mercredi 1 octobre 2025

MOTS

 



AUTEURS

Nanou Auriol**
Saïd Benjelloun
Claudine Candat
Miloud Chabanne *
Lise Durand
Marina Mariotti
Didier Metenier
Philippe Gilbert (résumé-commentaire-poème des textes dits)
Catherine de Monpezat
Henri de Monpezat**
Jacques Prévert**
Svante Svahnström

Présenté par :
Didier Metenier *
Nanou Auriol **



NANOU AURIOL

…………………

SAÏD BENJELLOUN

………………..

   CLAUDINE CANDAT

LA POÉSIE

Je suis l’orage ravalé l’éclair barré
Entre les dents de la violence,
La jument aux rênes de vent
Qui rumine la tempête.
Je suis la bavure des plages,
Neige, pèlerinage des corbeaux,
La bouteille des matelots sans navire.
Je suis la gifle des dimanches,
La blessure du quotidien
Au seuil des minutes bancales.
Je suis les lèvres modulées
A toutes les pages,
L’image aux yeux crevés qui boit le silence.
Je suis la fontaine qui lance
La soif aux mirages,
La faim crucifiée des lèvres
Aux croix des vendanges.
Je suis le poisson qui fuit, lune des rivières,
Vers l’océan, relent d’aventure.
Je suis le poulpe qu’enlacent
Les cris des noyés,
Le vin vomi des festins, la nappe souillée d’ordures.
Je suis la main brisée des offrandes,
Le sourire sans visage
Tendu aux joues des douleurs.
Je suis l’ignorance aux sandales d’or,
Pointes de soleil vers la terre sombre,
Je suis l’étoile aux branches brisées
Pendue au couchant comme au cou des hommes,
Je suis la coupure d’or aux yeux des enfants,
La fusée qui éclate sur les servitudes.
Je suis la timbale amère du soldat
Peuplée de balles et de grenades,
Le fusil déchiré aux ronces du sang.
Je suis la révolte aux raisins noirs
Foulés aux pieds de l’écriture,
Je suis la suprême insulte
Ferment des cerveaux meurtris,
La mémoire resouvenue,
Le futur à reculons.
Je suis le verbe qui trempe
Dans les puits de l’insolence,
Le seau lourd de larmes
Aux margelles de l’amour.
Je suis le murmure qui rampe
Entre les doigts des forêts,
Les yeux verts comme fenêtres
Fermés aux cils des prairies.
Je suis la lampe qu’allume
Le baiser de l’univers,
La brûlure du langage
Dans la poitrine des mers.
Je suis et ne suis que pour être
Dans les bouches, déchirée,
La source où la nuit s’empoisonne,
Où la lumière déteint
Et je ne meurs que pour être
Sur mes banquises, exilée,

L’ULTIME CHANCE DE VOYAGE.

Claudine Candat, Mon opium est dans mon cœur, Éditions Il est Midi, 2024

…………………………………….

MILOUD CHABANNE

Sans papier les mots se perdent
Pas de page pour les accueillir...

Que les mots sans papier apparaissent
Ce n'est pas le papier qui fait l'homme
C'est l'homme qui fait le sans papier
Ce n'est pas le papier qui fait le sans papier
C'est l'homme qui fait de l'homme un sans papier.

"Papyrus" (extrait), 31 Poèmes, Miloud Chabanne

…………………………………………….

LISE DURAND

Les mots, la poésie
Je m'en fous.
Le pouvoir, l'argent
Les diplômes, le QI
Les publications
Les brevets
Tout ce que j'ai fait
Et écrit
Je m'en fous.
La position sociale
La mienne
Celle
Des ascendants
Celle
Des descendants
Je m'en fous.
La couleur 
De la peau
Les origines
Les religions
Les sciences
Les croyances
Je m'en fous.
Mon dieu
Si vous existez
Donnez-nous
Un bon QE
Et un peu
De bonté.
Le reste
Je m'en fous !

QI signifie quotient intellectuel et QE quotient émotionnel
                                                       
                       Toulouse le 8 juin 2025
                                                
………………………….

Tic-tac, tic-tac, tic-tac
Dit le vieux réveil.
Tic-tac, tic-tac, tic-tac
Le temps nous est 
Compté.
Tic-tac, tic-tac, tic-tac
Tout va bien
Inutile de s'agiter.
Tic-tac, tic-tac, tic-tac
Les mots surgissent.
Tic-tac, tic-tac, tic-tac
Il n'y a plus qu'à écrire.
Tic-tac, tic-tac, tic-tac.
                                           
             Toulouse le 31 mai 2025 

Je n'ai rien              
A dire à personne                                                J'ai liquidé
Tout mon passé
Et celui
Qui m'a fait rire
Et celui
Qui m'a fait pleurer.
Pour le temps
Qu'il me reste à vivre
Les mots ne sont
Que des soleils
Des étoiles
Des arcs-en-ciel
Je vis.
               Toulouse le 23 mai 2025
……………….

Je regarde
Le mur d'en face
Eclairé par le soleil
La lumière
Mes yeux rejoint.
La paix est
Plus grande que
L'espace
Quand les mots
Ne servent plus
A rien
Quand doucement
Ils s'effacent
Comme des fleurs
Sans lendemain.
Hélas
Tu regardes
Le mur d'en face
Et dans les cœurs
Tu ne vois rien.
                                                                                    
                Toulouse le 23 mai 2025


Les mots, la poésie
Je m'en fous.
Le pouvoir, l'argent
Les diplômes, le QI
Les publications
Les brevets
Tout ce que j'ai fait
Et écrit
Je m'en fous.
La position sociale
La mienne
Celle
Des ascendants
Celle
Des descendants
Je m'en fous.
La couleur 
De la peau
Les origines
Les religions
Les sciences
Les croyances
Je m'en fous.
Mon dieu
Si vous existez
Donnez-nous
Un bon QE
Et un peu
De bonté.
Le reste
Je m'en fous !

QI signifie quotient intellectuel et QE quotient émotionnel
                                                       
                       Toulouse le 8 juin 2025
                                                
………………………….

Tic-tac, tic-tac, tic-tac
Dit le vieux réveil.
Tic-tac, tic-tac, tic-tac
Le temps nous est 
Compté.
Tic-tac, tic-tac, tic-tac
Tout va bien
Inutile de s'agiter.
Tic-tac, tic-tac, tic-tac
Les mots surgissent.
Tic-tac, tic-tac, tic-tac
Il n'y a plus qu'à écrire.
Tic-tac, tic-tac, tic-tac.
                                           
             Toulouse le 31 mai 2025    

Je n'ai rien                                                                                                                                                          A dire à personne
J'ai liquidé
Tout mon passé
Et celui
Qui m'a fait rire
Et celui
Qui m'a fait pleurer.
Pour le temps
Qu'il me reste à vivre
Les mots ne sont
Que des soleils
Des étoiles
Des arcs-en-ciel
Je vis.
               Toulouse le 23 mai 2025
……………….

Je regarde
Le mur d'en face
Eclairé par le soleil
La lumière
Mes yeux rejoint.
La paix est
Plus grande que
L'espace
Quand les mots
Ne servent plus
A rien
Quand doucement
Ils s'effacent
Comme des fleurs
Sans lendemain.
Hélas
Tu regardes
Le mur d'en face
Et dans les cœurs
Tu ne vois rien.
                                                                                    
                Toulouse le 23 mai 2025








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MARINA MARIOTTI
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DIDIER METENIER

noone
un mot, qu'est-ce qu'un mot?

noone
un mot, un seul
un deux en un
ce sont deux mots
en un seul mot

noone
pourquoi autant chérir ce mot?

et puis ce mot
ce petit mot
qui est-il?
d'où vient-il?
ce petit mot cher à Cummings
et qu'en est-il au juste de ce noone
qui se présente ainsi à nous?

de fait c'est un rien
et c'est un tout
a priori
c'est négligeable
c'est trois fois rien
et trois fois rien
c'est rien du tout
 
et après tout
certains diront
ce n'est personne
un "point" c'est tout

oui mais voilà
venu de nulle part
ce drôl' de mot

ce  noone n'est pas
n'importe quoi
en sa pleine acception
c'est tout... ou rien
et c'est pas tout...    
ainsi créé
même en anglais
c'est un néologisme
ainsi créé
même en anglais
il est intraduisible

ce mêm' pas un
ce drôl' de nom
ce n'est personne
et pourtant
mine de rien
l'amour...
tenez-vous bien
l'amour lui-même
oui l'amour en Personne
ne saurait ignorer
le bonheur
qui "nous" somme
(s)

En anglais :
noon - (soleil au) zénith
no one - personne
noone - néologisme cummingsien (intraduisible)
 
Nota bene :
E.E. Cummings – poète américain (1894-1962)
………………………………….

PHILIPPE GILBERT

Du côté de chez Noone

Ce soir, j'avais rendez-vous avec Noone, mais je ne le savais pas
Noone était bien là, tout entier, tout en rien
Chez Noone, il ne se passe rien, il se passe tout.
Comme personne, en personne, à la fois présent comme tout le monde
Mais aussi ailleurs comme personne
Et puis soudain, à partir de rien, la guerre ravageuse apparut :
Misère, désolation, stupidité,…éternelle phoenix noir
Mais le verbe qui trempe dans l'insolence,
Se dressa pour entamer l'ultime chance de voyage
Pour écarter les murs d'en face sur lesquels on ne voit rien
Si ce n'est des étoiles et des arcs-en-ciel
Ce soir, j'ai entendu les mots qu'il faut jeter à l'eau
Et ceux qu'il faut garder au chaud
Les mots des songes, les mots des vagues
J'ai senti les larmes des conteurs de mots
J'ai reçu leurs mots vivants, parfois solitaires,
des mots de rien et des mots de tout.
Et j'ai compris que les mots c'est nous.
Sans prévenir deux compères sont apparus,
contant une histoire de sots assis et de sots debout
Seuls les intellectuels couchés ont pu apprécier
Ce soir, brutalement tous ces mots sont venus chambouler
Mon émotion qui en un instant m'a submergé
J'en ai, je l'avoue un moment perdu pied
Mon entendement s'est effrité, mon intellect a dévissé
Disparu le sens des mots prononcés, finie leur intention, 

Evaporées les idées véhiculées :
Seulement des sons dans mes oreilles vagabondes
Le moment est trop intense, je décroche, je m'envole
Je me méprends, j'interprète, je fais fausse route :
M'apparaît une liste unique de mots qui ont droit de cité
oubliant la réserve pertinente prodiguée par l'homme de l'art
Afin d'abandonner les poncifs verbeux
au sujet de quelques mots usés
À bien border pour être percutants poétiquement.
Mon moment d'égarement de la soirée, sans doute
Devant une telle intensité, je suis parti ailleurs

Mon espace-temps s'est fragmenté : tic tac tic toc….
D'un côté je m'en fous car je préfère le QE pour choisir les mots
De ces minutes émotionnelles d'apprenti greffier en émoi.
Même s'ils ne sont pas fidèles à la réalité, que l'on me pardonne
Ce n'est pas la peine et la laine qui comptent
Ni la parfaite conformité de l'émotion aux sens des mots
Ce qui compte avant tout, c'est le sourire des mots et le thé en offrande.
Que l'on ne reçoit Noone part ailleurs qu'au Gué Semoir.

QE = quotient émotionnel

Toulouse, le 12 juin 2025

……………………………….

CATHERINE DE MONPEZAT

Si tous ces mots vous charment
C'est pour vous faire la fête
Et votre cœur en larmes
Changera bien de tête.

Tant et autant de mots qu'il faut garder au chaud...

S'ils sont trop insolents
Aussi justes que libres
C'est qu'ils cachent au-dedans
Un monde en équilibre.
  
S'ils vous parlent en secret
C'est toujours en amis :
Aubade improvisée
Qui sourit à la vie.

S'ils vous prennent le cœur
Et même s'ils vous toisent
Surtout n'ayez pas peur
C'est vous qu'ils apprivoisent.

S'ils sont fous et de feu
S'ils sont doux, généreux,
C'est à vous voir heureux
Qu'ils se prennent au jeu.

Mais parfois ils se taisent
Ils sont mal dans leur peau
Ils disent le malaise
D'un monde qui est faux.

Tant et autant de mots qu'il faut garder au chaud...
Tant et autant de mots qu'il faut jeter à l'eau...

Sais-tu bien ce qu'est la peine?
     Ne dis rien et sois sans haine
Réchauffe-toi sous la laine
     Des mots doux de mes fredaines.

Sais-tu bien ce qu'est la joie?
     Ne dis rien mais garde-toi
Des regards jaloux et froids
     Donne-toi le cœur en croix.

Sais-tu bien ce qu'est la peur?
     Ne dis rien, cueille une fleur
Et pose-là sur ton cœur:
     S'envolera ta douleur.

Sais-tu bien ce qu'est la mort?
     Ne dis rien mais reste fort...
En amie, elle vient encore
     Te purifier comme l'or.

    
Sais-tu bien ce qu'est le mal?
     Ne dis rien, tombe à genoux
Pleure et ouvre tes mains sales
     Dieu te donne rendez-vous.

Sais-tu bien ce qu'est l'enfant?
     Ne dis rien et prends le temps
De lui dire, tout en jouant,
     Que Dieu l'aime et qu'Il l'attend. 

Sais-tu bien ce qu'est la paix?
     Ne dis rien et fais silence
Devant tant de bras croisés,
     Devant tant d'indifférence.

Sais-tu bien ce qu'est la vie?
     Ne dis rien : accueille-là
Comme elle vient: bonne ou transie
     Ton regard l'embellira.

Sais-tu bien ce qu'est l'amour?
     Ne dis rien, va ton chemin
Jusqu'au bout et sans détour...
     Garde ouvertes tes deux mains.

.....................


Vous  parlez bien d'aimer?

Pourquoi votre regard est-il toujours absent?
Vous parlez bien d'aimer, mais c'est avec des gants.
Vous dites qu'il faut faire mais sans engagement
C'est bien facile à dire, rassurant mais navrant.                                                                                            
 
Pourquoi trop rectifier, repriser, redresser
les bossus, les boîteux. Laissez-les donc marcher!
La vie se manifeste, comme elle peut, comme elle est
Et si elle vous dérange, c'est pour vous libérer...
Pas comme il faut, c'est vrai: au diable la sainteté!
   
Pourquoi anesthésier  la foi, la charité?
Ce sont deux grandes dames qui doivent s'exprimer
Si elles vous font peur: allez-vous faire soigner
pendant que l'espérance trinque à votre santé.

Et si vos coups d'essai ne sont pas coups de maître,
Ne baissez pas les bras pour faire vivre les êtres!
Un peu d'air s'il vous plaît, ça suffit pour renaître.
Les jugements de plomb envoyez-les donc paître!

S'il s'agit d'enfanter, il y aura déchirure
Renaître de l'Esprit et dans le temps qui dure,
c'est aussi reconnaître Dieu dans l'aventure;
découvrir son visage sous les caricatures.

Ainsi notre regard se fera plus présent
Il répandra de l'or sans demander d'argent
et il habillera vieillards, femmes et enfants
de soleil et de vie comme fleurs au printemps.

..........................................

HENRI DE MONPEZAT

………………………………

JACQUES PRÉVERT

……………………………

SVANTE SVAHNSTRÖM

Gloses élimées en turbulence martiale

 

I
A travers la déchirure de l’absence
le câlin doux du sourire de l’enfant 
Mais derrière la transparence de mon âme 
émerge de mon cœur le cri 
qui brise l’innocence du silence
Le chant de l’oiseau revenu réconcilie

II
Le dragon en chêne s’invente un cri d’assaut
Quand se muscle l’aquilon
la voile ne peut freiner la déchirure 
qui ralentit la course conquérante
A l’approche de la terre à dévaster
un oiseau noir tue le silence
d’avant l’ivresse des glaives
Le second corbeau sur le drakkar
entonne le chant guerrier
croasse à l’unisson
conjure l’absence du maître Odin
Au banquet des vaillants
le sourire des Walkyries émoustille
et la mousse de la bravoure 
corrompt la transparence de l’hydromel
Le cœur du combattant tombé repaît les charognards
Avec volupté, avec épouvante
l’enfant d’un âge dématérialisé 
télécharge vers son âme numérique 
des runes d’horreur et d’aventure
des sauvageries d’antan