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La tanière du lynx - Akseli Gallen-Kallela Finlande 1865-1931 |
AUTEURS
Paul Albarel*
Medhi Akhavân Sâles **
Thibaut Bois
Karin Boye ***
Charles d’Orléans ****
Chat GPT ***
E.E. Cummings *****
Lise Durand
Didier Metenier
Jacques Prévert *****
Viktor Rydberg ***
Edith Södergran ***
Paul Verlaine ****
Svante Svahnström
Présenté par
Jean Sibille *
Marina Mariotti **
Svante Svahnström ***
Nanou Auriol ****
Didier Metenier *****
PAUL ALBAREL (1873-1929)
SIMPLA CANSON |
SIMPLE CHANSON |
.......
AL CANTON DAL FÒC |
AU COIN DU FEU |
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MEHDI AKHAVÂN SÂLES (1955) poète libertaire d’Iran
HIVER
On ne répond pas à ton salut
Entre les épaules la tête est engoncée
Et nul ne la relèvera pour répondre aux amis
Ou les regarder
Le regard ne porte pas plus loin que les pieds
Tant la rue est sombre et glissante
Et si tu tends à quelqu’un une main amicale
La sienne restera soudée à son corps
Tant le froid est brûlant.
L’haleine qui sort de la poitrine
Devient un nuage opaque
Et dresse un mur devant les yeux.
Avec une telle haleine que peux-tu attendre
Du regard des amis proches ou lointains ?
O mon maître généreux et tolérant, sage en guenilles
Il fait un froid de lâcheté.
Que ton haleine soit chaude et gai ton savoir !
Toi au moins réponds à mon salut !
Ouvre-moi la porte
Moi, l’invité de chaque nuit, l’ivrogne mélancolique,
Moi, le caillou qu’un coup de pied a blessé
Moi la honte de la création, le chant discordant
Je ne suis ni blanc ni noir, je suis sans tâche* :
viens m’ouvrir la porte, le cœur me point
Hôte, mon ami, ton invité bien connu tremble comme l’onde
Derrière la porte.
Ce n’est ni la grêle ni la mort
C’est dans le froid des dents qui claquent.
Ce soir je suis venu régler mon ardoise
Devant le verre plein.
Que dis-tu ? Que la nuit est avancée ? Que déjà l’aube annonce
Le matin ?
Cette rougeur au ciel te joue un tour
Ce n’est pas le pourpre de l’aurore Ami**, mais l’oreille brûlée
Par le froid.
C’est le souvenir de la Gifle de l’hiver
Et la lampe malingre du ciel
Qui peut dire si elle est morte ou vit ?
Se cache sous l’épais linceul des ténèbres. Ami, vas-t-en allumer
La lampe du vin
Rien ne distingue la nuit du jour.
On ne répond pas à ton salut
Le temps est triste, les portes closes, les têtes engoncées, les
Mains cachées.
Haleine : nuage
Cœurs : las et chagrinés
Arbres : squelettes de cristal
Terre au cœur mort, plafond bas du ciel
Soleil et lune tout poudreux
C’est l’hiver
* sans identité
** « maître » ou « partenaire »
La poésie symbolique des années 1950-1960 en IRAN
………………………….
THIBAUT BOIS
La Naissance de l'Hiver
Quel fut donc le point de départ,
Du cycle des saisons, de notre histoire ?
Par quels jeux, par quelles affaires
Les Dieux furent saisis au début de notre ère,
Causant la fin des débuts, et le début des fins ?
Si tout est mystère dans l'Amour, celui-ci vient
À nous, guidé par la Folie, explique La Fontaine.
Elle frappa les Enfers, lieu de toutes les peines,
Où trônait Hadès, implacable quoique solitaire.
Sa quotidienne répétition s'écrivait en célibataire.
Contemplant par un certain pré, une jeune enfant
Perséphone de son nom, il voulut devenir son amant.
Ivre de désir, il s'empare de la belle
L'amène à son domaine, sans aucun autre rituel.
Déméter s'outragea face à telle offense,
Déméter coupa vie à toute les semences.
Hélios lui fit savoir, par-delà l'éther
Que sa fille fut ravie par son frère.
Chagrinée de ce mariage clandestin,
Le sort des récoltes touchait à sa fin.
Ayant passivement toisé le litige, Jupiter
Consentit à intervenir. Il descendit sous terre,
Sceller la querelle. Notre amante, curieusement,
Ne souffrait pas de son hôte. Cependant,
Elle goûta les mets de son époux, et fut contrainte
D'avec lui résider. Déméter se perdit en plaintes,
Que le fils de Cronos s'engagea à faire cesser.
Qu'elle demeure aux Enfers, pour un tiers de l'année,
Pour ensuite regagner les hauteurs des Dieux.
Chacune des présentes parties s'en accorda au mieux.
La nature s'articula autour de ce jugement,
Se répétant depuis lors, inlassablement.
Sans jamais ne permettre d'amoindrir,
Les détresses de la déesse. Ses soupirs
Sont autant de raisons à l'Homme d'épargner,
Qu'aux Dieux d'être sages pour régner.
La folie d'Hadès et les tourments de Déméter,
Nous condamnent encore, à connaître l'Hiver.
……………………..
KARIN BOYE Suéde (1900-1941)
NUIT D’HIVER
Neige durcie qui scintille et crépite.
Solitude, solitude, la nuit épandue sur les chemins blancs.
Une âpre soif m’emplit :
l’espace l’hiver.
Ne jailliras-tu pas bientôt à mes pieds,
eau profonde et froide comme la terre –
monde qui parfois me givre
et toi, ténèbre forte qui
dérobe mon étoile ?
Alors, vertige dur, vertige pur, tu noieras
les mensonges pourrisseurs, comme jadis, sans pitié.
Où es-tu amer océan
de glace et de vérité ?
…………………………………..
CHARLES D’ORLÉANS
Le temps a laissé son manteau...
Le temps a laissé son manteau
De vent, de froidure et de pluie,
Et s'est vêtu de broderie,
De soleil luisant, clair et beau.
Il n'y a bête ni oiseau
Qu'en son jargon ne chante ou crie:
« Le temps a laissé son manteau!
De vent, de froidure et de pluie, »
Rivière, fontaine et ruisseau
Portent, en livrée jolie,
Gouttes d'argent, d'orfèvrerie;
Chacun s'habille de nouveau.
Le temps a laissé son manteau
De vent, de froidure et de pluie,
Et s'est vêtu de broderie,
De soleil luisant, clair et beau.
…………………………..
CHATGPT
L’hiver est là, blanc,
Les flocons tombent doucement,
Le silence s’installe.
Les arbres nus, froids,
Attendent le printemps chaud,
Leurs branches frissonnent.
Le vent glacial souffle,
Les oiseaux cherchent refuge,
Dans leur nid douillet.
Les lacs gelés, figés,
La nature est endormie,
Le temps est suspendu.
Le feu crépite fort,
Les amis se réunissent,
L’hiver est chaleureux.
……………………….
DIDIER METENIER
un... un...
is la nonvie : même pas un
anybody ou la vie en sursis
when c'est pas n'importe quoi
only c'est pour n'importe qui
qu'importe lequel d'entre nous
one tant qu'il sera tout
seul
Traduction littérale du poème en anglais: un poème dans l'esprit d'E.E. Cummings
Cet état de « non-être » est celui de toutunchacun tant qu'il sera « tout seul »
………
fi de ce présent
ciel
sans fantaisie noc
turne
pas de soleil
pas de sun
pas de moon
pas de lune
pas de noone
non plus
et pas de tunes...
et avec pour
seule for
tune
ce lonely tune
En anglais :
sun - soleil
moon - lune
noon - (soleil au) zénith
no one - personne
noone - nèologisme cummingsien (intraduisible)
lonely tune - mélodie solitaire
Nota bene :
E.E. Cummings – poète américain (1894-1962)
.....
pas de
soleil
pas de
lune
peu de
rêves
et pas
de tunes
pas très bavard
et d'humeur taciturne
pas de rencontre en vue
pas de noone
sur les dunes
En anglais :
noon - (soleil au) zénith
no one - personne
noone - néologisme cummingsien à la confluence paradoxale
des proximités signalées ci-dessus... des proximités
tant lexicales et orthographiques, que phonétiques et même sémantiques !!!
(et comme tout néologisme bien senti...jusqu'à un certain point intraduisible)
..……………………..
JACQUES PRÉVERT
Chanson pour les enfants l’hiver
Dans la nuit de l’hiver
Galope un grand homme blanc
Dans la nuit de l’hiver
Galope un grand homme blanc
C’est un bonhomme de neige
Avec une pipe en bois,
Un grand bonhomme de neige
Poursuivi par le froid.
Il arrive au village.
Voyant de la lumière
Le voilà rassuré.
Dans une petite maison
Il entre sans frapper ;
Et pour se réchauffer,
S’assoit sur le poêle rouge,
Et d’un coup disparaît.
Ne laissant que sa pipe
Au milieu d’une flaque d’eau,
Ne laissant que sa pipe,
Et puis son vieux chapeau.
………………….
VIKTOR RYDBERG - Suède (1828-1895) traduction Svante Svahnström
TOMTEN - (11 strophes ) 1 |
LE LUTIN |
……………………………
EDITH SÖDERGRAN
MATIN DE NOVEMBRE
Les premiers flocons tombaient.
Là où les vagues avaient tracé leurs runes,
dans le sable du lit du fleuve,
nous avancions recueillis. Alors le rivage m’a dit :
Vois, ici tu t’es promenée, enfant, et je suis toujours le même.
Et l’aulne au bord de l’eau, lui aussi, est le même.
Dis, où t’es-tu promenée, à l’étranger,
où as-tu appris ces façons de malpropre ?
Et qu’as-tu gagné ? Rien.
C’est ici que tes pieds fouleront la terre,
ici est ton cercle magique et c’est des châtons des aulnes
que te viendront certitude et réponse aux énigmes.
Et tu loueras Dieu qui te permet d’entrer
dans son temple d’arbres et de pierres.
Et tu loueras Dieu qui a fait tomber le écailles de tes yeux.
Dédaigne toute vaine gloire
car désormais le pin et la bruyère seront tes maîtres.
Convoque les faux prophètes, les livres qui mentent
Pour que dans le val près de l’eau nous allumions un gai bûcher.
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PAUL VERLAINE
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SVANTE SVAHNSTRÖM
Le un franchit les méridiens
Partant de l’ultime Levant vers l’extrême Ponant
étreignant la Terre par la taille
les couleurs planent sur les fuseaux à travers la nuit
Nuit glacée mais nuit aussi d’été
devient palette en flammes
La nuit est sphère portant promesse
pour la veille en attente encore de mises en oeuvre
Devenant rideaux devenant barrières
se diffusent les fumées en spectrales graduations
Chromatiques éblouissements avec défilé de
tours de feu sapins d’éclairs boules d’étoiles éphémères
et comètes naines
ouvrent le ventre du vide vers son visible
Reflets sur les neiges
reflets sur les océans
Le un franchit les méridiens
déborde le trente-et-un
Sur les écrans de l’Humanité
s’embrasent
Wellington Port Moresby Thimphou Bichkek
Chișinău Vaduz Conakry Tegucigalpa
et scintillent
Nuit de clôture matin d’éclosion
accouchement du temps
où tout devient nouveau et rien n’est début
Cette nuit enfin où rien ne se passe de particulier
Saint-Sylvestre 2018
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