mardi 27 octobre 2020

Musique


 


AUTEURS

                                      

Claude Juliette Fèvre
Didier Metenier
Jean-François Hérouard
Georges Perec *
André Prodhomme *
Patrick Quiller *
Svante Svahnström

* - présenté par Svante Svahnström

 
 

CLAUDE JULIETTE FÈVRE

Un texte que j'ai écrit au cours d'un  atelier que j'animais. Je faisais écouter Keith Jarret ce jour là de mars 2007 . C'est en écoutant "The Köln Concert" que j'aime tant que me sont venus ces mots sans prétention
 
O petite voix venue du fond de mon âge
Pauvre de moi
Je t’ai cherchée dans ce monde sans âme
J’ai crié à tue tête pour que tu m’entendes enfin
 
O petite voix venue du fond de mon âge
Il s’enfuit le temps de la désespérance
Et des tempêtes dans mes voiles
J’échapperai aux faussaires aux voleurs
Puisque tu le veux bien
 
Chantons mon Amie
Dansons mon amie
Ces notes colorées du bleu de ton ciel

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JEAN-FRANÇOIS HÉROUARD
 
SAXSISYPHE
 
Ça hulule/ça mugit/ça turbule dès l’entrée du club, mais ça jazz module quand même. Passée la porte,  en deux pas tu touches à l’estrade, minuscule arène où corne le sax, tu te reçois sidéré pleine face une bordée de sons hirsutes.

ÇA BOUSCULE !

Rares fissures dans ce tohu-bohu, on n’y entre pas si facilement. Faire confiance, malgré l’ouïe déçue, l’offrande  musicale déjouée,  les prévisions comme la mémoire déroutées, oui c’est ça, déroutées, hors-piste, et tout schuss. Il faut t’abandonner à cette phrase sorcière, se lovant sur elle-même à la recherche de son origine perdue, lovée, lovée         /envolée.

Vite, sortir de la souricière, sortir, vite  une p’titecitation, conscience espiègle de la mise à l’épreuve du matériel sonore, mais aussi retour sincère aux sources :

COUP D’BLUES.

Et d’un clic d’anche, le tumulte bascule : roucoul d’oiseau, murmure de ru coulant d’une flûte à peine audible.

Et c’est reparti. Au calme succède un nouveau déchaînement. Un volcan couvait sourdement, pour exploser sourdain, n’exploser que pour retomber dans un calme inquiet. Des plaintes annoncent déjà la prochaine éruption, angoissantes par l’ignorance du quand de la convulsion            /certaine. Contre temps flottants, tessitures écartelées, volumes exacerbés puis décroissant jusqu’au souffle à peine audible, à peine audible, à peine.

Sur lui Dolphy resserre les cercles de sa musique vers son centre de silence, silence de mort. Pour échapper à la grille des accords, au désaccord …raciste ? Mais si le musicien se repliait, le monde hostile aussitôt mastiquerait les issues. Un SURSAUT toujours l’arrache au silence. Yeux clos, masque crispé, grand corps plié, la colonne d’air jusqu’au bout du diaphragme vers le silence. Léger bruit des ailes du silence.

Asphyxié le saxo/s'ouvre la trachée/à coups de hach’ cotonneuse.

Contre le silence. De chacune de ses chutes, Sisyphe se relève Sisyphe se relève, se relève. D’un chaos bataclan, une nouvelle phrase surgit, bacchante ardente. Il faut en temps réel trier, sélectionner, organiser des rythmes, des harmonies, jusqu’à des mélodies

CELA S’APPELLE L’IMPRO,

il faut en épuiser toutes les ressources, toutes, quitte à les trancher net, acier de l’alto, ou à les étouffer dans un gémissement, un soupir, un gargouillis de clarinette basse. Fin de partie.

Entre éclats entre rets/ l’instrument s'exténue/ bascule en spirale, s'épanche en nappes/et clame enfin son brame.

Et ça repart. S’en fout la mort : fougueux, déboîtés, agités, biscornus, émiettés, les heurts entre fragments imprévisibles forment une moire de phrases pleines de nœuds prêtes à bifurquer au premier embranchement. De l’eau entre les doigts.

Malgré tout, la vie à pleins bords, sans bords. Turbulente.

En mémoire d’Eric Dolphy, entendu au « Chat qui pêche »peu avant sa mort à Berlin (juin 1964). Ce poème, par les moyens de la phonétique et de la syntaxe, voudrait évoquer son style. Il est fait pour être lu publiquement, et fortement. JFH
 
in Anthologie de l’Atelier Poésie de Cognac N° 35 « Turbulences ». 
 

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DIDIER METENIER
 
Toutes ces chansons là...
ne sont que des galets

les galets noirs ou blancs
d'un fleuve ch
amarré !!!

Ces galets empilés
qui dans nos murs
se fondent
toulousain d'attirance
j'ai soif de m'y fonder...
J'ai faim de mes racines
(j'en cherche l'origine)
faim d'entrevoir la fin...
soucieux à toutes fins
d'ausculter le destin...
J'ajuste ces paroles
comme autant de galets
d'un fleuve qui m'inonde
de mots et de couplets.
Je m'adresse à l'oreille...
et je m'adresse à l'oeil !!!

Je fouille la mémoire
et dans cette Mer Noire
je trouve le berceau
dans nos murs et dans l'eau
de l'Etoile de Mère...

                      à Claude Nougaro
 
N.B.:  retranscrits en italiques quelques emprunts admiratifs à un texte manuscrit du chanteur.
           (Maison Nougaro Toulouse)

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GEORGES PEREC

Si vous avez besoin d'aide pour identifier ces musiciens, allez en bas de cette page
 
J’au liane qu’ânonne ballades et relai
L’ouie s’arme et je te ronge !
Qu’honte Bey scie !
Cid n’est Beckett
Bic se baille des rebecs
Barre n’est Bigeard
Glyphes hors des bras : aunes
D’hâve bru, becte !
Qu’haine ne nie que l’Arc !
Jaune col traine
Maille se dévisse
Dis : où qu’est ligne : Tonne !
Elle a fils, râle
Erre ou l’Hagard n’erre
Cet âne égaie tsé-tsé
Dis-y :Gilet « Psy »
Béni goût de manne
Comme émane au Quinze
Houx d’hier : manne
J’ai geai jaune : sonne !
File, y jaune aunes !
Relent de Kir : queue
L’icône nie Tseu
Je ne crus pas
Tell honni housse manque
J’ai rime : Hooligan
Char lit par cœur
Oh ce car petit ? Ford ?
Bout de peau vêle
Son nie rôle « in »
Cour les Roussel
Hors, à ces sylphes erre
Zut, y singe le ton
Oui, lis ce mythe, zèle à Yonne
Ces îles, tais l’or
Le nid, triste anneau
Fath, soûl, à l’heure
Coutil, oui, lie âmes
Laisse taire, Young !
 
Qu’est-ce ? J’arrête !
 
in Vœux, 1989
 
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ANDRÉ PRODHOMME
 
Billie et compagnie
 
Billie Holiday et Lester Young
Manquent un peu de souffle
 
C’est pour être plus près de nous
 
Monk
Affole de ses deux mains un clavier noir et blanc
 
Il remet l’homme à sa place initiale
 
Pour chanter les fraternels et étranges fruits rouges
Pour être de la ballade des pendus
 
Il faut qu’une femme se donne
 
Billie
Se fait cogner
S’échappe vers Lester
Puis revient se faire cogner
 
John Coltrane
Est un phénomène atmosphérique
Il a un regard d’aigle
 
Il nous repère
 
Miles Davis
Crée un son qui est un legs
 
Chaînon nécessaire à leur reconnaissance mutuelle
Count Basie Duke Ellington
Oncles bienveillants
Les font patienter
Brouillent les pistes
Sans qu’ils s’y perdent
 
Billie Près John Thélonius Miles
Absorbent des substances qui les incendient de l’intérieur
 
Accélèrent l’allure
 
Quant à moi
Ils ne peuvent me surprendre
Dans ce big band ocre
D’où je scrute l’horizon
 
 
 in Poèmes accordés, Lettre à Laurent

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PATRICK QUILLER
 
Cantus Firmus

1.
Dans le poème
dire à jamais
dire sans cesse
qu’on ne dit jamais que l’émoi de dire
qui dit le poème
et l’émoi de dire
et le poème.
Chant affirmé aux failles des mélismes, dans
les syncopes capiteuses où mugit le
fantasque buffle fantôme du poème.
Douceur ferme sur les rumeurs. Folie de dire
à quelques favoris du souffle, proches, lointains, à
la vaste oreille du temps toujours ouverte, jamais
en défaut,
Ces pauvres grognements. Saveur de dire
la mêlée des syllabes dans la salive, le cri sans
Moi ni loi qui dans les murmures maraude sans cesse,
le hoquetus, quête d’échos et de caresses, qu’on
balbutie de quinte en quinte. Personne ne
Ahane ici, ni s’y dédit des dilemmes, oh les mots, où se dit,
ou séditieux, la douce amphibolie des mélodies jamais
complètes. Cantique fier de ses ambages, de ses ramages que
la rage de l’officiant arrache sans cesse à l’émoi.
Chant de fureurs, de mers, chant de déserts, de
silences, de vélaires et escentes, chant pour dire
la dormition des dentales dans le déluge dédale qui
envahit l’ouïe, chant qui ne se tient jamais pour dit.
Ferveur du chant pour le chant, du cantique pour le
cantique, ferveur des variations pour la fermeté du poème.
Chant pour dire l’abolition louée par les labiales et
les sifflantes sur toutes les finales. Chant pour l’émoi
et du vertige au-dessus des chairs effleurées, chant de
l’aboi, de l’hallali, de l’arroi remuant les rimes.

 
in Office des murmures

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SVANTE SVAHNSTRÖM
 
Môme
 
Mollets écartés
l’éternelle étoffe noire suspendue autour des genoux
pattes  courtes en bas d’un torse difforme
Sous cette carapace s’aggrave chaque jour
la mutinerie des entrailles
et sous une ombrageuse robe sont dissimulées mamelles et souffrance
d’une vie sans regrets qui se contemple en rose
Une pilosité frisée couronne la tête de l’insecte au sang chaud
Debout seul devant la masse avide
le coléoptère met en vibration ses cordes et les nations
Irrésistible Bête à bon Dieu à la gorge enchantée
 
Des notes bourdonnent
appellent les intestins du monde
sans détour et sans malentendu
La voix
est l’aventure de cinq millions d’années hominidées
Ces cordes endolories chargées d’expérience
cette caisse de résonance que l’amour a guettée
ces lèvres trahies qui s’affirment gâtées par l’amour
cette menue existence fragile et brève
livrent ensemble aux continents
un chant de consolation
des refrains percés d’espérance
une promesse d’amour
éperdu corrosif
toujours plus douloureux
toujours plus désiré
 
Les vivants ont beau savoir déjà
ils redemandent
La voix
répond au bouleversant besoin des vivants
réapprend aux vivants la leçon qui déchire
Adorable sombre coccinelle
 
in Hocus Corpus



 
Le Néant est
Déjà  jusqu’à
                                   trois organes pénètre le vide
               propulsés dans le comansment
se cherchent      
                     s’évitttent            
      sö röconess
l’un é troi chacun est l’otre
Trancefini le repos                 de l’attenzte
déluj de decibelle
boulets    de    bruis     moulaids
Untersuction de parallèles
sous les coulers de jaculation quantique
             Unité triple indeutroy
Le solfaige un détroit
             entre partiqulles
de Kréationts séparééez
L’instant ou Rien s’ambrase
l’espace less passer les picosecondes et
repentir le teintemant du tamps
sur le fond d’un autre Uriners
la m    u  s   i  q u    e
expension    aixpention

 

Concert d’improvisation donné par le saxophoniste Christophe Monniot au club des Sept lézards à Paris, avril 1999
 
in Hocus Corpus




Toréer
So la so mi mi
mirè mi pha mi
 
Le regard de la mort craint l’énigme du feu
sacré de la chair de cristal de l’Homme
 
Traduit du :
Basque–mapuche–vietnamien–chinois–newari
houaïlou–japonais–vietnamien–ladhaki
 
in Navigateur au sommet du vide


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GEORGES PEREC

Les jazzmen démasqués

J’au liane qu’ânonne ballades et relai
L’ouie s’arme et je te ronge !
Qu’honte Bey scie !
Cid n’est Beckett
Bic se baille des rebecs
Barre n’est Bigeard
Glyphes hors des bras : aunes
D’hâve bru, becte !
Qu’haine ne nie que l’Arc !
Jaune col traine
Maille se dévisse
Dis : où qu’est ligne : Tonne !
Elle a fils, râle
Erre ou l’Hagard n’erre
Cet âne égaie tsé-tsé
Dis-y :Gilet « Psy »
Béni goût de manne
Comme émane au Quinze
Houx d’hier : manne
J’ai geai jaune : sonne !
File, y jaune aunes !
Relent de Kir : queue
L’icône nie Tseu
Je ne crus pas
Tell honni housse manque
J’ai rime : Hooligan
Char lit par cœur
Oh ce car petit ? Ford ?
Bout de peau vêle
Son nie rôle « in »
Cour les Roussel
Hors, à ces sylphes erre
Zut, y singe le ton
Oui, lis ce mythe, zèle à Yonne
Ces îles, tais l’or
Le nid, triste anneau
Fath, soûl, à l’heure
Coutil, oui, lie âmes
Laisse taire, Young !
 
Qu’est-ce ? J’arrête !
 
in Vœux, 1989

 


 


Julian Cannonball Adderley
Louis Armstrong
Count Basie
Sidney Bechet
Bix Beiderbecke
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Bud Powell
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Horace Silver
Zutty Singleton
Willie Smith The Lion
Cecil Taylor
Lenniy Tristano
Fats Waller
Cooty Williuams
Lester Young
 
Keith Jarret