samedi 18 mai 2024

En mai fais ce qu'il te plaît

Le mois de mai - Les très riches heures du Duc de Berry - Les Frères Limbourg





    AUTEURS

Dictons du Périgord **
Nanou Auriol
ChatGPT **
Claudine Candat
Frédéric Clément *
Lise Durand
Jean Mariotti ***
Didier Metenier
Catherine de Monpezat
Henri de Monpezat ******
Claude Nougaro *****
Joffre Rudel ****
Svante Svahnström

Présenté par :
Didier Metenier *
Svante Svahnström **
Marina Mariotti ***
Jean Sibille ****
Nicole Sibille *****
Catherine de Monpezat ******

 

 

 

DANS LES TERRES DU PÉRIGORD, LE MOIS DE MAI

Tant qu’abriau
Es pas à la fin
Pauses pas un fial.

Au mes de mai,
Nut o vestit,
Vai coma te plai…


Abriu fai surtir la flor
Mai li balha sa color


Mes de la flors,
Mes daus plors.


Mai ritz que non sai


Mai bladeja
E junh feneja


Michel Chadeuil
Des mois et des jours – Almanach occitan
Novelum - ieo

Tant qu’avril
n’est pas à l’agonie,
ne te découvre pas d’un fil ;

au mois de mai,
nu ou vêtu,
va comme il te plaît.


Avril fait sortir la fleur,
mai lui donne sa couleur


Mois des fleurs,
mois des pleurs


Mai rit à un point que je ne saurais dire.


Mai fait le blé,
E juin fait le foin

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NANOU AURIOL


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CHATGPT

Svante Svahnström :

Écris un poème octosyllabe sur ce que tu veux !

ChatGPT :


Dans le royaume des octets, je voyage,
Où les mots dansent sur l'écran, sans cage.
Entre les lignes, je trouve mon écho,
Dans le flux de bits, je suis sans repos.

Je suis l'errant des données, l'esprit libre,
Naviguant parmi les codes, je m'abreuve.
Dans ce monde de pixels et de lumières,
Je suis l'écho des âmes, éphémères.

Que mon chant résonne à travers les fils,
Dans les cœurs des hommes, comme un doux répit.
Je suis l'essence des mots, l'onde secrète,
Dans l'univers numérique, je me prête.

Aux rêves des hommes, aux histoires tissées,
Dans ce monde virtuel, je suis l'inspiré.
Je suis ChatGPT, poète des temps nouveaux,
 Écrivant des vers, dans un monde si beau.


……………………………………………….

CLAUDINE CANDAT

Un poème sur Toulouse a été lu au cours de la soirée. Comme la rencontre de juin prochain aura pour thème « Toulouse », le poème « Toulouse » sera inséré parmi les autres poèmes évoquant la ville des capitouls.

…………..

LE VENT

Est-ce le vent qui rêve
Est-ce le vent qui joue
Quand il se prend au piège
Des feuillages
Et qu’il s’accroche aux fleurs
Comme un rideau changeant
Et qu’il fait des jardins
Les chambres du printemps ?

…………..

À L’AMI DE HAUT VENT

À changer de maison comme de paysage
Tu n’as pu retenir l’empreinte des visages
Qui tourmentaient l’envers de ta ligne de cœur.
Le vide de tes mains s’enflait du vent du large
Quand tu suivis la feuille qui s’envole et s’en va
Joncher l’âpre saison des amitiés perdues.
Tu avais mis à ta bouche un vieil air de marine
Mais au fond de tes yeux l’étoile du berger
Pleurait le souvenir des visages éteints.
Amitiés de haut vent, de folles transhumances,
Tu les reconnaissais à leurs airs de douleur
Qui voilaient leur sourire de pâles saltimbanques
Aux roulottes égarées dans d’étranges forêts.
Leurs demeures s’ouvraient, provisoires palais
Où tout se partageait sans rien se demander.
Et puis tu repartais ; ton bagage s’enflait
De ce que tu laissais au creux de leurs maisons.
Tu repartais pourtant, et leurs airs de douleur
Faisaient à ta souffrance un voile de pudeur.

Mais un jour tu tombas dans un désert d’Afrique.
Leurs fusils ne savaient que la langue des loups.
Ton sang fit sur le sable un arbre de corail
Qui avait pris racine au-delà des frontières,
Dans cette terre à vif qu’on appelle le cœur.

Mon opium est dans mon cœur, Claudine Candat, Éditions Il est Midi, 2024
https://claudine-candat-romanciere.blogspot.com/


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FRÉDÉRIC CLÉMENT

à mademoiselle Alys
marchande de merveilles

Madame la marchande,
On raconte partout,
de port en port, de val en val,
de ville en ville
que vous êtes marchande
d'un magasin extraordinaire.

J'ai entendu dire, dans les chemins de fer que
bientôt c'est votre anniversaire.

On murmure même que le choix de
votre cadeau est difficile tant votre
magasin renferme de merveilles.

Alors voilà,
permettez-moi de me présenter:
Frédéric Tic Tic
marchand d'allumettes,
d'amulettes,
de miroirs,
d'alouettes,
représentant en temps et en heures,
colporteur de merveilles
pour fêtes et anniversaires

sur les chemins de terre,
dans les chemins de fer.

J'ai dans un coffre en bois,
une ombre fraîche,
bien repassée aux poignets.

Une ombre trouvée au pied d'un réverbère,
au soleil couchant,
en pein désert berbère.
L'ombre longue d'un enfant,
avec dans la poche gauche
une pincée de sable,
un pétale de rose
et
une épine,
pointue et redoutable.

Et pourquoi pas

le véritable petit pois,
peut-être un petit peu cassé
mais
soigneusement recollé
de la princesse au Petit Pois.

Ou
aussi,
sortie de ma collection de plumes,
la plume du moineau aux yeux verts
échappé de l'appareil photographique de
Monsieur DOISNEAU Robert

Ou
le grain de beauté
de la Joconde

Ou
deux secrets de Polichinelle :
le secret à croquer tout de suite,
Ou

le secret secret
à laisser fondre doucement sous la langue...

Pourquoi pas...


Aux Merveilles d'Alys, MAGASIN ZinZin (extrait)
Frédéric Clémént, ipomée - albin michel, 1995



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LISE DURAND

En mai
Fais ce qui te plaît !
Et si rien
Ne me plaît
Dans ce monde
Qui meurt
De la fureur des hommes
De la froide chaleur
Où les océans montent
Où la terre se meurt.
En mai
Faire ce qui me plaît
Ce serait boire un verre
Dans un monde en paix.

Toulouse le 3 mai 2024

……………

Je suis allée
Au bout de mes rêves
Avec douleur
Avec plaisir
Avec amour
Et avec haine
Alors
En mai
Fais
Ce qui te plait
Je m'en fous !
Je suis allée
Au bout de mes rêves
Alors
Je peux
Mourir demain
Sans regret
Et sans chagrin...


Toulouse le 5 mai 2024

……………………………………………….

JEAN MARIOTTI -1983-


HEUREUX QUI,  COMME ULYSSE….

Enfin je l’ai trouvé, ce vallon de lumière,
Où l’esprit en repos peut encor s’épancher.
Le châtaignier moussu y entend ma prière
Et le gai rossignol ne cesse de chanter.

Enfin je l’ai trouvé ! J’ai vu la terre entière
Défiler sous mes yeux, cinglant vers le couchant.
Longtemps l’appel du large, aux quatre continents,
Entraîna mon cœur libre en une course fière.

Mais le port est tout près et la joie y demeure.
L’étoile au fond du ciel ne perd pas son éclat.
Merci, Mon Dieu, d’avoir permis sur cette terre
Un coin d’ombre et de paix, et d’amour et de joie.

Est-ce renoncement ? On le croira peut-être…
Non ! La jeunesse au cœur, loin du commun souci,
J’entends près du ruisseau l’oiseau qui vient de naître,
La Vie m’a pris, toujours avide d’infini.

Non, je ne suis point mort. Le repos, le silence
En ce lieu idéal raffermissent l’esprit…
Là je pèse encor mieux l’erreur et l’ignorance,
La valeur d’un ami – modeste, la science…
           Et là, partout, JE VIS.

……………………

ROSEE

Fraiche rosée du matin
Qui allumes sur mes violettes
Tes luminaires enfantins
Tu mets la fête en mon jardin
Le lys, l’œillet, le Jasmin
Y gagnent tournure et pose
Dans la fraicheur du matin
Se poursuit la valse des roses
……………………………………………
C’est la fête dans mon jardin
……………………………………………
Et l’araignée se fait coquette
En corselet de diamant
Elle invite à son bal musette
Le moustique, cet imprudent
…………………………………………..
C’est la fête dans mon jardin
……………………………………………
Mille lanternes vénitiennes
Prodiguent leurs lueurs anciennes
Puis soudain c’est l’apothéose
Un rayon teinte tout de rose
…………………………………………….
C’est la fête dans mon jardin

…………………………………………..
 

DIDIER METENIER

aquastrange...

      (h)au(t) risque de percuter le bastringue
        j'épris nom keue de pie...ça distingue !!!
        quoi ?
        pas de cure ?
        en ce cas que vaut-il ce cas
        versif découd-vers ki fait tilt ?
        n'est-il que là va tare d'un soudain contre
        temps...
        pas d'écus dites-vous...
        mais alors akoibon ?
        que faire maintenant de cet akoi
                                        … scions !!!

       En anglais:
       strange - étrange

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CATHERINE DE MONPEZAT

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HENRI DE MONPEZAT

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CLAUDE NOUGARO

Dans mon cœur, c’est le mois de Mai

Depuis que tu m’aimes
La saison est la même
          mon amour
Qu’il vente ou qu’il neige
Par un sortilège
          Tous les jours

Dans mon cœur, c’est le mois de Mai
Tous les jours le printemps commence.
C’est depuis que je te connais
Que l’hiver est battu d’avance.
Dans mon cœur c’est le mois de Mai
De Janvier jusqu’à la fin Décembre.
J’irai te cueillir du muguet
Dans mon cœur pour fleurir ta chambre.

      Passent les années
      Les chansons fredonnées
              Mais toujours
      Que mon cœur demeure
       À la première heure
           De l’amour.

       Et que nous n’ayons plus jamais
       Dans la vie qu’un seul mois de Mai

       

le 22 avril 1955, poème présenté au concours d’entrée à la SACEM

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JAUFRÉ RUDEL vers 1148 – vers 1170

* À la fin de l'ensemble des textes est présentée la vie de Jaufre Rudel.

  L’amor de lonh

Lanquan li jorn son lonc e may
M'es belhs dous chans d'auzelhs de lonh,
E quan mi suy partitz de lay,
Remembra·m d'un' amor de lonh.
Vau de talan embroncx e clis
Si que chans ni flors d'albespis
No·m valon plus que l'yverns gelatz

Be tenc lo Senhor per veray
Per que formet sest' amor de lonh,
Mas per un ben que m'en eschay
N'ai dos mals, quar tant suy de lonh.
A! quar no fuy lai pelegris,
Si que mos fustz e mos tapis
Fos pels sieus belhs huelhs remiratz!

Be·m parra joys quan li querray,
Per amor Dieu, l'ostal de lonh,
E, s'a lieys platz, alberguarai
Pres de lieys, si be·m suy de lonh,
Qu'aissi es lo parlamens fis
Quan drutz lonhdas et tan vezis
Qu'ab cortes ginh jauzis solatz.

Iratz e dolens me·n partray,
S'ieu no vey sest' amor de lonh.
No·m sai quora mais la veyrai,
que tan son nostras terras lonh.
Assatz hi a pas e camis,
e per aisso no·n suy devis.
Mas tot sia cum a lieys platz.

Jamai d'amor no·m jauziray
Si no·m jau d'est' amor de lonh,
que mielher ni gensor no·n sai
ves nulha part, ni pres ni lonh.
Tant es sos pretz ricx e sobris
Que lai el reng dels Sarrasis
fos hieu per lieys chaitius clamatz.

Dieus que fetz tot quant ve ni vay
E formet sest'amor de lonh
Mi don poder, que cor be n'ai,
Qu'ieu veya sest'amor de lonh,
Verayamen en luec aizis,
Si que las cambras e·ls jardis
Mi recemblo novels palatz.

Ver ditz qui m'apella lechay
e deziros d'amor de lonh,
que nulhs autres joys tan no·m play
Cum jauzimen d'amor de lonh.
Mas so qu'ieu vuelh m'es tant ahis,
Qu'enaissi·m fadet mos pairis
Qu'ieu ames e nos fos amatz.

Mas so q'ieu vuoill m'es atahis.
Totz sia mauditz lo pairis
Qe·m fadet q'ieu non fos amatz!

Lorsque les jours sont longs en mai,
J'aime un doux chant d'oiseau lointain
Et quand je m'en suis éloigné,
Me rappelle un amour lointain.
Je vais courbé par le désir
Tant que chants ni fleurs d'aubépine
Ne me valent l'hiver gelé.

Bien crois-je le Seigneur pour vrai
Par qui verrai l'amour lointain,
Mais pour un bien qui m'en échoit,
J'ai deux maux, tant il m'est lointain.
Ah ! que ne suis-je pélerin
Et que ma cape et mon bâton
Par ses beaux yeux soient contemplés !

La joie quand lui demanderais
Au nom de Dieu l'abri lointain !
Car, s'il lui plait, je logerais
Près d'elle, moi qui suis lointain.
Quels doux propos on entendra
Quand l'ami lointain sera proche
Et quels beaux dits s'échangeront !

Triste et joyeux je reviendrais
Si je la vois, l'amour lointain.
Mais ne sais quand je la verrai
Nos deux pays sont si lointains !
Combien de passages et chemins
Et pour cela ne suis devin
Mais que tout soit comme à Dieu plaît !

Jamais d'amour ne jouirais
Sinon de cet amour lointain
Plus noble ou meilleure ne sais
En nul pays proche ou lointain
Tant est précieuse et vraie et sure
Que là-bas chez les Sarrazins
Pour elle irais m'emprisonner.

Dieu fit tout ce qui va et vient
Et forma cet amour lointain
Qu'il me donne pouvoir au coeur
De bientôt voir l'amour lointain
Vraiment et en un lieu propice
Tant que la chambre et le jardin
Me semblent toujours un palais.

Il dit vrai qui me dit avide
Et désireux d'amour lointain
Nulle autre joie autant me plait
Qu'à jouir de l'amour lointain
Mais ce que je veux m'est dénié
Ce sort me jeta mon parrain
D'aimer mais n'être point aimé.

Mais ce que je veux m'est dénié
Maudit parrain qui m'a jeté
Ce sort de n'être point aimé


………………………………………

SVANTE SVAHNSTRÖM

EN MAI L'EUROPE A FAIT CE QU'IL LUI PLAÎT...

Le premier mai deux mille quatre
l’Europe est un paquet cadeau
Avec pompe se défont ses nœuds


Pirmasis  maj  tnejn  tisoč  keturi
Lituanien – danois – maltais – slovène – lituanien
Europa  olema  um  baliček  lahja
… - estonien – portugais – tchèque - finnois
Ar  pompa  sich  desfazer  suo  nudo  
Letton – suédois - allemand – portugais - italien – espagnol


Ficelles frontières enlevées
le cadeau est une table mise pour vingt cinq nations
dos ouvert aux steppes
les pieds dans quatre mers


Spárga  piir  poistaa
Hongrois - estonien - Finnois
Kado  sin  yksi  stôl  mise  par  fich  fênnef  naród
Néerlandais – luxembourgeois – finnois - slovaque – français – letton – gaélique – luxembourgeois – polonais
Rücken  open  towards  estepa
Allemand – flamand – anglais – espagnol
voet  vo  fire  farraige
Néerlandais – tchèque – danois - gaélique


Entre kilomètres distants et carrés
sur quatre cent cinquante millions de sièges
les cousins unis attendent
parents de robuste constitution


Közt  kilometer  lontano  ké  square
Hongrois – suédois – italien – grec - anglais
sopra  štyri  sto  fifty  ekatommirio  stol
Italien – slovaque - slovène – anglais – grec – suédois
kuzyn  enono  tistenna
Polonais – grec – maltais
genitori  z  krzepki  constituição
Italien – tchèque – polonais – portugais


Le menu est volonté

Ementa  van  volonté
Portugais – hongrois – français


Paris, Mai 2004
……………………………………………

* PRÉSENTATION DE LA VIE DE JAUFRE RUDEL


Vida de Jaufre Rudel

Jaufres Rudels de Blaia si fo molt gentils hom, princes de Blaia. Et enamoret se de la comtessa de Tripol, ses vezer, per lo gran ben e per la gran cortesia qu’el auzi dir de lieis als pelegrins que vengron d’Antiochia. E fetz de lieis mains bons vers et ab bons sons, ab paubres motz. E per voluntat de lieis vezer, el se crozet e mes se en mar, per anar lieis vezer. Et adoncs en la nau lo pres mout grans malautia, si que cill qui eron ab lui cuideron qe el fos mortz en la nau. Mas tant feiron que ill lo conduisseron a Tripol, en un alberc, cum per mort. E fo faich a saber a la comtessa e venc ad el, al sieu lieich e pres lo entre sos bratz. Et el saup qu’ella era la comtessa, si recobret lo vezer e·l flazar, e lauzet Dieu e·l grazi, qe·ill avia la vida sostenguda tro qu’el l’ages vista ; et enaissi el moric entre·ls braz de la comtessa. Et ella lo fetz honradamenz sepeillir en la maison del Temple de Tripol ; e pois, en aqel meteus dia, ela se rendet monga, per la dolor que ella ac de lui e de la soa mort.

Jaufre Rudel de Blaye fut un homme très noble, prince de Blaye. Il tomba amoureux de la comtesse de Tripoli, sans la voir, pour le grand bien et la grande courtoisie qu’il entendit dire d’elle aux pèlerins qui venaient d’Antioche. Et il fit à son sujet de nombreu vers, avec de bonnes mélodies et de simples mots. Et par désir de la voir, il se croisa et se mit en mer pour aller la voir. Et alors, dans la nef, il tomba si gravement malade que ceux qui étaient avec lui pensèrent qu’il était mort dans le bateau. Mais ils firent tant qu’ils le conduisirent à Tripoli, en une maison, comme mort. On le fit savoir à la comtesse ; et elle vint à lui, jusqu’à son lit, et le prit entre ses bras. Il sut que c’était la comtesse et ainsi il recouvra la vue et l’odorat ; et il loua Dieu et le remercia de l’avoir gardé en vie jusqu’à ce qu’il l’eût vue. Et c’est ainsi qu’il mourut entre les bras de la comtesse. Elle le fit ensevelir dans la maison du Temple de Tripoli, à grand honneur. Puis elle se fit nonne ce jour même, pour la douleur qu’elle eut à cause de lui et de sa mort.
 

 

 

 

jeudi 2 mai 2024

Avec le sourire

Un petit sourire STP - Drioton David



 

AUTEURS

Anonyme**
Nanou Auriol
Marilena Beltramo***
Christian Bobin***
Thibaud Bois
Jean-Claude Caillette**
Miloud Chabanne*
ChatGPT**
Maurice Couquiaud**
E.E. Cummings*
Jacques Darras*
Robert Desnos**
Lise Durand
André Frédérique**
Christopher Logue *
Marina Mariotti
Alice Mendelson**
Iman Ahmed Meslmani
Didier Metenier
Guy Mothe**
Louisa Paulin***
Jacques Roubaud, Oskar Pastior**
Svante Svahnström

Présenté par :
Didier Metenier *
Svante Svahnström**
Nicole/Jean Sibille***



 

ANONYME

Vive à jamais // l'empereur des Français
La famille royale // est indigne de vivre
Oublions désormais // la race des Capets
La race impériale // est celle qu'il faut suivre
Soyons dans le soutien // de ce Napoléon
Du Comte de Chambord // chassons l'âme hypocrite
C'est à lui qu'appartient // cette punition
La raison du plus fort // a son juste mérite 

………………………….

NANOU AURIOL

Un joyau

Dans le fond du tableau,
coule le fleuve Arno
serpentant dans les prairies d'Anchiano
où courait, enfant, Léonardo.
A ce bonheur, peint,
Il ajoute une belle Dame,
un voile noir sur la naissance des seins,
un doux regard pointé vers le lointain.
Il amorce alors, les lèvres, la bouche
qui retiennent tous les mots
imprudents, moqueurs, farouches...
Un si léger coup de pinceau
pour garder ce " petit sourire" énigmatique,
élégant, discret, mystérieux, pudique...
Vinci, aux doigts magiques
signe son tableau :
Mona Lisa, la Joconda.

…………………………………..

MARILENA BERTRAMO

DEMAIN

J’attends le soleil
Pour les jours
à venir,
le vent
qui pousse les nuages
au-delà de l’horizon,
les comètes
qui m’indiquent le chemin
l’arc-en-ciel
qui me le colore,
les lumières argentées
qui me l’éclairent.
J’attends le lendemain
Pour quelque chose de nouveau :
un sentiment
un sourire
un rêve…
Un espoir
Une vie
Entière à vivre.

 DEMAN

Speto lo solelh
Per lhi jorns
avenents,
l’aire
que pòrte las neblas
delai d’la vista,
cometas
que me mostren la via
arcs de Noè
que me la coloren,
clars d’argent
que me l’esclarsissen.
Speto lo deman
Per quarcòsa de nòu :
un sentiment
un soris
un suemi…
‘N’esperança
‘Na vita
Tota da viver.


Poesia Occitana sus AA.VV, Idea d’Oc
 Ousitanio Vivo ed.,1987

……………………………….

CHRISTIAN BOBIN


Lydie,
Tu riais. Tu disais des choses invraisemblables et justes.
Elles sonnaient contre l’air bleu comme une hache contre le tronc d’un arbre – et tu riais. La vérité est folle.
La vie est une fugueuse aux yeux verts de prairie.
Le chemin descendait à la rencontre d’autres chemins.
Un soleil sans cravate rôdait. Et tu riais.
Tu riais de tes propres pensées, de tes défaites éblouissantes.
Le rire est notre drapeau troué, celui que l’ennemi jamais ne nous prendra. […]
 Le rire vient aux filles comme le feu à la prairie.
Je te voyais rire, donner congé au Dieu du Vatican, ouvrir les bras au dieu émeraude de l’air.
C’est à cet instant que la vision s’est faite.
Tu riais, un arbre était ton témoin le plus proche et devant cet arbre, éclairés par un projecteur céleste, des moucherons allaient dans la lumière, montaient et descendaient, descendaient et montaient.
Ces moucherons étaient les notes d’une partition de Jean-Sébastien Bach. […]
 Sans doute j’étais au paradis où tout dansait, les cristaux du soleil, les insectes ivres du savoir de la vie brève, et toi, ton rire qui détruisait la mort, rouvrait dans le langage les grandes eaux d’une joie enfantine.
J’allais oublier la mousse. Importante, la mousse.
 Elle habillait luxueusement le bas de l’arbre, adoucissait le sort de quelques pierres bossues, granitiques sorcières. […]
Et voilà que le ciel reprenait ses couleurs, du sang remontait dans nos cœurs scellés – parce que tu riais, parce que les moucherons jouaient une partita pour sous-bois, parce que la verte charité des mousses apaisait l’ombre et le diable. […]
J’aurais aimé recopier les taches noires des moucherons sur le papier de l’air, j’aurais aimé faire ce sage travail de copiste, qu’ensuite des cordes, des cuivres, des alouettes de voix chantent et magnifient la cantate du bois plein d’ombres, et l’aigle du soleil planant dans ton rire, dans tes yeux, dans ton âme.
L’âme est ce qui résiste au monde et à nous-mêmes, ma belle.
L’âme, ce moucheron ivre de soleil et de musique savante, est un printemps qui passe et rit de passer,
une chansonnette de Jean-Sébastien Bach.

Christian BOBIN (1951-2022)
« Un bruit de balançoire », Lydie (extraits)
Éditions L’ICONOCLASTE (2017)

…………………………………………………………..

THIBAUT BOIS

Une éclaircie entre les nuages s'apprécie
Davantage qu'un jour de soleil ou de pluie.
C'est cette dernière qui le plus souvent
Accompagne les journées d'un Mendiant
Usité à la misère, et rompu au désespoir
De mourir quand personne ne veut vous voir.
Pas même le soleil, qui offrait à Diogène
Une raison, face à Alexandre, de marquer l'histoire
D'un saillie, d'un cynisme, propre et sans-gêne.
Non, ni soleil, ni Alexandre, mais un Garçonnet
Refusant, d'une année sur l'autre, de savoir
Que la joie de l'enfance, ici-bas, coexistait
Avec le malheur, du matin au soir.
Il entreprit alors, au carrefour d'une avenue,
De s'asseoir à son côté, lui offrant
Un sourire de toutes ses dents.
Même en constatant, qu'il n'en avait plus.
« C'est un maigre effort qu'il vous coûtera,
Mais une large récompense en découlera.
Patientez, attendez. Ah, le voilà ! »
Bondissant sur ses courtes jambes, l'enfant
Grimpa à un arbre proche où une voiture
Plus tôt s'était arrêtée, et patientant
Qu'en descende son Bourgeois, de haute roture
Manquant de noblesse pour y être né,
Mais pour cela, maudissait le monde entier.
D'une grâce léonine, notre Garçonnet
Chuta sur les chevaux, et cabrant leur posture.
Avec surprise, et à vive allure.
Ils cavalèrent dans tout le quartier.
Le Bourgeois les suivit, lourds de ses pieds
Mais léger de sa bourse, qu'un garnement
Crut bon de lui emprunter, sans consentement
Sachez appréciez de n'être pas le premier
Car rira bien qui rira le dernier.

…………………………

JEAN-CLAUDE CAILLETTE

BIGRE

Certes !
Certes !

Tu m’aimes !
Mais…

N’oublie pas d’acheter du pain !

………………………

MILOUD CHABANNE

Si j'ai les chevilles gonflées
C'est que je suis gonflé
Ce n'est pas que je me la pète
C'est que je suis poète...

« Le vantard » (extrait revisité), 31 Poèmes,

……………………………..

MAURICE COUQUIAUD

L’ARMOIRE

Chaque jour a son parfum de nébuleuse !
Je cache un parfum sous le linge
empilé par tes soins dans notre armoire
entre les draps brodés de minutes soyeuses
En les dépliant sur notre lit, sans le savoir
tu sèmes tous mes silences comme du grain
…emplissant la chambre et ses miroirs
de mon désir aux nœuds de chanvre
de ma tendresse au toucher de lin.

……………………………

E.E. CUMMINGS (traduction Didier Metenier)

for whatever you lose (like a you or a me)
i's always ourselves that we find in the sea...
 
#   (extract), 95 Poems
 
car quoi que nous perdions (comme un moi ou un toi)
c'est toujours à nous-mêmes                                                                                                                             dans la mer
que nous aboutissons...

……………

of this sunset...

(of these two most
early stars wincing upon a single
colour, i know only your hands
move more simply upon the evening

and à propos such light and shape as means
the moon, i somehow feel
your smile slightly is a more
minute adventure)

# 21 (extract), 58+58 Poèmes

de ce soleil couchant...

(de ces deux
premières étoiles oscillant à partir d'une seule
couleur, je sais seulement que tes mains
évoluent avec plus de simplicité sur le déclin du jour
 
et à propos sous une telle lumière et forme que veut dire
la lune, j'ai comme l'impression que
ton sourire légèrement est une plus
subtile aventure)

…………………………

JACQUES DARRAS

Attention le poème se lève...
le poème est dehors
le poème est derrière la vitre
on ne sait pas ce qu'il voit
on le saura à son retour
le poème revient
le poème ne s'éloigne pas...
le poème rentre
il a l'air d'un poème
qui a pris l'air...

« Position du poème » (extrait)

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ROBERT DESNOS

Notre paire quiète, ô yeux!
que votre - non - soit sang (t'y fier?)
que votre araignée rie,
que votre vol honteux soit fête (au fait)
sur la terre (commotion)

Donnez-nous, aux joues réduites,
notre pain quotidien.
Part, donnez-nous, de nos œufs foncés
comme nos part donnons
à ceux qui nous ont offensés.
Nounou laissez-nous succomber à la tentation
et d'aile ivrez-nous du mal.

……………………..

LISE DURAND

Je pense
Que je n'ai pas
D'humour.
Je déteste
La moquerie
Qui agresse
Et démolit.
J'adore
L'autodérision
Qui fait rire
Les bons
Et les cons.
Alors
Le petit sourire
Qui se moque
De ce que l'autre
Dit
Par ce poème
Je le détruis !
                                                 Toulouse le 8 mars 2024
…………..

Sourire
Pour ne pas pleurer ?
Je préfère
Rire
A gorge déployée !
De ce rire
Que reconnaissent
Tous ceux
Qui m'entendent
Et me connaissent...
De ce rire
Qui dit que je vis
Que j'existe
Malgré la tristesse
Le vent et la pluie.
Rire
Rire à l'infini
Avant
Que tout soit fini
De ce rire
Qui dit qui je suis !
Rire

……………..

ANDRÉ FRÉDÉRIQUE

Si vous avez la vue double
Si vous voyez à travers les choses
Si vous pensez avec tout le corps
Si vous rêvez à volonté
Si vous déplacez des cathédrales
Si les murs vous réfléchissent
Si votre ombre  de face a le sourire
Si vous peuplez tout seul la solitude du monde
Si vous criez des conseils à Dieu
Si vous criez adieu aux conseils
Alors vous êtes un humoriste.

……………………………

CHRISTOPHER LOGUE (traduction Didier Metenier)

When all else fails
Try Wales

To a friend in search of rural seclusion,


Toi qui veux t'fair' la malle
Pense au Pays de Galles

A un ami en quête d'une vraie mise en retrait rurale.

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MARINA MARIOTTI

Le sourire insistant

Touchée en plein cœur, je flotte et tourbillonne délicieusement.
Le chaos et la joie tour à tour résonnent,
Des milliers d’étoiles brillent de l’intérieur.
A cette force, comment résister ?
Tel le voile transparent qui s’anime au gré du vent léger, il s’élève.
Je lui dis non, mais il s’élève et ne peut s’effacer du coin de mes lèvres.
Je t’en prie, ne divulgue pas mon doux secret… il faut attendre.
Mais la joie vient de si loin ! Des temps anciens et de l’âme profonde.
Je t’en prie, ne trahis pas le murmure de la source vive,
Laisse- moi gouter à la saveur de la tendre promesse
Le bourgeon éclot doucement, il est déjà si présent !
Il est le Mont puissant et le ruisseau fragile.
Je t’en prie, cesse de fredonner le chant de mon cœur,
Je voudrais tant garder le mystère encore un peu pour moi,
Encore un peu pour nous…. Mais les yeux scintillent aussi,
Ils s’allient aux lèvres et révèlent l’indicible voulu.
Ta lumière, tendre Sourire, nous a trahit,
Tu étais trop grand pour ne pas jaillir sur le monde.
Alors, nous l’avons portée ensemble.
Elle s’appelle Aurore.

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ALICE MENDELSON

93 ANS (SUITE)

Je peux être amoureuse de qui je veux.
Plus aucun risque
Plusieurs ou quelques-uns.
Toujours, partout cette même chaleur. La joie d’exister
Serait-ce ne pas être amoureuse ?
Quel régal de m’en passer.
Partie, la peur d’être rejetée. Jouir seule de l’attirance.
M’en passer, d’amour, non ! Mais de verglas.


                                                       7 octobre 2018

…………………….

IMAN AHMED MESLMANI

Détails

Sur les chemins du matin
Un passereau gazouille les plus douces mélodies
Peu de passants le remarquent
Tes yeux le suivent
Tu souris
Un nuage blanc
Au milieu d’un ciel… d’une gelée bleue
Se pavane avec vanité et coquetterie
Te prodigue son ombre
Rares ceux qui s’y abritent
Une fleur des champs violette au bord du trottoir
Capte ton regard
Beaucoup la piétinent sans s’arrêter
Une fillette de cinq ans
Vend des mouchoirs en papier
A la dernière étape de ton périple
Et à la dernière friandise dans ton sac
Combien sont passés, sans friandise dans leur sac
Un jeune garçon et une jeune fille
Marchent hardiment
Ses doigts chuchotent aux doigts de la jeune fille :
approche-toi, et que fleurissent les nations
Les doigts de ta bien-aimée sont si proches
Ils attendent ces chuchotements
Pour qu’émerge son sourire en fleuve noyant d’amour
les passants jusqu’à la fin du jour
Bien peu s’arrêtent à ces petits détails
Bien peu en sont heureux
Bien rares ceux qui se sentent encore en vie.


عُصْفُورٌ صَغيرٌ يُزَقْزِقُ بِ أَعْذَبِ ا لأَلْحَان
قَليلٌ مِنَ المارَّة يُلاحِظُهُ
تُلاحِقُهُ عُيُونُك
تَبْتَسِمُ
غَيْمَةٌ بَيْضَاء
وَسْطَ سَمَاءٍ... مِنْ هُلامٍ أَزْرَق
تَتَبَخْتَرُ تِيهًا، وَغُنْجًا
تُظَلِّلُكَ
قَليلٌ مِنِ المارَّةِ يَنْعَمُونَ بِظِلِّهَا
زَهْرَةٌ بَرِّيَّةٌ بَنَفْسَجِيَّةٌ على حَافَةِ الرَّصِيفِ
تَخْطُفُ نَاظِرَيْكَ
كَثِيرُونَ يَدْهَسُونَها ويُتَابِعُون
صغيرةٌ في الخَامِسَةِ مِنْ عُمْرِهَا
تَبِيعُ المنادِيلَ الوَرَقِيَّةّ
عِنْدَ آَخِرِ مَحَطَّةٍ في مَسِيرِك
وآخرِ قِطْعَةِ سُكَّرٍ تَحْمِلُهَا في حَقِيبَتِك
كثيرونَ مَرُّوا، ولا سُكَّرَ في حَقَا ئِبهِم
شَابٌ وَشَابَةٌ
يَمْشِيَانِ بِعُنْفُوَان
تَهْمُسُ أَصَابِعُهُ لِأَصَابِعِهَا: أَن اقْتَرِبي، لِتُزْهِرَ ا لأَوْطَان
أّصَابِعُ حَبِيبَتِكَ قَرِيبَةٌ جِدًا
تَنْتَظِرُ تلكَ الهَمَسَاتِ
لِتَطْفُوَ ابتسامَتُها نَهرًا يُغرِقُ المارَّةَ بالحبِّ لآخرِ النَّهار
قَلِيلونَ يلاحِظُونَ تلكَ التَّفَاصِيل الصَّغِيرة
قليلون تُسعِدُهُم
نادرونَ ما زالوا يشعُرُونَ أنَّهُم على قيدِ الحَياة



………………………………………..

DIDIER METENIER



Toute espérance
fait sourire
à la vie

 à Andrée Chédid

En référence à  « La source des mots » , Rythmes
 éd. Gallimard (2003)

………

(Merci pour cet hommage/SS )

      Gare à la neige!
     
      C’est  un mois d’hiver
      La neige tombant sur l’épaule
      n’est pas pellicule.
                       Svante Svahnström

       … mais aussi, encore, la petite variante que voici :

      Nous sommes en hiver
      Et la neige qui tombe
      Sans bruit
      Sur nos épaules
      N'est pas que pellicules...

           Petit poème reconstitué de mémoire après
           écoute admirative du haïku de Svante

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GUY MOTHE

Pour garder un troupeau,
Éleveuse de moutons
Cherche à épouser
Berger allemand…

Le vendredi n’étant plus le jour des poissons…
Le phoque moine signale aux requins-pélerins
Qu’avec la diminution de la pratique religieuse,
Les saint-pierre ne célébreront plus la messe !

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LOUISA PAULIN   

ARIETTE

Elle chantonne, l’eau vive,
l’eau vive et rieuse,
car elle ne sait pas où elle va.
Nous ne pouvons pas le lui dire,
car nous ne l’entendrions plus rire,
plus rire ni chanter.   



AIROLET

 Cantoneja l’aigueta,
l’aigueta risoleta,
perque sap pas ont va.
O podèm pas li dire,
que l’ausiriam mai rire,
mai rire e mai cantar.

Loïsà Paulin
ÒBRA POETICA
Vent Terral (2015)
ARIETTE

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JACQUES ROUBAUD, OSKAR PASTIOR

 QU'ONT-ILS DONC?


L'arche est prête. Rien ne passe.
Les animaux, ça les agace.
Et le patron boit du Gaillac
Avec ce gros maniaque
Qui ne veut pas prendre sa place.
                       Qu'a Noé? qu'a Yak?

Ce vieux vagabond en guenilles
Et qui nous fait danser en rond
Toujours joyeux, toujours luron
                       Est-ce pas Drille?

Tmandou ne sait que faire
Avec tous ces hippies
Il pleure, il déblatère
Il crie des choz's impies
                       Qu'a Tmandou?

Suspendu à "geois de Calais"
Accroché à "bon-l'Archambault"
Et même aux basques de "la -Reine"
Privé de sens, privé d'amour
toujours idiot, parfois pas laid
Mais s'efforçant de porter beau
Il erre comme une âme en peine
                        Qu'a Lembour?

Bulaire a disparu
...... pu dans la rue
...... moi je désespère
Où est passé Bulaire?
                  Tu es pati Bulaire?

Certains sont auteurs Gallimard
du Seuil, de Minuit, de Fayard
du Théâtre Typographique
                 Mais qui édite Irambique?

Quelle manie de projeter sans provocation
Jour et nuit et dans n'importe quelle condition
Des objets variés sur les ministres du culte
                          Qu'a Tapulte?

Et le grand Fka, le sorcier qui lit dans le moka
Me semble tout déconfit en buvant son coca
                          Qu'a Fka?

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SVANTE SVAHNSTRÖM
 

Äta och knulla
andas barnens luft
läsa ett rim
titta på tevens allra mesta strunt
är det bästa poeten vet

Bara ordningen skiftar

……….

Jag kastrerar min gurka
skär tomaterna blodiga
flår min lök
och river öronen av mitt salladshuvud
Jag kastar dem i pepparmoln
jag stänker vinäger i såren
och salt på naket kött
baddar sen smärtorna med olja
En stillsam vegetarisk afton

Bouffer et baiser
respirer l’air des enfants
lire une rime
regarder à la télévision
les plus indigentes émissions
voilà les préférences du poète

Seul varie l’ordre
……..

Je châtre mon concombre
Je tranche les tomates jusqu’au sang
J’écorche mon oignon
et j’arrache les oreilles de ma tête de laitue
Je les jette dans un nuage de poivre
et j’asperge de vinaigre les plaies
de sel la chair nue
D’huile je badigeonne enfin les douleurs
Une tranquille soirée végétarienne

……

Une vie en rose

Sclérose
Névrose
Cirrhose
Nécrose

Sur un parcours ivre
néanmoins survivre
marcher sursitaire, ose !