà
venu de nulle part
ce drôl' de mot
là
ce noone n'est pas
n'importe quoi
en sa pleine acception
c'est tout... ou rien
et c'est pas tout...
ainsi créé
même en anglais
c'est un néologisme
ainsi créé
même en anglais
il est intraduisible
ce mêm' pas un
ce drôl' de nom
ce n'est personne
et pourtant
mine de rien
l'amour...
tenez-vous bien
l'amour lui-même
oui l'amour en Personne
ne saurait ignorer
le bonheur
qui "nous" somme
(s)
En anglais :
noon - (soleil au) zénith
no one - personne
noone - néologisme cummingsien (intraduisible)
Nota bene :
E.E. Cummings – poète américain (1894-1962)
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PHILIPPE GILBERT
Du côté de chez Noone
Ce soir, j'avais rendez-vous avec Noone, mais je ne le savais pas Noone était bien là, tout entier, tout en rien Chez Noone, il ne se passe rien, il se passe tout. Comme personne, en personne, à la fois présent comme tout le monde Mais aussi ailleurs comme personne Et puis soudain, à partir de rien, la guerre ravageuse apparut : Misère, désolation, stupidité,…éternelle phoenix noir Mais le verbe qui trempe dans l'insolence, Se dressa pour entamer l'ultime chance de voyage Pour écarter les murs d'en face sur lesquels on ne voit rien Si ce n'est des étoiles et des arcs-en-ciel Ce soir, j'ai entendu les mots qu'il faut jeter à l'eau Et ceux qu'il faut garder au chaud Les mots des songes, les mots des vagues J'ai senti les larmes des conteurs de mots J'ai reçu leurs mots vivants, parfois solitaires, des mots de rien et des mots de tout. Et j'ai compris que les mots c'est nous. Sans prévenir deux compères sont apparus, contant une histoire de sots assis et de sots debout Seuls les intellectuels couchés ont pu apprécier Ce soir, brutalement tous ces mots sont venus chambouler Mon émotion qui en un instant m'a submergé J'en ai, je l'avoue un moment perdu pied Mon entendement s'est effrité, mon intellect a dévissé Disparu le sens des mots prononcés, finie leur intention,
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Evaporées les idées véhiculées : Seulement des sons dans mes oreilles vagabondes Le moment est trop intense, je décroche, je m'envole Je me méprends, j'interprète, je fais fausse route : M'apparaît une liste unique de mots qui ont droit de cité oubliant la réserve pertinente prodiguée par l'homme de l'art Afin d'abandonner les poncifs verbeux au sujet de quelques mots usés À bien border pour être percutants poétiquement. Mon moment d'égarement de la soirée, sans doute Devant une telle intensité, je suis parti ailleurs Mon espace-temps s'est fragmenté : tic tac tic toc…. D'un côté je m'en fous car je préfère le QE pour choisir les mots De ces minutes émotionnelles d'apprenti greffier en émoi. Même s'ils ne sont pas fidèles à la réalité, que l'on me pardonne Ce n'est pas la peine et la laine qui comptent Ni la parfaite conformité de l'émotion aux sens des mots Ce qui compte avant tout, c'est le sourire des mots et le thé en offrande. Que l'on ne reçoit Noone part ailleurs qu'au Gué Semoir.
QE = quotient émotionnel
Toulouse, le 12 juin 2025
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CATHERINE DE MONPEZAT
Si tous ces mots vous charment C'est pour vous faire la fête Et votre cœur en larmes Changera bien de tête.
Tant et autant de mots qu'il faut garder au chaud...
S'ils sont trop insolents Aussi justes que libres C'est qu'ils cachent au-dedans Un monde en équilibre. S'ils vous parlent en secret C'est toujours en amis : Aubade improvisée Qui sourit à la vie.
S'ils vous prennent le cœur Et même s'ils vous toisent Surtout n'ayez pas peur C'est vous qu'ils apprivoisent.
S'ils sont fous et de feu S'ils sont doux, généreux, C'est à vous voir heureux Qu'ils se prennent au jeu.
Mais parfois ils se taisent Ils sont mal dans leur peau Ils disent le malaise D'un monde qui est faux.
Tant et autant de mots qu'il faut garder au chaud... Tant et autant de mots qu'il faut jeter à l'eau... Sais-tu bien ce qu'est la peine? Ne dis rien et sois sans haine Réchauffe-toi sous la laine Des mots doux de mes fredaines.
Sais-tu bien ce qu'est la joie? Ne dis rien mais garde-toi Des regards jaloux et froids Donne-toi le cœur en croix.
Sais-tu bien ce qu'est la peur? Ne dis rien, cueille une fleur Et pose-là sur ton cœur: S'envolera ta douleur.
Sais-tu bien ce qu'est la mort? Ne dis rien mais reste fort... En amie, elle vient encore Te purifier comme l'or.
Sais-tu bien ce qu'est le mal? Ne dis rien, tombe à genoux Pleure et ouvre tes mains sales Dieu te donne rendez-vous.
Sais-tu bien ce qu'est l'enfant? Ne dis rien et prends le temps De lui dire, tout en jouant, Que Dieu l'aime et qu'Il l'attend.
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Sais-tu bien ce qu'est la paix? Ne dis rien et fais silence Devant tant de bras croisés, Devant tant d'indifférence.
Sais-tu bien ce qu'est la vie? Ne dis rien : accueille-là Comme elle vient: bonne ou transie Ton regard l'embellira.
Sais-tu bien ce qu'est l'amour? Ne dis rien, va ton chemin Jusqu'au bout et sans détour... Garde ouvertes tes deux mains.
..................... Vous parlez bien d'aimer?
Pourquoi votre regard est-il toujours absent? Vous parlez bien d'aimer, mais c'est avec des gants. Vous dites qu'il faut faire mais sans engagement C'est
bien facile à dire, rassurant mais navrant.
Pourquoi trop rectifier, repriser, redresser les bossus, les boîteux. Laissez-les donc marcher! La vie se manifeste, comme elle peut, comme elle est Et si elle vous dérange, c'est pour vous libérer... Pas comme il faut, c'est vrai: au diable la sainteté! Pourquoi anesthésier la foi, la charité? Ce sont deux grandes dames qui doivent s'exprimer Si elles vous font peur: allez-vous faire soigner pendant que l'espérance trinque à votre santé.
Et si vos coups d'essai ne sont pas coups de maître, Ne baissez pas les bras pour faire vivre les êtres! Un peu d'air s'il vous plaît, ça suffit pour renaître. Les jugements de plomb envoyez-les donc paître!
S'il s'agit d'enfanter, il y aura déchirure Renaître de l'Esprit et dans le temps qui dure, c'est aussi reconnaître Dieu dans l'aventure; découvrir son visage sous les caricatures.
Ainsi notre regard se fera plus présent Il répandra de l'or sans demander d'argent et il habillera vieillards, femmes et enfants de soleil et de vie comme fleurs au printemps.
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HENRI DE MONPEZAT
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JACQUES PRÉVERT
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SVANTE SVAHNSTRÖM
Gloses élimées en turbulence martiale
I A travers la déchirure de l’absence le câlin doux du sourire de l’enfant Mais derrière la transparence de mon âme émerge de mon cœur le cri qui brise l’innocence du silence Le chant de l’oiseau revenu réconcilie
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II Le dragon en chêne s’invente un cri d’assaut Quand se muscle l’aquilon la voile ne peut freiner la déchirure qui ralentit la course conquérante A l’approche de la terre à dévaster un oiseau noir tue le silence d’avant l’ivresse des glaives Le second corbeau sur le drakkar entonne le chant guerrier croasse à l’unisson conjure l’absence du maître Odin Au banquet des vaillants le sourire des Walkyries émoustille et la mousse de la bravoure corrompt la transparence de l’hydromel Le cœur du combattant tombé repaît les charognards Avec volupté, avec épouvante l’enfant d’un âge dématérialisé télécharge vers son âme numérique des runes d’horreur et d’aventure des sauvageries d’antan
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